On pourrait presque se passer de faire un long écrit et simplement vous dire de vous ruer au comic shop le plus proche de chez vous pour embarquer un numéro de Death or Glory #1 (et un second pour en faire profiter une personne chère). Mais l'exercice nous oblige à y mettre un peu de forme et de fond. Allons donc sans tarder vous expliquer pourquoi le nouveau Rick Remender est à la hauteur des attentes qu'il a pu susciter.
Loin des univers de fantasy ou de science-fiction que l'auteur a pu développer ces dernières années, Remender se poser avec Death or Glory en Arizona, pour une intrigue qui sent bon l'asphalte, les criminels, et l'art de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Glory, l'héroïne, a été élevée un homme, Red, dans l'amour du voyage, de la conduite et de la liberté que les véhicules permettent, dans une forme de rêve américain aujourd'hui oubliée. Quand ce dernier se retrouve mourant, et avec un impératif de temps immédiat, Glory se prépare à commettre un acte qui va l'entraîner là où elle ne s'y attend clairement pas. Et le lecteur non plus.
On restera cryptique volontairement. C'est pour ne pas dévoiler les nombreux éléments développés par Remender dans ce premier numéro, généreux par sa double pagination pour laisser le temps de mettre en place son histoire sans qu'on ne reste sur sa faim. L'auteur profite d'une écriture acérée pour dépeindre, en quelques répliques à peine, des personnages très marqués. Que ce soit Glory, personnage fort mais qui possède ses moments de vulnérabilité, un duo de flics pourris, ou une figure patibulaire qui marque dès la scène d'introduction, glaçante à souhait - et sans jeu de mots, comprenne qui pourra. Chacun possède une personnalité affirmée qui invite le lecteur à aller s'intéresser à eux.
Death or Glory #1 a quelque chose d'immédiatement cinématographique, et on le doit au travail de notre frenchie Bengal, qui livre un travail magnifique - alors que les notes en fin de numéro indiquent qu'il n'en est qu'à l'échauffement. On retrouve dans son trait une aisance à dessiner ses personnages, à mettre en avant Glory et à accompagner son aventure, notamment dans la composition des cases. Si Death or Glory était un film, on retrouve en Bengal le parfait réalisateur. Les angles, le découpage, tout est fait pour savourer séquences après séquences cette histoire, qui alterne entre action dynamique et scènettes plus intimistes.
Dès la couverture, une certaine idolâtrie de la voiture est annoncée, puisque Remender est transparent là dessus, et veut donner à son titre une âme particulière, où l'engin devient à part entière élément du scénario - et pas que sous la forme de voiture, par ailleurs. C'est là aussi extrêmement bien fait (alors que votre rédacteur n'a pas de vraie sensibilité à ce sujet au départ). Certaines planches sont à cet égard à couper le souffle, et le dynamisme dans les scènes de course poursuite se ressent jusqu'à sentir la route vibrer sous ses pieds au cours de la lecture.
Là où Death or Glory #1 fait donc particulièrement fort, c'est qu'il nous rappelle tout ce qu'on aime dans le comic book, instantanément. On ne pourrait pas dire, à un seul numéro, que l'histoire est renversante et que tout sera parfait du début à la fin. Mais le travail de Bengal sur ses planches est franchement irréprochable, et Remender assure tout ce que l'on attend d'un numéro #1 : une histoire accrocheuse qui sait emmener son lecteur de surprise en surprise ; des personnages attachants et des dialogues placés comme il faut ; une ambiance de genre qu'un Tarantino ne renierait pas ; et des thématiques sous-jacentes qui ancrent définitivement Death or Glory dans la société qu'il l'a vue émerger.
On voulait titrer de Death or Glory #1 qu'il s'agit d'un démarrage sur les chapeaux de roues. En une quarantaine de pages, Rick Remender installe ses personnages, ses thématiques, ses influences et une histoire accrocheuse et surprenante. Une ambiance de cinéma bis, en véritable amour aux bagnoles et courses-poursuites propre au cinéma d'action américain, que Bengal met en oeuvre de la plus belle des façons. Coup de coeur immédiat, cette introduction sait faire tout ce que l'on peut attendre d'un premier numéro. On y retourne dès le mois prochain.
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