Lorsque Marvel organise son opération Legacy, outre la volonté de remettre en avant ses super-héros classiques sans laisser les nouvelles têtes de côté, s'organise aussi la venue de quelques séries qui empruntent à certaines publications un titre passé pour proposer une variation moderne sur une idée similaire. Spirits of Vengeance, qui devient les Esprits de la Vengeance, fait partie de ceux là. Et c'est une relecture plutôt bien trouvée.
L'idée dans cet ouvrage, qui nous arrive dans la collection 100% Marvel de Panini, est de proposer une aventure à Jonhny Blaze, le Ghost Rider original (pendant que Robbie Reyes reste le héros du titre régulier consacré au Rider), dans une pure veine d'action démoniaque sortie tout droit des films de fantasy urbaine des années 2000. Mais si cette image peut vous faire peur, le mélange est réussi avec la proposition de Victor Gishler, qui orchestre un team-up entre le Rider et Blade, Satana et Hellstorm, sous fond d'intrigue biblique, et complots à base d'anges et de démons qu'un Dan Brown ne renierait sûrement pas.
Puisant dans les écrits saints, Gishler reprend en effet les pièces d'argent qu'a reçues Judas en trahissant Jésus pour en faire la source d'une arme surpuissante, capable de mettre fin à la trêve que s'accordent Paradis et Enfer, et menant à la possible destruction de la Terre. L'une des pièces d'argent est manquante pour terminer l'arme, et sert donc de McGuffin idéal pour une histoire qui se révèle dynamique, et pleine de rebondissements. Le déroulé en lui même reste assez attendu, épousant des codes typique pour ce genre d'histoire, mais c'est la destination qui importe plus que le voyage.
Gishler adopte en effet un ton qui alterne dans le sérieux et l'humour, si bien que l'enjeu n'a pas tant d'importance. On l'apprécie au sein de ce récit complet plus pour le vecteur permettant de rassembler les différents personnages, avec des interactions à la fois vives, et qui donnent à l'histoire un côté qui ne se prend pas au sérieux bienvenu. Les différentes altercations donnent à chacun l'occasion de briller et de montrer l'étendue de ses pouvoirs, les lieux visités mêlent lieux de perdition et imagerie mythologique, et l'on doit le plaisir à ce voyage en particulier grâce aux dessins de David Baldeon.
L'artiste espagnol signe en effet une très jolie prestation tout le long des cinq numéros de cette mini-série, avec en bonus ses recherches pour les designs dans lesquelles il expose ses références visuelles, qui forgent l'identité visuelle, moderne, du titre tout en s'inspirant de classiques. Du look de Ghost Rider en passant par l'apparence des démons, empruntée aux Cénobites d'Hellraiser, Baldeon puise à foison dans l'imaginaire horrifique et fantastique associé aux mythes de l'Enfer et du Paradis, pour un résultat on ne peut plus réussi lorsqu'il se mélange aux héroïnes et héros de l'univers Marvel. Comme dans ces productions d'action auxquelles on faisait référence plus tôt, les protagonistes de l'histoire transpirent le cool et l'attitude bad-ass, avec un léger côté cartoony donné par le trait de Baldeon, sur des visages bien expressifs.
Un trait qui profite d'un encrage (numérique) à l'utilisation habile, notamment pour les aplats de noir lorsqu'ils sont utilisés en négatif pour certaines créatures démoniaques. Les décors témoignent aussi d'une certaine imagination de l'artiste, mais là où Les Esprits de la Vengeance trouve sa grâce visuelle, c'est avec l'utilisation des couleurs d'Andres Mossa et de nombreux effets numériques, qui accentuent la démesure de l'action, les effets pyrotechniques étant balancés avec joie, avec de grands moments de bravoure visuelle. Explosifs, les dessins en mettent donc plein les yeux et sont un argument solide pour vous inciter à aller découvrir le tout.
A côté des grosses productions du genre, Marvel nous emmène donc du côté de ses héros liés à la partie mystique et biblique de son univers, pour une histoire en stand alone diablement réjouissante. Empruntant les codes de films d'action des années 90-2000 sans se prendre au sérieux, le voyage détonne par un travail endiablé de David Baldeon, et une dynamique de groupe qu'on prend plaisir à suivre, même si l'on n'est pas familiers des personnages. Une bien jolie surprise pour se détendre, que ce soit en période estivale ou non !
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