La journée est décidément pleine de surprises : après avoir fait avancer le cas James Gunn et le développement de The Batman, les grands médias de la presse spécialisée aux Etats-Unis évoquent l'état du chantier super-héros chez Sony. Variety partage un assez long rapport des projets en cours au sein de cette multinationale, dernière détentrice de personnages Marvel avec Disney après le rachat de la Fox. Précisions : l'organe de presse ne spécule pas, il s'agit bien d'informations volontairement lâchées par Sandford Panitch, président de Columbia Pictures (studio du groupe Sony).
Première information, ce partenariat entre les deux studios concerne à l'heure actuelle 900 personnages (!) du très petit au très grand.
Sony se sentirait assez confiant envers son
Venom et plancherait déjà sur une franchise, ce que nous savions déjà. Plus intéressant :
le film Silver & Black est bel et bien annulé, et pas forcément parce que le projet n'était pas vendeur au départ. Au contraire.
Le studio estime que
Silver Sable et
Black Cat sont en effet assez intéressantes pour porter leurs propres aventures en solitaire, dans deux films
stand-alone. La réalisatrice de
Silver & Black,
Gina Prince-Bythewood resterait productrice sur ces deux projets, et réalisatrice d'un futur film
Sony éventuellement. Le détenteur des droits de
Spider-Man tient à cette idée de diversité au sein de ses personnages et de ses collaborateurs et collaboratrices, quitte à miser essentiellement vers ce nouvel horizon dans lequel s'engouffrent plusieurs grands studios hollywoodiens.
A ce titre,
Variety rapporte (et confirme pour certains)
que des films Silk,
Jackpot et Nightwatch sont également prévus (en plus, donc, de
Venom 2 et
Morbius). Présentations pour ceux qui ne sauraient pas : inventée récemment,
Silk est une héroïne née du
run de
Dan Slott d'origine coréenne. Elle aura été mordue par la même araignée radioactive qui avait donné ses pouvoirs au héros de
Stan Lee et
Steve Ditko, dans une
retcon pure et dure du scénariste.
Silk a depuis eu droit à des publications en solo'.
Personnage plus complexe, Jackpot est une autre invention de Slott. Héroïne que le Tisseur prend d'abord pour Mary-Jane (parce que : rousse, elle flirte et dit "tiger" constamment), elle aura revêtu deux identités. La première est une scientifique mère de famille qui aura obtenu ses pouvoirs suite à un accident de laboratoire, la seconde est une fan qui aura récupéré le costume et l'identité de cette héroïne par amour pour elle.
Enfin, Nightwatch est une création plus ancienne qui remonte à 1993, inventé par Terry Kavanagh, Alex Saviuk et Joe Rubinstein. Il s'agit en résumé d'un scientifique qui assiste à la mort d'un héros costumé, tombé en affrontant de vils terroristes. En découvrant le corps, ce personnage va s'apercevoir qu'il s'agit en fait d'une version de lui venue du futur, et va tenter de se protéger de ce trépas à venir, avant de comprendre ce qui l'aura mené vers cette envie d'héroïsme. Le design de Nightwatch évoque le Spawn de Todd McFarlane et autres héros des années '90, et comme Al Simmons, il s'agit d'un personnage noir dans sa vie civile.
A priori, trois héros plutôt mineurs vis-à-vis de la rogue gallery du Tisseur ou des nombreux Spider-Men à être éventuellement adaptables par Sony (on penserait à 2099 ou au Spider-Man Noir mais comment savoir ce que Marvel Studios se réserve à soi ?), mais que le président de Columbia Pictures explique comme une nécessité pour aller vers une diversité qu'Hollywood aura longtemps attendu. On retrouvera à la production de ces projets Amy Pascal, Avi Arad, Palak Patel et Panitch supervisent ces différents projets, sans réel chef de file façon Feige ou Walter Hamada, ce qui pose pas mal d'interrogations.
Le fait est que
Sony se lance actuellement dans le grand bain, avant même d'avoir pu mesurer l'accueil critique et public de
Venom - projet qui soulève déjà de vives critiques au sein des fans et de certains éditorialistes. Avec sept films à l'étude (
n'oublions pas Kraven) avant même d'avoir les résultats de cette première expérience, on pourra questionner le bien fondé de cette envie d'aller trop vite - dans un univers qui, on le rappelle,
n'a pas de Spider-Man pour fédérer ces vilains autour d'un motif commun.
Difficile de ne pas être un minimum circonspect sur cet appui de franchise - les studios qui ont cherché à aller trop vite pour surfer sur l'engouement économique créé par Marvel Studios ont pour le moment généralement échoué à reproduire le modèle. A voir si Sony s'en tire mieux : encore une fois, tout dépendra de la qualité des projets.