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Harley Quinn : un pilote sang pour sang convaincant

Harley Quinn : un pilote sang pour sang convaincant

ReviewSeries tv
On a aimé• Une animation dynamique et rythmée
• Un casting vocal en pleine forme
• Du respect et beaucoup de dérision sur l'univers DC
• Un humour noir et absurde qui fonctionne
• La violence graphique et gratuite complètement assumée
On a moins aimé• Certains designs douteux
• Des décors un peu vides
Notre note

C'était il y a déjà vingt-sept ans. Dans "Joker's Favor" de Batman : The Animated Series, le monde découvrait la pétillante Harley Quinn, inventée pour durer le temps d'un épisode par Bruce Timm et Paul Dini. Devenue très rapidement populaire, la dulcinée (de l'époque) du Joker trouvait rapidement le chemin des comics pour rentrer dans le canon de DC, dès 1999 avec le roman graphique Batman : Harley Quinn de Paul Dini et Yvel Guichet, puis en 2001 avec sa première série régulière dédiée. 

Des années plus tard, Harley fait partie des figures de proue de l'éditeur à deux lettres et de DC Entertainment. Après un lifting moderne doublé d'une sexualisation accrue, qui démarrera en 2009 avec le jeu Batman : Arkham Asylum, préfigurant certainement de sa nouvelle apparence sur papier avant les New 52, la Harley Quinn "nouvelle génération" s'est inscrite à la fois dans les comics, avec un très long run caractéristique d'Amanda Conner et Jimmy Palmiotti, et sur les écrans. Si seule Margot Robbie a pu interpréter la super-vilaine en chair et en os (soyons sérieux, Mia Sara dans la série Birds of Prey, ça ne compte pas), les approximations auront été plus nombreuses dans le monde des séries télé' (Gotham en tête), pour accoucher d'une nouvelle série animée, rien qu'à elle. Une forme de retour aux sources, en somme.


C'est en effet en cette fin d'année que la série Harley Quinn a fait ses débuts sur la plateforme DC Universe, après avoir déjà accueilli plusieurs projets originaux, en prises de vue réelles (Titans, Doom Patrol, Swamp Thing) ou en animation (l'excellente Young Justice : Outsiders). Ici, l'envie s'approche de ce qu'aurait pu être le Deadpool animé de Donald Glover sur la chaîne FX : une série d'animation pour adultes, en Rated R, où jurons, grossièretés et explosions de sang seront légions. "Mais ce n'est pas Harley Quinn, ça". Vraiment ? Regardons d'un peu plus près la chose avec le premier épisode, tout juste diffusé.

Deux Harley pour le prix d'une

Dans les débats qui font rage entre les communautés de fans, la question du personnage d'Harley Quinn revient sans cesse. Entre sa surexposition chez Warner et DC, qui ont fait d'elle une véritable poule aux oeufs d'or quasiment au même rang que Batman, et l'orientation du personnage, souvent affiliée à l'évolution de son costume, se crée un schisme. Entre ceux qui ne jurent que par la tenue originelle, et la relation au Joker de l'ancienne psychiatre, ou ceux qui l'ont découverte au sein de la Suicide Squad et aiment l'émancipation vers laquelle elle s'est engagée depuis Conner & Palmiotti, deux visions opposées s'affrontent. Les auteurs et artistes ont largement pu jouer sur cette dichotomie ces dernières années, et c'est précisément le sujet de cet épisode pilote, intitulé "'Til Death Do Us Part".


Dans cette version Rated R, Harley est, au départ, l'assistante de Joker, son assistante, et lui prête main forte pour ses méfaits - quand le super-méchant daigne cesser de faire le control freak, bien entendu. Mais la jeune femme aimerait aussi que son amoureux tordu lui accorde plus d'attention, d'importance, et accepte de voir leur association sur un plan d'équité : être sa partenaire en bonne et due forme. Prouver qu'elle peut être elle aussi dans la Legion of Doom, THE association de malfaiteurs branchouille du moment. Joker n'est pas de cet avis et préfère continuer à user d'elle comme bon lui semble. Harley ne se rend pas compte de la toxicité de la relation dans laquelle elle se trouve, persuadée que son cher et tendre l'aime réellement. Tout le propos du premier épisode sera de faire ouvrir les yeux à l'héroïne, et de l'amener vers cette fameuse phase d'émancipation (un sujet déjà au coeur du titre du film Birds of Prey, d'ailleurs).

La thématique est donc d'actualité pour le personnage, qui fait sa route en solo depuis quelques années (on se rappelle encore d'une scène de séparation particulièrement brutale dans les tie-ins de Death of the Family), avec une certaine résonance méta' dans cette série animée, la transition de statut d'Harley devant aussi s'opérer par un changement de costume. Là où les fans de la première heure seront ravis de retrouver la tenue d'arlequin, il va aussi de pair avec la relation abusive que le personnage entretient avec son clown (et puis ce serait malheureux de ne vendre qu'un seul modèle de jouet). L'évolution devant se faire tant sur le plan psychologique que vestimentaire, quelque part, on assiste donc à une séparation des deux Harleys alors que les éléments ne seraient pas forcément incompatibles. L'épisode a le mérite d'être assez explicite, et le motif bien accompagné par la trame scénaristique.

Un univers DC déluré 

En une vingtaine de minutes, Harley Quinn a le temps de nous montrer sa version de Gotham City et du DC Universe. Avec des visuels et costumes qui viennent lorgner du côté des dessins d'Amanda Conner, et une ville dont les lignes rappellent aussi Batman : The Animated Series, la série sait tirer son épingle du jeu, au-delà de l'appréciation des goûts de chacun. Certains designs seront plus discutables que d'autres (par exemple, le Riddler), mais les concepteurs connaissent leur univers et savent lui apporter autant d'amour que d'auto-dérision. L'animation est fluide et rythmée, la rapidité et le dynamisme allant de pair avec la folie d'Harley, la forme au service du fond. Rien qui ne donne le tournis non plus, ce que l'on aurait pu craindre avec l'inspiration des comics de Conner et Palmiotti, qui avaient de quoi donner mal à la tête à force de tourner à vide sur les mêmes routines.


Harley Quinn est contée du point de vue du personnage principal, et les héros n'y seront pas vus avec un oeil bienveillant ou émerveillés, comme d'autres séries DC le font. Sans tomber sur les problèmes de pannes de zizi inhérents à Titans, le commissaire Gordon est, par exemple, un névrosé fini mais hilarant, le Batman stoïque est tourné en ridicule par Harley, et les super-vilains ont droit à une bonne part du temps de présence à l'écran. On leur trouve une certaine sympathie, bien qu'ils restent de vrais vilains, capables des pires atrocités Surtout, on se rend compte dès le pilote que l'amitié qui lie Harley à Poison Ivy sera largement au centre du déroulé - et c'est tant mieux, l'ambiance Gotham City Sirens était évidemment la bienvenue.

Tout le monde en prend pour son grade d'une façon ou d'une autre dans cette Gotham détournée, où les jurons pleuvent à grosses gouttes (vingt-deux "fuck" prononcés, et ce dès les premières secondes). Une vulgarité immature, qui jure avec la justesse des dialogues et certaines références où la série réussit à mettre dans le mille, en plus de son esprit absurde bien plaisant. L'humour noir est également au rendez-vous, une norme quand les trois quarts de vos personnages sont des criminels fous à lier.

Les comédiens de doublage s'en donnent visiblement à coeur joie. Kaley Cuoco s'en sort bien en Harley, avec un lourd héritage de comédiennes talentueuses (Arleen Sorkin, Tara Strong) à porter, et Alan Tudyk nous gratifie de rires réjouissants pour son rôle de Joker. En Poison Ivy maîtresse de la situation, Lake Bell sait aussi y faire - qu'on se le dise, le casting vocal se porte bien, comme une forme de constance dans l'animation "à la DC".

Un gore régressif et réjouissant

Attention les yeux ! Les aperçus avaient déjà pu le montrer, cette Harley Quinn fait encore moins dans la dentelle que sa contrepartie comics récente, déjà bien plus violente que l'héroïne des débuts. Les membres se brisent et les têtes explosent (littéralement) dans des mares de sang, et rares sont les moments calmes qui ne soient pas interrompus par une gerbe rouge ou quelque personnage agonisant. On appréciera ou non cet humour macabre - en même temps, l'ère du cartoon est à South Park et Rick & Morty - ou la violence graphique et gratuite, annoncée et assumée, que les détracteurs auront sûrement dans leur ligne de mire pour accabler un produit qu'il sera facile de ranger dans la case des divertissements immatures.


Au-delà de cet apparat sanglant et régressif (que l'auteur de ces lignes avoue apprécier, particulièrement), qui va servir de prétexte à quelques  jolis effets stylistiques, la série montre en substance comment la super-méchante devra se faire une place dans un milieu qui, au fond, ne lui reconnaît pas ce statut. Il faudra attendre de voir la suite pour juger sur pièces, mais le message d'empowerement se laisse déjà lire entre les lignes, et ce sans lourdeur, grâce à un savant mélange d'humour noir et l'utilisation détournée des figures iconiques de l'univers DC Comics. On imagine que la carte méta' et le quatrième mur seront aussi plus présents par la suite - Warner et DC assument assez bien d'utiliser Harley comme leur propre forme de Deadpool. A voir si une intrigue de long terme (l'entrée dans la Legion of Doom) doit se dégager ou si les épisodes se regarderont de façon déconnectée.

Derrière ses atours de série grossière et sanglante qui mérite sa classification, Harley Quinn est une vraie bonne surprise en marge de l'omniprésence moderne du personnage. Le premier épisode oppose clairement les deux Harley (la classique et la moderne) en miroir de sa relation au Joker, et la série véhicule un message d'émancipation intéressant sans être novateur pour autant, baignant dans un joyeux bordel où les vannes et le détournement des personnages DC a quelque chose du plaisir de gosse attrayant. Autant pour les codes qui sont brisés que pour l'envie qui se dégage de ce premier contact, le tout dans une certaine légèreté qu'on n'avait plus trop l'habitude de rencontrer avec ce genre de formats. Les prochains épisodes devront confirmer l'essai - mais ici, on est déjà prêts à retourner faire un tour d'Harley !

Arno Kikoo
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