Une nouvelle conséquente serait en passe de venir secouer DC Comics, après une série de remous pas nécessairement rassurants dans les étages supérieurs de la compagnie. A travers un historique détaillé, Rich Johnston, rédacteur en chef de Bleeding Cool, explique que l'éditeur pourrait mettre un terme définitif à l'aventure Vertigo (ou DC Vertigo) vingt-six ans après l'ouverture de cette sous-société dédiée aux comics pour adultes, par Karen Berger, Paul Levitz et Jennette Kahn.
La nouvelle pourrait surprendre, attendu que
DC et
Vertigo avaient apparemment prévu un grand plan de nouvelles annonces
comparable au relaunch de 2018 pour la prochaine
San Diego Comic Con. Entre temps, les contrats seraient en passe d'être annulés, les droits de certaines propriétés rendus à leurs créateurs et certains titres en cours de publications seraient redirigés vers la branche principale de
DC Comics le temps d'arriver à expiration.
Les artistes seraient actuellement en train d'être informés, tandis que les questions ne cessent d'abonder : sous quelle enseigne se feront les republications de classiques de la marque ? DC renoncerait-il donc définitivement à proposer une offre (plus ou moins) creator owned ? Combien de licenciements seraient à prévoir ?
En 1993, dans la foulée de la British Invasion et d'un creuset de séries tournées vers des thématiques psychédéliques, ésotériques, politiques ou violentes, Karen Berger aura participé à la construction d'une structure éditoriale novatrice dans l'industrie après l'échec du sigle "suggéré aux adultes" sur une batterie de titres dans la fin des années 1980. Vertigo Comics aura, après avoir récupéré certains personnages de la maison principale parmi lesquels Animal Man ou la Doom Patrol, constitué une force de frappe incontournable en cette période où les comics affranchis par Watchmen et Dark Knight Returns se tournaient de plus en plus vers un lectorat adulte, bibliovore et sélectif, loin du redondant des héros en cape.
Beaucoup auront commencé à aimer les comics par le spectre de Vertigo, en particulier dans son deuxième âge d'or où la société se sera éloignée des seules propriétés DC au profit d'oeuvres totalement inédites : Preacher, 100 Bullets, Scalped, DMZ, Northlanders, Y : The Last Man, Transmetropolitan (post Helix), Fables, Spaceman, The Losers, American Vampire et, bien sur, Les Invisibles. Une épopée extraordinaire où les grands récits se seront comptés par dizaines, où Berger aura mis le pied à l'étrier d'une quantité de géants modernes de l'industrie, et dont on regrettera une fois encore que la valeur marchande des licences ne soit venue rencontrer le talent et un phare de créativité qui préfigurera pendant longtemps de l'Image Comics que nous connaissons aujourd'hui.
Après les renégociations de contrat, les demandes pour plus d'adaptations du côté de la maison mère, Warner Bros., à l'époque pilotée par un certain Alan Horn (le type qui fera plus tard virer James Gunn de Disney) le licenciement de Karen Berger et la tentative de juste milieu proposé dernièrement avec ses propres polémiques - il serait hypocrite de dire que cette annonce n'était pas attendue, et quant à y voir un énième symptôme de la crise culturelle perpétrée par les rachats et rachats de rachats par AT&T ou autres corporation, on ne serait effectivement pas surpris.
Reste maintenant à attendre une confirmation ou une infirmation, mais en l'état et après trop de décisions délétères, le Vertigo de la grande époque est de toutes façons mort et enterré depuis assez longtemps. Ne reste qu'à choisir la pierre tombale.