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Batman Metal Tome 3 : un vacarme désagréable

Batman Metal Tome 3 : un vacarme désagréable

ReviewUrban
On a aimé• Rappelle la richesse de l'univers DC
• Le tie-in avec Grant Morrison et Detective Chimp
• Plein d'idées qui se bousculent...
On a moins aimé• ... et finissent par donner mal à la tête
• Scott Snyder en fait trop
• Une écriture paresseuse et qui se repose sur des prétextes
• Répétitif également
• Un final complètement bâclé
Notre note

Sorti en début de mois chez Urban Comics, le troisième tome de Batman Metal vient conclure une longue épopée qui s'achevait en VO en début d'année, et permettra aux lecteurs VF de passer à d'autres choses plus intéressantes de la part de Scott Snyder par après. Si l'on trouvait en effet des qualités qui permettaient de compenser les défauts d'écriture et la lourdeur de cet event, la conclusion de Metal vient rappeler abruptement ce qu'il se passe lorsque le scénariste américain est laissée en roue libre.

Le second tome nous faisait la présentation des sept Chevaliers Noir, versions corrompues de Batman venus de plusieurs terres du Multivers Noir et les voilà désormais à l'action. Urban Comics comme on l'a déjà dit plusieurs fois, a tenu à publier l'intégralité des tie-ins à Metal dans son triptyque, et l'on commencera donc la lecture par un arc disséminé dans les pages de The Flash, Justice League et Hal Jordan and the Green Lantern Corps, qui voit les différents membres de la Justice League affronter lesdits Chevaliers, alors que l'intrigue dans les numéros principaux se résumeront peu ou prou à retrouver du nth metal - puis de l'élément X. En soi, une quête de MacGuffin qui prend des allures bien trop compliquées pour ce dont il s'agit vraiment.


En effet, Scott Snyder profite de Metal pour redéfinir les limites de ce qui est connu de l'univers DC, et ce en faisant intervenir un maximum de personnages, de concepts (par moments inédits) et d'idées, sans trop se soucier d'une quelconque cohérence dans son récit. Bien moins sur la citation que lors du premier volume par exemple, le scénariste multiplie les bouleversements abrupts et autres coups de théâtre, à force d'explications plus ou moins logiques, et avec une abondance du "tout était prévu" par le camp de Barbatos qui en plus d'être redondante, devient aussi agaçante que l'écriture à tout va d'un "toutes les routes mènent aux ténèbres" qui en devient caricatural. L'idée est de faire porter aux héros DC la force et l'espoir afin d'aller explorer les frontières de l'inconnu (contre une certaine forme d'obscurantisme incarnée par les Multivers Noir) - mais l'ensemble est lourd, et bien trop confus.

Le problème n'est pas tant que Scott Snyder ait de l'imagination et qu'il abuse de concepts et de scènes farfelues - on est bien dans du comics à tendance blockbuster. Mais lorsqu'on raconte une histoire, et particulièrement du récit super-héroïque et cosmique, la crédulité implicite du lectorat sur ce qu'il peut lire n'est pas un prétexte pour ne plus se préoccuper des règles de cohérence dans l'espace, le temps. Ainsi l'intervention de personnages en deus ex machina ou les dénouements de situations à base de prétextes scénaristiques font du tord à une intrigue qui se voudrait bien plus recherchée qu'elle ne l'est vraiment. En témoigne l'infâme Dark Nights Metal #4, qui ressemble plus à un empilement d'idées brassées ça et là qu'à une histoire en progression.


L'effort de l'auteur pour étendre les perspectives connues de l'univers DC a de quoi être excitant, mais il trahit aussi l'égo de Snyder, qui souhaite par dessus tout réinventer et s'approprier ses jouets, de la même façon qu'il l'avait fait sur Batman. Bien que Grant Morrison se joigne à l'écriture pour un one-shot (le passage le plus réussi de l'ouvrage par ailleurs), dans lequel ses idées de Final Crisis et Multiversity reviennent abondamment, Snyder ne peut s'empêcher d'en faire trop, en ajoutant désormais une 53e Terre au Multivers, ou en allant littéralement ouvrir les frontières du Multivers en conclusion. La progression dans le récit est d'ailleurs de plus en plus indigeste, ou l'on fait apparaître plein de choses pour les oublier la case d'après, avec un climax expédié en trois planches - parce que cherchez pas, c'est le scénario, c'est tou - et un épilogue lui aussi prétexte, qui n'était là que pour teaser les publications à venir en VO à l'époque - et qui n'a donc aucun intérêt à la relecture.


Là où on pouvait se consoler sur la partie graphique précédemment, il faut bien avouer que la partie graphique reste là aussi assez travaillée sur certains numéros, pour qui aime les tonalités mainstream. Mais sur la série principale, Greg Capullo n'a soit pas eu le temps, soit pas eu les épaules assez larges pour tenir le trait sur Metal. Le dessin est par souvent imprécis, beaucoup de scènes d'ensemble trahissent des personnages dessinés à la va vite - et l'ensemble a un air visuellement brouillon. Il faut dire que la lourdeur des écrits de Snyder n'aide pas non plus à apprécier la partie graphique. Les artistes invités ne sont pas tous au meilleur de leur forme, Bryan Hitch tient en revanche plutôt la route sur le one-shot consacré à Hawkman, écrit par un Jeff Lemire assez automatique - un numéro qui reste assez décevant d'un point de vue scénario également.

On comprendra bien que la publication de Batman Metal est obligatoire pour Urban Comics et qu'il est possible de prendre du plaisir à voir une immensité de l'univers DC brassées au fil des planches, mais l'on retiendra surtout la lourdeur d'une histoire qui se veut faussement compliquée, tirant sur des ficelles scénaristiques sans vergogne, épuisant le lecteur à force de ne se reposer que sur un effet de surplus visuel et narratif. De façon amusante, tout ce bruit et ce bordel pourrait se justifier par l'appellation Metal de l'event, mais il aurait fallu expliquer à Scott que même dans le morceau de brutal death metal le plus chaotique, il y a une construction derrière. Alors qu'ici, il est difficile de la trouver.


Batman Metal Tome 3 propose en plus de ses tie-ins la seconde moitié de l'event de Scott Snyder, qui accumule idées, personnages, concepts, retournements de situations et deus ex machina sans se restreindre, tout ça pour du pur entertainement qui finit par faire mal à la tête, jusqu'à un final complètement bâclé. Greg Capullo n'est pas le plus en forme et avec les tie-ins pour leur majorité dispensable (à part celui avec Chimp, évidemment), il sera donc assez difficile de recommander cette lecture. Un passage obligatoire néanmoins si vous vous étiez lancé dans la lecture, et pour anticiper quelques pistes sur ce que l'univers DC devient par la suite. Mais à cet égard, les résumés d'Urban dans de futurs tomes devraient vous dispenser d'une lecture bien lourde. 

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Arno Kikoo
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