Après une entrée en matière textuelle où il revient sur le parcours de Billy dans le premier volume, Johns embraye sur le quotidien familial du héros et de ses frères et soeurs d'adoption. Les dialogues donnent le ton au sein de la petite bande, qui s'amuse de ses nouveaux pouvoirs et joue avec une certaine candeur au plus près de l'esprit joyeux de Fawcett Comics. Johns place quelques références à l'histoire éditoriale du héros (et manque de peu le nom Captain Marvel, abandonné pour des questions de droits), le Rocher de l'Eternité, le fameux train cosmique, etc.
Le scénariste cherche manifestement à établir une mythologie neuve sur les terres de Shazam, avec d'autres segments encore inédits à déployer. Puisque la magie s'est cachée des yeux du monde civilisé il y a longtemps, l'écriture tend vers l'idée qu'elle reste à redécouvrir dans son ensemble et que Shazam et sa famille ne seraient que les champions d'un royaume dans une fédération plus vaste - à l'image de ce que le scénariste avait proposé sur les Lanterns multicolores. L'idée séduit.
La candeur et l'humour général rendent la lecture agréable, dans la promesse (signée Geoff Johns sur le DC Rebirth) de repartir à la fois vers l'authenticité de certains héros sacrifiés sur l'hôtel du relaunch il y a quelques années, et vers un peu de nouveauté dans une mythologie dont on croyait avoir déjà tout appris. Les mômes et les parents sont immédiatement attachants, le twist de fin plutôt intrigant et l'absence de réelle menace de suivi, façon "pendant ce temps, les méchants complotent dans leur repaire de méchants" aide à maintenir l'illusion d'un monde sans problèmes.
Le dessin de Dale Eaglesham est de son côté relativement passable, pas forcément adéquat pour l'écriture de Johns. On apprécie que de perdre le trait de Gary Frank, qui se marie mieux avec les histoires sérieuses où ça grogne et où ça bastonne, mais le travail de Cameron Stewart ou Ivan Shaner sur le Shazam des dernières années trône comme une réalisation plus harmonieuse du trait "à la Fawcett", plus en accord avec le ton de ce micro-univers jovial et enfantin. Cela étant, rien de désagréable ou qui ne devrait freiner votre envie de vous y mettre.
Avec la tonalité d'un cartoon et des hommage aux serials, Shazam #1 s'ouvre bien. Johns laisse peu de temps à l'ennui ou au morbide, rythmant son numéro par des interactions pleines de vie dans une famille recomposée et plaisante à suivre, entre deux hommages bien sentis et la promesse de redécouvrir l'univers des Marvels au fil de la série. Une belle entrée en matière, qui mériterait peut-être un trait moins appuyé ou une colo' plus vive, mais ne boudons pas l'initiative pour autant.
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