Parmi les nombreuses annonces du groupe Disney pendant la dernière D23, le rythme de diffusion hebdomadaire s'est vu confirmé pour les séries de la plateforme Disney+. Les principaux décideurs justifient cette volonté par une envie de ne pas surcharger le spectateur dans une avalanche de contenu, là où la plupart des observateurs éclairés parlent plutôt d'un calcul logique et étudié : à raison d'un épisode par semaine, le rendez-vous avec le consommateur est créé dans la durée et permet ainsi d'enfermer l'abonné dans le temps. Une méthode qui n'a rien de fondamentalement original, et qui se sera appliquée pendant des décennies à la télévision.
HBO aura proposé un modèle similaire, y compris après la démocratisation du replay et les accords de diffusion internationaux (avec Orange, en France). DC Universe s'était également calée sur ce modèle : en plus des nombreux contenus de la marque DC Comics sur les écrans, le diffuseur avait choisi de sortir ses séries à un rythme hebdomadaire, afin d'avoir, encore, de quoi alimenter ses abonnés en contenus neufs.
Numerama explique cette double détente par le besoin, pour Disney, d'avoir des produits qui continueront à faire parler du service à un rythme soutenu en ne se reposant pas sur la seule base des films ou séries déjà sorties par le passé. A l'inverse, Netflix et sa formule tout-en-un, crée l'événement en sortant l'ensemble d'une saison en une fois - un calcul plus coûteux si un produit ne marche pas, et qui fige l'attention médiatique et publique à un moment précis. Apple semble également décidée à adopter ce modèle au moment de sa propre entrée sur le marché du streaming, ne laissant que Netflix et Amazon sur le terrain du binge watching condensé.
Sur le papier, rien de surprenant au demeurant, et on s'étonnerait même de voir Disney présenter la chose sous un jour favorable quand la manoeuvre semble bel et bien faite pour camoufler le faible nombre de contenus exclusifs proportionnellement à son concurrent le plus direct. De la même façon qu'on s'abonnait, jadis, à un bouquet de chaînes sur les offres satellite, cable ou numérique, le spectateur aura ainsi le choix entre différentes formules qui reproduiront, à l'ancienne, le rythme hebdomadaire pratiqué en télévision. Avec une énorme quantité de replay.
On serait donc intéressés de savoir ce qui va fondamentalement changer dan la méthode de consommation ou pourquoi le marché du streaming semble si juteux pour des géants décidément pas prêts à lâcher les modes de consommation traditionnels, et surtout, pas du tout intéressés par l'idée d'une plateforme unique à la Spotify ou Deezer pour l'art vidéo. Paradoxalement, ces deux derniers services de streaming musical auront, jadis, permis de sauver l'industrie face à la concurrence du piratage. Il faut croire que le cinéma et les séries télévisées ne sont pas encore en assez mauvaise posture pour éviter de prendre le risque de se heurter à la facilité de l'illégalité.