Difficile de savoir, au moment de rédiger un article sur l'habituel nouveau projet de Mark Millar, s'il convient de répertorier l'info' dans la catégorie comics, séries télé' ou cinéma. Indiscutablement clivant depuis sa rupture nette et définitive avec Marvel il y a de ça plusieurs années, le scénariste ne propose plus aujourd'hui que des oeuvres pensées pour être adaptées - et si d'aucuns pourraient répondre que ça n'a rien de neuf dans son cas précis, Space Bandits, dernière création en date de Millarworld annoncée il y a deux mois, est bien réalisée en collaboration avec le département séries de Netflix.
L'avantage d'être rarement déçu par la formule de routine du scénariste, qui parvient toujours à articuler ses récits autour de quelques bonnes idées (en témoigne l'accueil triomphal de The Magic Order, resucée quasi auto-référentielle de son travail sur Jupiter's Legacy) vient aussi ou surtout des excellents dessinateurs qui accompagnent chaque sortie de l'usine Millarworld. Coipel, Albuquerque, Simone Bianchi, toute une batterie de géants prompt à mettre leurs talents au service des écrits de Millar, dans des rôles de concept artists de luxe préparant l'univers visuel d'une l'adaptation qui, immanquablement, finira par suivre.
Sur
Space Bandits, l'auteur est parti chercher
Matteo Scalera,
libéré depuis peu de ses obligations sur Black Science. Le bouquin se présente comme une nouvelle aventure galactique après
Sharkey, inspirée cette fois ci par l'esthétique des années 1980. On s'y intéressera à
Thena Cole et
Cody Blue, deux criminelles du cosmos en quête de vengeance après une sombre histoire trahison, de gangs, d'aliens belliqueux et d'amitié fraternelle, blaster au poing. Egal à lui-même,
Millar n'oublie pas les indispensables références à de précédentes oeuvres pour pitcher le projet, vantant des personnages à la
Joe Pesci et une aventure à la
Butch Cassidy ou
St Elmo's Fire, assurant une fois de plus son envie d'écrire des personnages plus variés en termes de genres et de couleurs, moins obsédés par la figure du "type blanc valeureux pendant sa crise de la trentaine".
Une variante signée
Howard Chaykin sera pour rappel proposée à certains revendeurs triés sur le volet aux Etats-Unis, à 75 cents la variante. Une opération publicitaire censée inciter la recherche et le goût de la rareté, tandis que l'auteur assure qu'un autre coup marketing plus important reste à annoncer quand viendra la sortie du premier numéro. On se rappelle
de la tactique déployée sur The Magic Order pour inciter les détaillants à commander massivement le numéro #1, s'assurant ainsi un bon démarrage immédiat.
Millar confirme au passage que l'ensemble de ses projets récents, y compris Prodigy, sont en route vers les écrans connectés à Netflix, en ajoutant que son rôle au sein de l'entreprise ne se limite pas aux projets croisés avec l'édition de BDs. L'auteur serait ainsi un créatif comme les autres, gardé à demeure sur des projets inédits, et, parfois, adaptés en comics pour préparer le terrain. On devrait donc aussi s'attendre à ce que des films ou des séries à l'avenir portent le sigle Mark Millar sans être directement liées à des comics publiés au préalable - le rêve américain, avouez que c'est émouvant.
Space Bandits #1 sera disponible le 3 juillet prochain chez Image Comics.