Gerry Duggan n'aura pas copié longtemps l'écriture ou le style de Jonathan Hickman. Loin des enjeux cosmiques posées par l'Infinity Countdown Prime, ce premier numéro "officiel", sous-entendu, le "vrai numéro #1" (si vous pouviez arrêter de rire), n'est rien d'autre qu'un vaste tie-in aux Gardiens de la Galaxie. Rendant les deux précédents plus intéressants, plus denses et plus prometteurs dans leur perspective de vaste mode histoire dans un jeu de combat aux grosses proportions.
Vous aviez bien lu, et si vous commencez la série avec ce single, qui porte frauduleusement la marque des numéros #1, vous n'aurez sans doute pas compris. Déjà peu perméable aux non-lecteurs des Gardiens pour ce qu'il essaye de traiter, cette ouverture suit deux autres numéros, l'un consacré à Adam Warlock, l'autre aux Pierres d'Infinité. Ni l'un ni l'autre ne sont dispensables, et on se demande pourquoi Marvel n'a pas encore choisi de sacrifier ce gimmick malhonnête de mettre autant de numéros #1 que possible, jusqu'à en être au troisième d'affilée sur une série qui se suit dans la narration (cela dit, DC faisait la même chose avec Dark Nights et ses prologues). Peut-être que le prochain événement d'ampleur ne sera qu'une suite de numéro #1, et que la réelle numérotation sera écrite en toute lettre - imaginez, Fresh Start One #1, Fresh Start Two #1, tout un monde de possibilités ouverte aux spéculateurs et au banquier de Cebulski - bref, recentrons nous.
Puisque, si le cynisme est facile (mais rigolo), rappelons que la numérotation n'a pas de réel impact sur la série - et Gerry Duggan l'a bien compris, ne cherchant absolument pas à répéter ce qu'il a dit dans le numéro précédent pour les éventuels nouveaux entrants. On se retrouve donc avec un match opposant les Gardiens à une fameuse déité cosmique fan de jardinage et de druidisme céleste, avec une certaine évolution pour le personnage de Groot. De son côté, Drax mène le front contre les Raptor et les Chitauris, avec l'avalanche de combats et d'explosions qui en découle.
En soi, le numéro est extrêmement léger sur le plan de l'intrigue, seulement prétexte à un festival d'acrobaties bien animées par les enchaînements des cases. L'idée est réellement de replacer un contexte abandonné dans les derniers événements en date, avec peu de mouvements sur l'échiquier promis dans le Infinity Countdown Prime #1. Là où ce pan guerrier pourra se mêler à l'intrigue générale, la promesse de voir le Pymtron (ou le Ultrank, c'est comme vous voulez) casser du Super-Skrull et du Logan augmenté, on se contente d'une ouverture et d'une conclusion qui jouent le rôle de fil rouge. Et de comprendre que les Gardiens auront un grand rôle à jouer, avec un nouveau sidekick végétal qui ne s'encombre plus pour ressembler à la version ciné'.
En dehors de ça, on pourra noter que Gerry Duggan ne se prive plus pour dispenser sa dose d'humour habituelle - les dialogues sont assez légers, et le rythme participe à l'efficacité de l'action. Loin d'être dans le versant ultra-violent ou sérieux du cosmique de Prime, il est ici dans un terrain connu, un déroulé classique sur des combats bien exécutés, agréable pour les fans mais décevant si l'on espérait tenir la cadence d'un véritable cycle à l'ancienne, à la Jim Starlin.
Côté dessins, le constat est à peu près le même : classique, efficace dans l'action mais pas suffisamment marqué pour accrocher l'oeil ou justifier à soi seul l'achat du numéro. A vous de voir quel est votre style, quelques cases sont vraiment réussies, l'ensemble est dynamique mais on est loin de la grandiloquence promise sur les débuts de l'arc (qui se payait Mike Allred deux numéros plus tôt), en somme un numéro qui dresse un premier bilan : ne pas trop en attendre est encore le meilleur gage de sureté.
C'est cosmique, c'est la bagarre, c'est Infinity Countdown. Le numéro est d'envergure moyenne, sans relief, rien de quoi susciter une folie de consommation de votre côté. On est déçu après une entrée en matière plus sérieuse, de voir que tout ça sent au final assez bon l'esbrouffe et que les enjeux pourraient ne pas voler si haut.