Première création originale en live action pour la plateforme DC Universe, Titans avait su se faire remarquer par sa tonalité violente et sombre (parfois immature) et une certaine générosité à vouloir explorer l'univers DC et ses personnages au fil des épisodes. La première saison s'était conclue par un cliffhanger curieux, issu de remaniements de production, que l'on comprend bien mieux lorsque l'on regarde ce démarrage de saison 2. Titans fait en effet un sacré faux pas pour sa reprise. Explications.
L'ultime épisode de la première saison de Titans nous emmenait dans un cauchemar éveillé de Dick Grayson (Brenton Thwaites), lequel finissait par s'abandonner à ses ténèbres en tuant son mentor, pour que l'on découvre que Trigon, père démoniaque de Raven (Teagan Croft), le manipulait en fait mentalement. L'idée étant de briser le coeur de sa fille pour asseoir son règne sur le monde. Alors que les autres Titans étaient sur le point d'arriver, le spectateur devrait trépigner d'impatience pour voir ce cliffhanger résolu. Si l'attente a été longue, le résultat ne devrait pas en satisfaire beaucoup - et tout est intimement lié à la décision des équipes de Greg Berlanti d'avoir rogné le véritable season finale l'an passé, pour le raccorder ici en démarrage de saison 2.
On pourrait en effet penser que cette curieuse décision aura été prise pour changer drastiquement le déroulé de l'épisode, afin de le faire mieux coller aux nouvelles orientations de la saison 2. Ce n'est pas vraiment le cas. Tout dans les deux premiers tiers de l'épisode correspond grosso modo à ce qu'on attendait du Season Finale - avec résolution de l'intrigue laissée en plan, de Raven et des autres Titans face à Trigon (dont le rendu en effets spéciaux rappelle d'un coup, cruellement, les limites du budget). Passées ces 40 minutes, s'ensuit un dernier tiers qui vient se poser là comme un enchaînement de longues scènes post-génériques, et c'est par leur contenu que l'on comprend pourquoi cet épisode a finalement été retardé.
Par deux scènes, en effet, Titans sème quelques nouveautés, intimement liée par les personnages qui y sont présents - et donc les acteurs qui les jouent. La raison est donc là : au moment où ce final avait été tourné, la production apprenait sûrement qu'elle pouvait utiliser l'un ou l'autre personnage DC mais se retrouvait face au problème de n'avoir personne pour les incarner. Il aura donc fallu attendre que casting se fasse pour pouvoir tourner ces quelques scènes supplémentaires et les intégrer à un épisode qui, pour le reste, avait là tout ce qu'il fallait pour conclure la première saison de Titans.
Un constat d'autant plus frappant que les dernières minutes sont typiques d'une fin ouverte, qui aurait aussi pu servir si la série n'était pas renouvelée. En somme, les quelques ajouts remplissent leur office de teaser, mais on a malgré tout l'impression de regarder un épisode de conclusion avec bien trop de retard (la résolution du cliffhanger n'appelle en rien à une poursuite d'intrigue par la suite) qu'un véritable démarrage pour de nouvelles aventures.
C'est bien là tout ce qui casse le potentiel de ce season premiere de Titans, puisque du reste, le tout ne change pas la donne de ce qui a été fait autrefois. Si vous avez accroché à la formule, vous ne devriez pas trop être perturbés. On retrouve cette photographie assez sombre et plutôt travaillée pour une production Berlanti, des séquences (répétitives) qui mettent en exergue les tendances meurtrières de nos héros caractéristiques de cette version télévisuelle - et tant pis pour les amoureux de l'époque Wolfman/Pérez sur le papier, et un ensemble de jurons et de violence qui s'aligne sur ce fameux Rated R de la série. Il serait difficile d'en dire plus du côté de l'intrigue pour ne pas gâcher le peu qu'il reste à voir, mais comme on l'a dit, le tout manque cruellement d'enjeux. Les acteurs aussi semblent par moments en décalage dans leurs répliques, avec un enthousiasme ou une touche d'humour qui arrivent comme un cheveu sur la soupe (des reshoots, peut-être), à croire que Titans se chercherait encore un peu sur ce début de saison.
L'ensemble se laisse donc regarder, mais il est impossible d'avoir un véritable engouement pour ce qui nous est présenté, puisque Titans saison 2 n'a pas sensu sricto démarré. On ne peut donc encore évaluer correctement les nouvelles pistes narratives (pas sur quelques séquences d'exposition telles que présentées). Oui, un super-vilain sera de la partie, et oui, les Titans sont a priori bien reformés - mais où aller à partir de ça ? C'est donc bien avec le 2e épisode que l'on pourra apprécier le travail opéré sur cette seconde saison. Une astuce de la production pour pousser à ne pas s'en aller dès le début ? Il serait méchant de dire ça, mais en attendant, ce (faux) départ n'est clairement pas un atout pour la série.
Ce premier épisode de Titans saison 2 n'en est pas vraiment un. Il s'agit bien du final de la précédente saison, mas qui aura été retardé visiblement pour pouvoir placer des personnages qui n'étaient pas encore castés l'année passée. Soit. L'épisode se laisse voir mais cette sensation de retard ne s'enlève pas un seul instant, et le teasing pour cette saison 2 en fin d'épisode ne fait qu'accentuer le vide narratif. Où aller après ça ? Tout est possible, c'est peut-être une bonne chose. Le souci, c'est qu'on peut très bien s'arrêter à ce début et se faire la suite des aventures dans sa tête. Rien ne pousse à suivre absolument le second épisode. Et c'est bien dommage, car c'est à partir de celui là que Titans saison 2 pourra véritablement commencer. Patience...