Certes, nous avons un peu de retard, mais pas de panique : on vous garantissait le retour régulier de la Checklist Comics, et à chose promise, chose due. On sait que vous aimez cette petite chronique hebdomadaire, et nous aurions tort de vous en priver.
Mais pour ceux qui viennent pour la première fois sur Comicsblog, laissez nous vous expliquer de quoi il s'agit. Chaque semaine, les éditeurs américains et français se plient en quatre pour vous proposer moult sorties, qu'il s'agisse de titres de super-héros ou d'explorations d'autres genres dans les publications indé'. Et avec un tel choix à votre disposition, il y a forcément de quoi tourner la tête. Fort heureusement la Checklist Comics est là pour vous proposer une sélection (maison) des sorties qui sont à surveiller, soit par leur qualité, ou parce qu'elles font l'actualité de l'industrie des comics.
Bien entendu, une telle liste ne saurait exhaustive et l'on vous invitera comme toujours à nous faire part de vos propres envies ou conseils de lecture, afin d'en faire profiter le plus grand monde. L'important in fine étant de trouver quelque chose à lire !
LA sortie de la semaine, c'est assurément Detective Comics #1000. Célébrant à la fois la longévité historique de la publication de DC Comics que pour fêter les 80 années d'existence de ce cher Batman, ce numéro est un petit évènement à l'échelle de l'industrie, et accueille à l'occasion une pléthore d'artistes et auteurs tous plus talentueux les un(e)s que les autres. On retrouvera sur la partie principale Peter J. Tomasi, qui poursuit un run déjà bien qualitatif sur la série, avec entre autres la présence de Scott Snyder, Neal Adams, Brian M. Bendis, Alex Maleev, Amanda Conner, Tom King, Greg Capullo et bien d'autres. Un programme on ne peut plus alléchant qui vaudra bien de payer un prix un poil élevé - que voulez vous, quand on aime Batman, on ne compte pas, vous l'avez compris. Et DC aussi !
Si les lecteurs français ont pu découvrir il y a peu le premier tome d'Isola chez Urban Comics, ceux qui suivent le titre en VO voient leur patience récompensée, puisqu'il fait son grand retour chez Image Comics, avec un rythme de parution désormais bimestriel pour mieux coller aux capacités de la chouette équipe créative. Le duo derrière la sympathique Gotham Academy nous emmène dans un pays lointain pour une aventure de fantasy mâtinée de poésie qui ne sera pas sans rappeler, grâce au dessin sans pareil de Kerlsch, quelques belles réalisations du studio Ghibli, Mononoke Hime en tête. Il est donc désormais temps de repartir à l'aventure en compagnie de Rook et Olwyn, la princesse transformée en tigre dont il a le devoir de l'accompagner jusqu'à Isola, le royaume des morts, pour la guérir de sa malédiction. En route pour de nouvelles - et dangereuses - aventures !
Déjà le septième numéro pour l'excellente série Man-Eaters, proposition indé' à suivre parmi les chouettes parutions du moment chez Image Comics. La scénariste Chelsea Cain nous a régalé avec cette publication semi-horrifique, qui voit les femmes atteintes d'une maladie qui les transforme en redoutables bêtes dévoreuses d'hommes lorsqu'elles ont leur règle. Drôle, prenant, très engagé forcément sur le côté féministe, la série a aussi pour elle une mise en scène et un trait particulièrement exquis apporté par l'illustratrice Kate Niemczyk. L'artiste sera d'ailleurs bientôt remplacée sur la série, alors profitons encore de ses bons services le temps de quelques numéros !
La nouvelle proposition de Mark Millar sous l'ère Netflix du Millarworld nous a plutôt convaincue avec son premier numéro, et c'est donc avec un certain entrain qu'on accueille ce second chapitre. Pensé directement pour un projet trans-média (avec un film ou une série à la clé), ce récit de SF qui nous mène aux côtés d'un chasseur de primes plutôt bourru, Sharkey, qui va prendre un peu malgré lui sous son aile un jeune sidekick, alors qu'il devient lui-même la cible d'autres chasseurs, prévaut surtout par la patte de Simone Bianchi. L'artiste italien est généreux dans sa proposition de science-fiction, qui rappelle de grandes heures de la bande dessinée façon années '70, avec une tonalité mi-sérieuse, mi-déconne à la 2000 AD. En bref, un bon démarrage dont on ne demande que la confirmation.
Cette semaine, Zdarsky poursuit un bon démarrage sur Daredevil, grandement inspiré par les volumes de Bendis/Brubaker, pour un mouvement de retour aux sources qui aura pas mal manqué aux fans du Diable de Hell's Kitchen ces dernières années. Plus qu'un super-vilain précis, c'est à la police que Matt Murdock doit se frotter dans ce numéro, face à l'impitoyable Cole et sa détestation des héros costumés. Bagarre, déprime, bagarre, introspection et retrouvailles avec un vieil allié, une recette qui continue de fonctionner chez les amoureux de ce héros à l'ambiance unique.
Retournons du côté de DC Comics avec la dernière série en date du label Wonder Comics, l'imprint géré par ce cher Brian M. Bendis, et qui nous a déjà offert les sympathiques (voire très bons) Young Justice, Naomi et Wonder Twins. Avec Dial H for Hero, c'est un concept bizarre du Silver Age qui nous revient, après un volume réussi (et dark) lors de la période New 52 (lisez ce volume de China Miéville si ce n'est pas fait). Le concept reste celui de ce fameux téléphone qui, en composant un numéro spécial, permet d'obtenir des super-pouvoirs. Sam Humphries s'empare du concept avec Joe Quinones pour donner le téléphone au jeune Miguel, qui aura quelques responsabilités à prendre pour savoir quoi faire de son potentiel.
Dernier voyage dans l'Eververse, dernière nacelle dans les couches de l'oignon des réalités et dernière allégorie sur le voyage initiaque du genre humain, incarné par le très dysfonctionnel Grant, dans cette dernière ligne droite pour Black Science, de Rick Remender et Matteo Scalera. Superbe emblème de la création indépendante, ce qui restera sans doute comme le chef d'oeuvre du scénariste s'apprête à faire un adieu (que l'on espère tonitruant) aux lecteurs, en une année bien triste pour Image Comics qui perd coup sur coup The Wicked + The Divine, Paper Girls et celle-ci. Incountournable, pour les peintures de Scalera, l'imaginaire fou de Remender ou la densité de ses mondes, de son héros ou de son propos sur la famille et la quête de sens, Black Science restera comme une des meilleures emblèmes de la richesse du medium comics et le talent de son auteur, qui devrait aussi bientôt boucler son travail sur Deadly Class. On dit que les meilleures choses ont une fin.
On termine une nouvelle fois du côté de DC Comics, puisqu'entre autres anniversaires et festivités, il ne faudrait pas en oublier votre dose de dépression mensuelle avec le septième numéro de Heroes in Crisis, terrible histoire de Tom King au coeur du DC Universe. La Trinité voit le bout de son enquête concernant le massacre qui s'est déroule à Sanctuary, mais ce n'est pas pour autant que les choses soient encore réglées. On remarquera la couverture de Mitch Gerads qui vient remplacer celle avec Poison Ivy qui avait fait polémique, pour se concentrer sur des planches toujours servies par une équipe artistique très forte, quoique certains choix puissent être discutables avec Clay Mann. Malgré tout, Heroes in Crisis reste une sortie intéressante, assez symptomatique d'un certain esprit chez DC, et qui cristallise pas mal des thématiques propres à Tom King. On veut connaître le dénouement, prochain, voilà tout.
Il aura fallu se farcir un tome indigeste de No Justice pour aller aborder enfin le renouveau de la Justice League, avec une relance opérée par Scott Snyder, Jim Cheung et Jorge Jimenez, et un nouveau nom pour cette édition VF proposée par Urban Comics. La "Totalité" est en approche sur Terre et la Justice League, tout comme un Legion of Doom nouvellement formée, vont s'affronter pour mettre la main dessus. Quels secrets renferme donc cette mystérieuse entité ? Scott Snyder livre un script plus lisible que ses précédents productions, bien qu'il ne puisse s'empêcher de partir dans beaucoup de directions, mais on apprécie surtout ce New Justice parce qu'il a ENFIN une qualité visuelle de haut niveau, de celle qu'on demande à un titre porte-étendard d'avoir.
- Commander chez Comics Zone (à venir)
Autre sélection de cette petite semaine de sorties en VF, c'est bien entendu la Shazam Anthologie, qui arrive pile à temps pour la sortie du film éponyme de David F. Sandberg. Si l'orientation de comédie pure du film vous désarçonne et que vous souhaitez retrouver un bel aperçu de ce que Billy Batson a pu vivre, depuis ses débuts chez Fawcett Comics jusqu'à la toute dernière série lancée par Geoff Johns et Dale Eaglesham, voilà un tour d'horizon dont on sait que le savoir-faire éditorial d'Urban Comics aura plaisir à vous faire découvrir !
- Commander chez Comics Zone (à venir)
On termine avec cette oeuvre atypique qui sort grandement des sentiers que vous parcourez par chez nous. Et pourtant, vous connaîtrez certainement l'auteur de cet ouvrage, puisqu'il ne s'agit d'autre que Peter J. Tomasi, qu'on évoquait en début de chronique pour Detective Comics. En compagnie de l'artiste Sara Duvall, l'auteur livre un récit historique pour conter une aventure fascinante, celle de la construction du pont de Brooklyn. Passionné, Tomasi a fait beaucoup de recherches pour retracer cette histoire, et la livre dans un joli volume relié, qui profite d'une édition en VF par Kamiti Légendes. Pour les curieux de lire quelque chose de vraiment différent, c'est à tester !