Avec la venue prochaine du film Black Panther, c'était à prévoir et Marvel ne déçoit pas. Ce moment de l'année où surviennent deux ou trois mini-séries, où le personnage vedette fait des caméos un peu partout et où des projets lancés en hâte raccordent plus ou moins avec l'essentiel. Ici, Long Live the King #1 est peut-être l'ouverture de ce qui sera, à terme, un bon titre. Mais pour le moment, c'est surtout une vaste blague pas marrante.
Première chose : le numéro est très beau. L'encrage est fin, les couleurs sont superbes, on se pose dans un Wakanda technologique avec une certaine envie, et les découpages rythment bien les moments de silence des premières pages. Maintenant, que se passe-t-il quand les personnages commencent à dialoguer ?
On entre alors dans un festival d'exposition, de répliques pré-conçues peu subtiles où la narration s'arrête pour tout expliquer. Le propos est trouble, le numéro est vide, l'intrigue aux abonnés absents pose de manière scolaire son élément déclencheur avec lourdeur (et ne propose absolument rien d'autre), et au cas où vous ayez oublié les enjeux usuellement prêtés à l'univers du héros, on vous rappelle quatre fois le métal précieux qui forme le sel de sa civilisation, en répétant Virabium un dialogue sur deux, juste au cas où.
Dans l'ensemble, c'est assez compliqué de parler de cette entrée en matière, vu la platitude d'ensemble. A peine le numéro commence qu'il se termine, sans qu'il ne se soit passé grand chose sinon la mise en place d'un enjeu inintéressant, peuplé de personnages inintéressants. S'il y a un sous-texte, il est caché, s'il y a un lien utile avec l'univers Marvel qui justifie ce spin-off, il est parti sans laisser d'adresses avant l'ouverture des imprimeries. Ce titre a le défaut, au-delà d'être plat (mais beau) : on en sent l'inutilité et la main d'oeuvre éditoriale qui commande, sans même opérer le moindre contrôle qualité avant la mise en rayon.
Puisqu'en définitive, avoir plus de Black Panther, tant mieux. On aura assez vanté l'intérêt du film pour son boulot utile de représentativité, à plus forte raison après l'année 2017 qui appelle plus que jamais le besoin d'un super-héros noir et d'une civilisation africaine supérieure technologiquement à l'occident judéo-chrétien. On n'est même pas contre le principe : quand le numéro Legacy du Punisher vient se placer à deux jours de la série Netflix adaptée, on ne se plaint pas, puisque l'éditeur aura en plus eu l'intelligence de ne pas faire correspondre les deux versions du brave Castle.
Ici, on en vient à se demander si le titre n'est pas destiné à un très jeune lectorat devant l'économie de dialogues et de scénario mis en place. La peinture du Wakanda évoque ce qu'on a pu voir des bande-annonces du film, colorée, fushia, fluo, stylisée façon Marvel Studios - à moins qu'il ne s'agisse d'une paranoïa personnelle. En attendant, ce numéro ne fait pas le job, et à part proposer un numéro #1 au lecteur qui pourrait avoir envie de découvrir l'univers, intrigué par la venue du film, c'est une lecture sans grand intérêt.
Black Panther - Long Live the King #1, c'est loin d'être bon ou même loin d'être utile. On regrette que l'artiste Andre Lima Araujo ait perdu du temps sur un titre dépourvu à ce point d'intérêt, vu la beauté de son trait ici gâché par une intention éditoriale manifestement malhonnête. On attendra le prochain titre, Rise of the Black Panther, en espérant que ce-dernier ne gâche pas de son côté le temps de Paul Renaud.