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Suicide Squad : Hell To Play, plaisir coupable ?

Suicide Squad : Hell To Play, plaisir coupable ?

ReviewCinéma
On a aimé• Un Rated-R justifié
• Un joli roster de personnage DC
• Les vilains sont vraiment vilains
On a moins aimé• Histoire sans grande profondeur
• Un doublage (VO) limite
• L'humour ne fonctionne pas
• On attend toujours que quelqu'un comprenne Ostrander
Notre note

Malgré l'accueil critique qui lui a été réservée pour sa première mouture sur grand écran en 2016, la Suicide Squad reste populaire et DC Entertainment propose tout naturellement un nouveau film d'animation qui lui est consacrée. La différence avec ce qu'on a pu voir récemment, c'est qu'à nouveau, le film affiche un Rated-R, l'occasion de ne pas mettre de côté le principe d'une équipe de super-vilains qui n'hésite pas à faire de (nombreuses) victimes lors de ses opérations. Le problème, c'est que tout le principe du Skwad ne repose pas là dessus.

La séquence d'introduction de Suicide Squad : Hell to Pay est plus qu'encourageante. Passée l'habituelle direction artistique à laquelle nous sommes habitués, on a le droit à une ambance Suicide Squad qu'on n'avait vue que sur papier pour le moment. La violence s'affiche clairement : le film n'est pas là pour faire dans la finesse. Entre headshots et corps criblés de balle, les corps sont découpés (littéralement) en morceaux, les têtes explosent, bref : mettez vos enfants loin de tout ça. On se dit même, avec un curieux espoir, que le sort des membres du Skwad sera vraiment incertain, puisque tout le monde (ou presque) meurt dès l'introduction. L'envie d'y croire est donc là.


C'est alors qu'il faudra se poser la question de ce que l'on recherche, car en termes scénaristiques stricts, Hell to Pay déçoit par son manque d'ambition. L'équipe est envoyée par Waller (la version fine des New 52) pour récupérer une carte mystique, recherchée également par Vandal Savage et ses sbires - dont sa fille Scandal Savage - et par un troisième groupe de vilains. Le film va tourner autour de cet enjeu de récupérer ladite carte, avec les intérêts personnels de chacun qui empêcheront d'aller de l'avant et amèneront une multiplication d'affrontements, là aussi pour la plupart très violents - mais l'effet de surprise est déjà passé. L'équipe proposée pour cette quête tranche un peu avec celle vue au cinéma : si l'on retrouve (forcément) Harley Quinn, Deadshot et Boomerang, le casting préfère Copperhead à Killer Croc pour la composante "animale", et choisit Bronze Tiger et Killer Frost, un choix qui plaira aux lecteurs des comics d'Ostrander pour le premier.

D'ailleurs, dans le fan service, le film se montre assez généreux avec un roster impressionnant de personnages DC qui s'aventure assez loin du côté des seconds couteaux (Punch & Jewelee), tout comme du côté mystique avec un Dr. Fate assez curieux, et quelques références à certains comics assez surprenantes. Mais comme souvent, cet ensemble de cadeaux pour appâter les connoisseurs ne suffit pas à cacher l'ensemble assez pauvre. Si l'on peut aimer ce jeu de pouvoir entre trois groupes et les retournements de situation qui s'enchaînent assez vite, les personnages ne profitent pas d'une bonne écriture, sont par souvent sacrifiés sans grande justification, et les quelques tentatives d'humour (à base de one liners) tombent à plat. Le tout n'est pas aidé par un doublage peu convaincant. Quelques voix sont reconnaissables (Tara Strong est Harley Quinn depuis des années), et permettent d'entendre le peu d'entrain des comédiens de doublage. Ce qui n'aide évidemment pas à rentrer dans le film.


De même, et on y revient à chaque sortie de film animé DC, la technique n'est franchement pas mirobolante. On peut déjà trouver quelque chose à redire au chara-design, les personnages adoptant des traits très carrés, et le manque de finition global que ce soit sur les personnes ou les décors, vides. L'animation se contente du minimum de fluidité et ne fait pas le poids face aux cadors du genre (on pense déjà à Batman Ninja, plus impressionnant rien qu'avec ses trailers). On peut comprendre que DC Entertainment et Warner Bros. Animation veuillent à la fois faire vite, pour tenir le nombre de films par an, et s'en tenir à la direction artistique lancée il y a quelques années avec Flashpoint Paradox et Justice League : War, mais une évolution serait vraiment bienvenue.

Puisque nous sommes dans une industrie de divertissement, il conviendra d'être honnête : Suicide Squad : Hell to Pay n'ennuie pas. Si l'intrigue au final ne passionne pas, le film, par sa violence exubérante et son action envolée, conviendra à qui recherche un moment de pause dans sa semaine. Il répond très bien au principe de plaisir coupable, en quelques sortes, emphase sur le mot "coupable". Car si ce film colle au final assez bien avec le no brainer proposé en période New 52, on en vient à se demander si quelqu'un se souvient chez DC de l'orientation de cette équipe lorsque John Ostrander l'a re-créée (on oublie la version Golden Age de Kanigher, merci). Tout le discours politique de l'équipe, son implication dans les affaires étrangères par les US, tout passe à la trappe au profit du côté violent des méchants et de la disposabilité de ses membres. Et si votre rédacteur ne rechigne pas devant des "purs divertissements", il pense aussi qu'on peut être "divertissant" sans être bas du front. Mais pour cela, Hell to Pay aurait sûrement besoin de plus de temps et de plus d'ambitions. Et c'est ce qui lui manque en l'état.

Si vous souhaitez voir la Suicide Squad ultra-violente du début des New 52, et avoir une bonne dose de fan service, alors vous ne rechignerez pas à regarder Suicide Squad : Hell to Pay. Le film se montre divertissant et exploite graphiquement son Rated-R, mais n'ira pas vraiment plus loin. Une histoire assez basique, une écriture simple (got it ?), l'animation toujours assez moyenne et un doublage peu convaicant (en VO) viennent ternir un film somme toute pas désagréable. A voir si vous avez quelques euros à lâcher pour la version numérique - ou si vous préférez attendre quelques jours pour la sortie Blu-Ray/DVD.

Arno Kikoo
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