Cette semaine dans les kiosques, Chip Zdarsky et Jim Cheung repartent à la conquête d'un pan de l'univers Marvel mis sous silence pour d'obscures litiges de studio. Énormément de protestations auront été émises par les fans depuis ces dernières années, sur la tentative (avortée) de remplacer les X-Men par les Inhumains, ou de faire une place de moins en moins utile ou importante aux Fantastiques.
Ce type de conflits qui joue à une plus haute échelle, au-delà d'être un passionnant cas de comment le cinéma peut et ne doit pas impacter le medium comics, était déjà en train de se régler avant même que Disney n'avale la Fox tel Galactus avale les planètes. Two in One, le retour de Ben Grimm et Johnny Storm, dans un titre qui évoque les premiers temps de Marvel et devrait régler le retour annoncé du couple Richards et de leurs enfants.
L'ensemble est plutôt efficace, très facile et tout aussi prévisible. Soit Zdarsky ne fait pas d'efforts pour chercher plus qu'une série qui va de A à B et semble physiquement répondre à des attentes de fans par des dialogues utiles assez peu épais, soit l'auteur fait le choix volontaire d'ouvrir doucement la porte sans bousculer personne, dans un début d'arc qui, une fois encore, fait le taff, mais ne vole jamais trop haut. Ce qui n'en fait pas une lecture désagréable, loin de là.
Quelques scènes feront plaisir aux fans vrais des Fantastiques, en utilisant la nostalgie de ces personnages mine de rien fondateurs de tout l'ensemble super-héroïque Marvel, quoi que là encore on évite d'en faire des tonnes et c'est tant mieux. A un Spider-Man près, l'ensemble paraît plutôt déconnecté du reste des enjeux (on eut aimé que la quête des Richards prenne une direction plus englobante. Après tout, Marvel se gargarise bien de "revenir à son histoire" avec Legacy, mais semble assez peu concerné par l'équipe par laquelle tout a commencé).
Cheung fait de son côté un joli boulot, à l'image de l'écriture de Zdarsky : jamais renversant, toujours efficace, calibré, codifié, une vraie série de major qui oscille entre la qualité et le très attendu, finalement agréable à l'oeil et agréable à lire sans en espérer les sommets d'originalité pris sur l'esthétique de séries comme FF à l'époque de Michael Allred. Quelques moments accrochent tout de même la rétine, et si on aime ce style en particulier, le numéro est plaisant. Il manque peut-être, comme le scénario, d'un peu de prise de risques.
C'est en fait le constat général de ce Two in One #1 : selon les sensibilités, ce sera bien, vraiment bien, plutôt bien, ou bien sans plus. Rien ne déborde du cadre, rien ne surimpressionne ce qu'on savait déjà. On rentre dedans comme dans des chaussons, en sachant pertinemment les directions prises et l'exécution ciblée - au final, une bonne introduction d'une série mainstream correcte, agréable à suivre sans être mémorable ou susciter une réelle attente entre chaque numéro. Mais, hé, y a les Fantastiques. Vous êtes contents ?