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Tortues Ninja et Hamsters Ceintures Noires :  l'épopée des parodies

Tortues Ninja et Hamsters Ceintures Noires : l'épopée des parodies

chronique
Au tournant des années 1980, le boom des Tortues Ninjas dans l'édition américaine fait quelques envieux. L'époque est alors à la prolifération : la spéculation explose, les collectionneurs recherchent en masse des numéros #1 susceptibles de prendre en valeur et les libraires commandent en masse des séries à bas prix dans l'espoir d'un succès surprise. 
 
La méthode profitera aux TMNT, et fera le succès d'Eastman et Laird, un véritable phénomène parti de rien et si simple dans son concept que tout le monde s'y précipitera. Ce malgré une qualité de papier, une impression noire et blanche et un dessin encore assez peu exigent - la preuve pour toute une série d'auteurs attentifs que la porte n'était pas si dure à pousser.
 
Les Tortues n'auront en fait jamais cessées d'être parodiées. Juste retour des choses, pour ce qui n'était au départ qu'une blague entre amis et une parodie punk et sanglante de Daredevil et Ronin, dont elles reprenaient les codes, les ninjas, les rues sans loi d'une New-York quasi post-apo'. A l'époque des crêtes roses et des paires de lunettes fumées (même en pleine nuit), les Tortues auront largement inspiré toute une batterie de copieurs, qui auront indirectement précipité leur déclin. Tout commence par quatre hamsters d'enfers, à Shaolin.

Adolescent Radioactive Black Belt Hamsters, 1986


 
1977. Une masse informe et extra-terrestre s'approche de l'atmosphère terrestre. La NASA, toujours dans les bons plans, envoie une navette spatiale chargée d'explosifs nucléaires dans cet étrange visiteur, afin de le faire exploser. Pour activer la bombe, quatre hamsters entraînés qui mèneront leur mission à bien. Et si vous commencez à interroger des variables de logique à l'énoncé de ce pitch : tout est ici une parodie assumée, jusqu'à la cover, qui reprend la composition de celle du premier TMNT. En quatrième de couverture, quelques verbatims de noms parodiques : Kevin Beastman et Peter LardSanta Klaus Janson et un certain Wilt Simonsen
 
Les Adolescent Radioactive Black Belt Hamsters démarrent comme un spoof assumé des Tortues scénarisé par un certain Don Chin. En noir et blanc et moins premier degré que leurs acolytes à sang froid, la parution se fait chez l'éditeur Eclipse, qui devait sans doute se dire à l'époque qu'après tout, ça pouvait se tenter.
 

 
Après avoir fait exploser la menace alien, les rongeurs infectés s'écrasent en Chine, seront élevés par des maîtres du kung-fu et de la méditation zen, avant de revenir à la ville appliquer leurs enseignements. Ce qui se résumera, grosso modo, à fracasser des types en série. Chacun s'appelle comme un héros du cinéma d'action ou de kung-fu populaire à l'époque : Bruce, Clint, Jackie et Chuck. Faites les liens tout seul.
 
La série ARBBH est considérée comme l'instigatrice d'une mode, les rip offs des Tortues avec l'éternel titre à rallonge qui parodie le moindre élément de l'acronyme TMNT. La différence sera que cette première expérience (en plus d'être la plus longue à ce jour, Dynamite la relancera même pour un second volume) était plutôt drôle et enrichie de quelques extras vraiment intéressants. A l'image de Clint : Hamster Triumphant, une mini en deux grandement inspirée par le travail de Miller, une énième fois. D'autres moins valeureuses viendront ensuite, pour le souvenir d'une époque qui publiait à l'aveugle un peu trop souvent. 

1986, année du forcing


 
En 1986, quelques mois après l'apparition des Hamsters, une autre série voit le jour avec un titre tout aussi accrocheur : Pre-Teen Dirty-Gene Kung-Fu Kangaroos. Là-encore, une esthétique punk, une affluence asiatique, une cité "moderne" à l'ère des années 1980 et des kangourous qui font du skate dans des rues pleines de malfrats et de drogués, cette parodie éditée par Blackthorne ne durera de son côté que trois petits numéros. On la retient particulièrement pour l'aide que Peter Laird, pas du tout inquiet de ce type de plagiats, apportera au créateur Lee Marrs sur les découpages. Pire, Leonardo fera même un caméo dans le numéro #1, une véritable consécration.
 
La même année, les Geriatric Gangrene Jujitsu Gerbils viendront à leur tour plagier les Tortues, avec de moins en moins de subtilité : quatre vieilles souris malades un rien dégueulasses, opposées à un grand type en couche-culotte baptisé Samurai Sam. La série avait même sa propre April O'Neil, dans une version bien plus sexualisée que la scientifique/journaliste d'Eastman et Laird. Là-encore, trois numéros seront édités. Dernier de la liste de 1986, les Mildly Micro-Waved Pre-Pubescent Kung Fu Gophers viennent enfoncer le clou de l'escroquerie, vide de sens et de qualité artistique une fois la jolie couverture repliée. 
 

 
On retrouvera ensuite des parodies de moins en moins second degré et de plus en assumées dans l'escarcelle de l'opportunisme éditorial - s'il y a des miettes à grapiller, autant y aller à fond. Ainsi apparaîtront, pêle mèle :  les Cold Blooded Chameleon Commandos, qui joueront moins sur les arts martiaux que sur la mode des actionners de l'époque. Puis, les Naive Inter-Dimensional Commando Koalas, quatre frères marsupiaux transportés à New-York enrôlés par le gouvernement pour combattre le lobby du pétrole. La série X-Mutants sera un temps sollicitée en Ex-Mutant Teenage Samurai Humans, une sorte de blague méta sur les Tortues et la dernière de 1986 à capitaliser sur le succès insolent des ninjas et des mutants engendrés par Daredevil et les New Mutants
 
A l'ombre de ces souvenirs, qui passent aujourd'hui pour de sympathiques blagues revenues du passé, la vérité des libraires est toute autre. Les plagiats, commandés en masse dans les comic shops et ne prenant pas auprès du lectorat, voient l'érosion rapide du marché des indépendants que les Tortues avaient dynamisé quelques années plus tôt. Pire, là où tout le monde attend le "nouveau TMNT" et où les observateurs continuent de parier sur l'effet de mode, les ventes de la série principale décroissent peu à peu et peineront à se relever sur la fin des années 1980.
 
La bouée de sauvetage des Tortues dans les kiosques sera le succès phénoménal de l'animé de 1987, puis des films assortis. Le concept (génial) des chevaliers d'écaille continuera cependant à faire recette, cette fois directement dans l'animation

Des Souris et des Sharks

 
Les années 1990 sont notoirement connues pour avoir servi de vaste dépotoir culturel du côté de l'animation - énormément de choses étaient fantastiques, énormément d'autres non. Les Tortues Ninjas crèvent l'écran en 1987, réinventent tous leurs codes et donnent au spectateur une imagerie à jamais ancrée de ce qu'elles sont, depuis les couleurs de bandeaux au dirigeable estampillé.
 
Mettre en chantier la production d'un dessin animé coûte cependant plus cher qu'un comics en noir et blanc, et mobilise une équipe plus large, avec plus d'argent en jeu. Aussi, les TMNT n'inspireront pas de copies carbones aussi manifestes et gratuites que leur déclinaison papier - on en retrouvera cependant quelques codes. Le premier était cette capacité à rendre cools, actuels et pertinents une équipe de héros animaliers auprès de la jeunesse. Voir quatre ou cinq frères combattre ensemble, chacun avec un style identifiable et un caractère identifiable et propre à son époque.
 
A ce titre, le spoof le plus évident reste bien entendu Street Sharks : Des Requins dans la Ville, dont le sous-titre annonce clairement la couleur en reprenant les paroles de l'animé TMNT. Cette série animée de 1994 présente un scientifique, le Dr Bolton, qui a décidé de faire progresser le savoir de l'humanité et de faciliter la vie des ménagères avec un appareil qui permet de combiner l'ADN de l'homme avec celle du poisson, et de faire muter à l'envie des requins en créatures anthropomorphes. Merci docteur.
 

 
La machine est détournée par un vil vilain malveillant - Luther Paradigm, qui mutera de son côté en pirhana - et ainsi naquirent les Street Sharks, qui sont quatre, qui sont cools et qui n'aiment pas les pizzas mais raffolent de burgers. Ils ont aussi leur véhicule, et coïncidence curieuse, auront aussi une ligne de jouets à promouvoir pour le plaisir de parents aquaphiles. 
 
Les Street Sharks donneront lieu au spin-off Extreme Dinosaurs, qui évoluera selon les mêmes codes. On pourra aussi citer les Biker Mice from Mars - co-produits par Stan Lee, pour l'anecdote - où trois frangins souris, motards et martiens viennent défendre la Terre de la menace alien qui a attaqué leur propre planète. Cela étant, cet exemple est infiniment plus relatif, mais difficile de savoir s'il aurait été mis en production sans les Tortues pour défricher le terrain auparavant. Les Tortues auront ensuite leur propre spin-off avec les Mutanimals, dans la même idée.
 
On retrouvera aussi (au Japon) les Samurai Pizza Cats, aux Etat-Unis les Creepy Crawlers, les Cy-Boars, les Stone Protectors et les Wild West Cows. Warner et Disney tenteront même leurs propres parodies avec d'un côté les Immature Radioactive Samurai Slugs chez les Looney Toons, et les Mighty Ducks du côté du bestiaire des canards. Bien évidemment, personne n'oublie les BattleToads, indispensable beat them up calqué sur les Tortues, et un peu plus tôt, les Cheetahmen de la NES. 
 
On peut ainsi dresser de grandes lignes - qu'est ce qui aura à ce point plu, qu'il faille tellement imiter chez les TMNT ? Dans l'édition, le constat était simple, mais dans l'animation destiné aux enfants, les formes ont été plus variées. Généralement, on peut résumer ça à une bande de frères, ou d'amis, avec des codes couleurs et des caractères bien identifiés. Forts à la baston, avec le marrant, le courageux et le grognon, dans des villes pleines de ninjas, de tags et d'égoûts suintants. Des robots, des bonnes pizzas, une sorte de parabole sur les après-midi chocapic avec les copains en rentrant de l'école, où chacun pouvait se choisir un préféré et où l'équipe jouait le rôle de super-grand frères qu'on aurait tous aimé être. 
 
Pour les marchands de la culture, avoir son équivalent des Tortues était l'assurance de développer une série de jouets associés, de costumes et de gadgets. Un pari intéressant à tenter, peut-être même que vous vous êtes faits avoir, qui sait. Vous avez fouillé votre coffre à jouets dans le grenier parental, récemment ?
 

 
Bref, sur la durée, bien trop d'héritiers plus ou moins propres pour être analysés en détails - tous ont leur histoire et leur degré d'honnêteté, avec des hauts et des bas. La dernière parodie en date des TMNT renoue cependant avec la tradition lancée par les Hamsters : un comics d'humour qui rend hommage plus qu'il ne moque l'idée d'origine, les Genetically Modified Punk Rock Pandas de Brad Dwyer
 
Vous pouvez retrouver les huit premières pages à cette adresse, avec un découpage qui reprend au millimètre celles du premier numéro de TMNT par Eastman et Laird, vingt-huit ans plus tard. Pour le reste, rendez-vous ci-dessous pour la galerie des clones - parfois touchants.
 

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Corentin
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