C'est au cours de la 26e édition du salon Paris Manga & Sci-Fi Show que nous avons pu profiter de la présence de l'actrice Laura Vandervoort pour aller lui poser quelques joyeuses questions. Interprète de Kara Zor-El dans la série Smallville, l'actrice n'aura jamais été très loin des super-héros, de la pop culture ou des adaptations de comics, puisqu'après être apparue en vilaine dans Supergirl, on la retrouvera prochainement dans la série V-Wars, adaptation du comics éponyme paru chez IDW, à venir sur Netflix.
Plusieurs années ont passé depuis la fin de Smallville, et maintenant les super-héros sont partout sur le petit écran. Qu'est-ce que ça fait d'avoir fait partie, si on peut dire, du précurseur d'un âge moderne des super-héros à la TV ?
C'est quelque chose de très agréable. Je pense vraiment que Smallville en tant que tel a été la première de son genre à la télévision. C'est chouette de voir aujourd'hui que nous avons plus de séries de la sorte sous les projecteurs, avec des super-héros et des super-héroïnes. Ça a été bien de pouvoir jouer la première Supergirl à la télévision, et je suis fière de voir qu'elle a droit à sa propre série maintenant. Et j'espère qu'on va avoir plus de super-héroïnes sur le petit écran.
C'était aussi amusant de retourner sur la série Supergirl, pour y incarner un tout autre personnage !
Tout à fait. J'avais rencontré le producteur de la série à un show à New York, et il m'avait demandé si je voulais faire partie du cast - parce qu'ils aiment faire ce genre de rappels, de personnages de précédentes séries. Ils ont ramené Helen Slater, et Dean Cain. J'étais donc enchantée de revenir pour la série Supergirl, mais je leur ai dit que si je les rejoignais, je voudrais être une méchante, pour faire quelque chose de complètement différent et avoir un look lui aussi qui n'a rien à voir. Le personnage que j'ai joué, Indigo, a répondu à ces critères - elle a la peau bleue ! C'était un peu bizarre sur le set, et même en lisant le script, puisqu'au début je surlignais les lignes de Kara, avant de me rappeler que ce n'était plus mon rôle. C'était une transition !
Combien de temps prenait le maquillage pour Indigo ?
Au moins trois heures et demi. En fait ils n'avaient qu'à me peindre le visage et le haut du corps puisque le reste était un costume - avec une perruque en touche finale.
On fête les 80 ans de Superman cette année. Les super-héros sont importants pour vous ?
Quand j'ai grandi, je n'avais pas de super-héros à la télévision. On avait Buffy, ce qui était le plus proche d'une super-héroïne en grandissant. Mais ma génération n'a pas eu de Wonder Woman à la télévision. C'est important pour moi d'avoir des Superman, Supergirl ou Wonder Woman pour les nouvelles générations, que ce soit accessible à la télévision ou au cinéma. C'est important d'avoir des modèles positifs, pour les jeunes, mais aussi pour les adultes : il faut avoir quelque chose en quoi tu crois. Quand j'étais plus jeune, je n'étais pas vraiment dans les comics et les super-héros, peut-être parce que ce n'était juste pas dans ma culture ou dans ce que je voyais. Maintenant c'est bien plus accessible.
La nouvelle série Supergirl est très engagée dans des thématiques sociales, comme le racisme, la place des communautés LGBT.
Je pense que c'est très important. Ca ne devrait pas être une question à se poser : tu veux représenter toutes les ethnies et sexualités à la télévision, sans que ça en soit le sujet, ça doit juste être là parce que c'est le cas dans le monde réel. Je trouve fantastique que Supergirl introduise un personnage transgenre dans la nouvelle saison. On a besoin de plus de cela, et je pense que s'ils n'ont pas besoin d'en faire leurs gros titre ou la promotion, c'est encore mieux - parce que c'est juste là. Par exemple, mon personnage dans ma prochaine série, V-Wars... bon, je ne peux pas en dire trop, mais on ne passe pas du temps à expliquer pourquoi elle est comme ça, c'est juste comme ça.
Ce qui fait une transition parfaite pour parler de V-Wars ! Ce qui est intéressant c'est que c'est aussi une adaptation de comics ; tu entretiens un rapport particulier avec la pop culture en général ?
Je pense que, parce que j'ai joué Supergirl dans Smallville, c'est ce genre de projets qui se sont plus ouverts à moi. Ca m'a propulsé dans des oeuvres de science-fiction, comme V, puis Bitten, ou Jigsaw. Je ne veux pas parler de typecasting, mais si on t'apprécie dans un certain genre, c'est assez probable que tu te retrouves à travailler plus souvent dans ce domaine là. C'est quelque chose que j'apprécie, mais par rapport à DC, je ne regarde pas leurs autres séries TV - ce n'est pas trop mon truc. J'aime travailler pour ça, et je pense que les personnages féminins sont plus intéressants dans la SF, mais de mon côté je préfère regarder des biopics, des documentaires ou des films d'horreur.
Et V-Wars est aussi un titre d'horreur (nda : il s'agit d'un affrontement militaire et politique entre la race humaine et des infectés devenus vampires regroupés en communauté). Qu'est-ce que tu peux nous en dire ?
Je peux te dire que ça parle d'une guerre entre les Bloods, les vampires, et la race humaine. Cette dernière est menée par Ian Somerhalder et Adrian Holmes. Mon personnage, tiré des romans (ndlr: il y a aussi des romans en plus des comics), s'appelle Mila Dubov, et qui devient... une vampire, mais pas vraiment par choix, et n'aime pas vraiment ce qu'elle devient, et a beaucoup de rage en elle.
La série prend un tournant très politique dans l'affrontement entre vampires et humains, et je le vois un peu comme une métaphore d'une société où les gens n'arrivent plus à vivre ensemble - et ça raisonne curieusement au vu de ce qu'il se passe aux Etats-Unis, non ?
C'est parfaitement ça, en tout cas c'est ce que j'ai ressenti en lisant le script. Il y a une vraie symbolique derrière, c'est politique. Ça raconte comment la société se comporte avec des des gens qui sont différents, ou parce qu'ils ont peur d'eux, veulent s'en débarrasser. Ça parle de division entre différents types de personne. Comment on se respecte ou non dans des situations de mesures drastiques, et comment on réagit face à la peur. Et je pense qu'ils font une assertion assez juste sur la société et sa politique.
Est-ce qu'il y a un effet de mode pour certaines séries à se montrer très engagées au vu de la situation en Amérique ?
Je ne peux pas parler pour les autres séries. Mais il y a des exécutifs et des scénaristes intelligents qui arrivent à écrire de façon à représenter la société d'aujourd'hui. Tu veux toujours te rapprocher de ce à quoi les gens peuvent s'identifier, tout en racontant quelque chose d'intéressant et de divertissant. Et je pense que c'est ce qu'ils font avec V-Wars : c'est divertissant, mais il y a des messages plus profonds auxquels les spectateurs peuvent se rapporter, surtout en ce moment avec... Trump.
Et concernant les personnages féminins de cette série ?
Ils sont très divers, et ont leurs propres trames narratives. Donc ils ne se rencontrent pas tous, n'établissent pas tous des liens. Mais il y a tout type de rôle féminin, et ils ne sont pas faibles ou en besoin d'aide. Et encore une fois, ça devrait être une évidence, puisque ça représente notre société. Et je pense qu'on trouvera comment les faire évoluer dans l'histoire s'il y a une deuxième saison.
Le comicbook est très violent, il y a énormément de sang. Ce sera pareil pour la série ? Vous aviez beaucoup d'effets spéciaux pratiques ?
Je ne peux pas le dire, désolé ! (rires)
Pas de souci ! Pour terminer, vois-tu les comics comme une simple source de scripts pour le cinéma et les séries TV ?
Ce n'est pas impossible que ce soit le cas. Il y a tellement de contenus à la télévision, qu'on cherche toujours à du matériel pour d'autres publics, et les comics ont un grand public, donc si ça peut être compatible avec la TV, ils vont essayer de le faire, et de construire une nouvelle audience dessus. Oui, je pense que les comics sont en train de prendre le dessus.
