Toujours en retard, mais toujours présente ! Sous le poids du travail quotidien, la Checklist Comics est malgré tout presque à l'heure pour faire le point sur les innombrables sorties de la semaine, que nous n'avons pas encore eu forcément le temps de parcourir en intégralité ! Qu'à cela ne tienne, nous sommes là pour faire le tri parmi tout ce que les éditeurs, VO comme VF, ont à vous proposer, avec une sélection faite maison et qui met l'accent à la fois sur les titres qui font l'actualité, et sur ceux que nous estimons mériter votre attention !
Comme toujours, la liste n'étant pas exhaustive, n'hésitez pas à nous faire part de vos lectures ainsi que de vos recommandations, afin que tout le monde en France (que diable, dans le monde entier même !) puisse savoir quelles sont les lectures à prioriser. On espère en tous les cas que les votre ont été bonnes !
Après un run mythique de 85 numéros (enfin, un peu moins avec les quelques numéros en crossover avec The Flash), Tom King est désormais parti du titre Batman et c'est pour la nouvelle année que démarre une nouvelle étape - a priori transitoire si l'on en croit les bruits de couloirs de plus en plus insistants. Qu'importe, James Tynion IV répond présent pour cette relève, dans un arc qui doit composer à la fois avec le statu quo laissé en fin de run par King, et amorcer une nouvelle transition pour les mois à venir, et le scénariste s'est bien entouré, il n'y a pas à dire. En attendant de découvrir ce que Jorge Jimenez va nous offrir, on démarre d'emblée avec le solide Tony S. Daniel pour une ouverture à base de super-vilains nombreux, certains étant de nouvelles têtes, de nouveaux gadgets et un Lucius Fox amené à prendre de plus en plus d'importance. Une nouvelle étape à suivre dans la carrière récente du Chevalier Noir.
L'an dernier, la continuité des Earth X fêtait ses vingt ans - un anniversaire occulté par celui de l'univers Marvels, autre legs conséquent du tout puissant Alex Ross pendant sa décennie de gloire. Avec du retard, la Maison des Idées rattrape ce décalage mémoriel, pour poursuivre l'univers des X - après les deux suites Universe X et Paradise X fomentées entre 2000 et 2003 - et une nouvelle mini-série toujours pilotée par l'artiste peintre et son co-scénariste de l'époque, Jim Krueger, avec le talentueux Well-Bee aux dessins. Cette fois, pas de suite à l'horizon mais un projet en forme de préquelle, revenant à l'infestation virale qui aura mis des pouvoirs entre les mains de l'ensemble des humains présents sur Terre - à une exception près. Le jeune David, seul garçon à échapper au virus, décide de se rendre à New York trouver assistance auprès des Vengeurs, pour un récit de pré-apocalypse désespéré aux superbes pages. Pour l'hommage à la première Earth X, John Paul Leon est aussi venu filer un coup de patte aux couvertures variantes (un beau geste). A lire, pour les amoureux du travail de Ross, cette Terre de Marvel à part, plus adulte et authentique, et pour les fans du prometteur Well-Bee.
Tête de file de l'imprint Wonder Comics de Brian M. Bendis, le titre Young Justice est resté depuis ses débuts une valeur sûre du DC Comics récent, tant par sa fraîcheur avec tous ces jeunes héros un minimum optimistes (contre l'ambiance généralement maussade apporté par Snyder et ses potes) que pour le savoir-faire de Bendis, tant sur les dialogues que sur la connaissance des personnages de la série. Toutes les décisions prises n'auront pas été les meilleures (pour Tim Drake, notamment), mais le voyage dans le Multivers s'est révélé réjouissant, et c'est donc avec une certaine impatience qu'arrive ce douzième numéro, qui marque le premier anniversaire du label de Bendis, et avec lui le premier crossover des héros de Young Justice avec les autres séries de l'imprint (Naomi et les Wonder Twins). Bon anniversaire, et bonne lecture également ?
Chez Image Comics, si on attend de voir encore quels pourraient être les prochains porte-étendards à mesure que les séries les plus emblématiques et les plus longues s'arrêtent (The Walking Dead à l'été passé, mais East of West aussi tout récemment), on continue sans déplaisir la lecture de Gideon Falls, l'une des très bonnes parutions de l'éditeur, qui doit beaucoup à son tandem créatif, Jeff Lemire et Andrea Sorrentino. On vous aura déjà vanté quelques fois les mérites de la série, qui mêle horreur rurale et enquête sous fond de grande conspiration inquiétante, Lemire tissant une intrigue de plus en plus profonde, et Sorrentino continuant de nous régaler sur ses planches, avec des compositions inquiétantes et un sentiment d'angoisse toujours diffus. Pour ceux qui aiment à frissonner par la bande-dessinée, on ne peut que vous recommander de poursuivre la lecture - ou de la rattraper si vous ne l'avez pas encore démarrée.
On vous l'a dit régulièrement depuis quelques semaines, il n'y a que peu de titres dans la grande opération Dawn of X que l'on ne vous recommande pas, et assurément X-Force fait partie des séries X-Men que l'on retrouve avec plaisir, avec un rythme de publication qui plus est soutenu. La relance de cette équipe de mutants par Ben Percy tient pour le moment ses promesses, avec des membres qui n'hésitent pas à se sacrifier (littéralement) pour le bien de leur mission (quitte à y laisser des membres, voire plus - regardez l'ouverture de ce numéro), et Joshua Cassara se montre être un artiste tout à fait solide pour tenir l'action, très présente, dans ce titre X-Force. En somme, l'équipe doit toujours protéger (plus ou moins dans l'ombre) les forces qui veulent nuire à l'établissement de la nouvelle nation mutante, et il faut parfois employer la manière brutale. Un plaisir de lecture continu pour le moment !
Essayons également d'entretenir notre curiosité cette semaine avec un tour du côté de Top Cow, l'un des imprints d'Image Comics pour The Clock, une nouvelle série d'horreur de Matt Hawkins avec un contexte scientifique appuyé : des millions de personnes en bonne santé contractent tour à tour des formes agressives de cancer, et un chercheur en cancérologie, qui voit sa femme succomber à la maladie, puis sa jeune fille de neuf ans être également touchée, doit désormais lutter contre la montre afin d'enrayer cette épidémie qui pourrait avoir des conséquences pour le reste du monde. Un titre on ne peut plus anxiogène et qui profite du savoir faire de la talentueuse Colleen Doran. Cela fait au moins quelques arguments pour se laisser tenter !
On continue dans l'horreur, mais du côté de DC Comics avec une nouvelle parution de l'imprint Hillhouse de Joe Hill (Locke and Key). La jeune Daphne Byrne perd son père à 14 ans, et alors qu'une secte tente de profiter de la faiblesse de sa mère, elle sent qu'une entité, "Brother" commence à prendre possession d'elle et à vouloir lui faire faire des choses innommables. On attend de voir ce que Laura Marks, autrice universitaire, délivrera avec ce comic book, et l'on est surtout ravi de retrouver Kelley Jones (Swamp Thing, le Batman de Doug Moench) avec un son style inégalable, et son encrage puissant, qui devrait déjà apporter une plus-value indéniable pour ce récit d'angoisse.
C'est le début d'année ! Il ne fait pas si froid, les soldes sont là et l'Iran va très bien ! Dans cet océan de belles choses venues saupoudrer l'an neuf de raisons de se réjouir, on n'oublie pas la mini-série Power Rangers/Tortues Ninja et son titre en huit mots. Sans se prendre réellement au sérieux, le projet tape dès ce second numéro dans la case du bon délire de gosses que l'on pouvait espérer, avec une alliance de gentils et une bagarre de vilains aux retombées curieuses (notamment, un Shredder qui serait prêt à hurler "transmutation", et avouez que vous seriez prêts à payer pour voir ça). Plutôt sympatoche, à l'image de ce type de crossovers sans réels enjeux, le travail proposé vogue sur de jolis dessins et une trame auto-guidée pour séduire les trentenaires nostalgiques du lectorat. On n'en demandait pas plus, quoi que d'autres bizarreries seraient les bienvenues dans les numéros à venir.
Avec de début d'année 2020, c'est non sans déplaisir que l'on retrouve la première publication Ahoy Comics en VF, grâce à Delcourt ! L'Autre Terre s'adresse à amoureux des super-héros, avec ce récit qui imagine deux terres parallèles, avec ses héros Dragonflyman et Dragonfly, parodies des Batman '66 et Dark Knight Returns de Miller, qui vont se retrouver parachutés l'un et l'autre sur la Terre de leur équivalent. Entre la parodie, l'humour et l'hommage, un récit de Tom Peyer savoureux avec les dessins du très talentueux Jamal Igle - on vous en reparle très bientôt, mais sachez-le d'emblée : c'est de la bonne !
L'engouement outre-Atlantique pour le titre Immortal Hulk ne s'est toujours pas tari, et en même temps, on le comprend. En VF, le troisième tome nous parvient du côté de Panini Comics, après deux volumes qui ont su renouer avec le Hulk et un côté horrifique bien mis en avant, qui repense le géant de vert comme l'un de ces monstres de la Hammer, le côté Jekyll et Hide poussé à son extrême. Après le second tome, Banner et consorts se retrouvaient catapultés "en enfer", et l'on va voir ce que Al Ewing nous concocte ici, l'auteur étant habitué à brouiller les pistes pour envoyer son lectorat là où il ne s'attend pas. La qualité graphique, avec Joe Bennett en illustrateur principal, est toujours au rendez-vous. On notera également le changement de format de la collection 100% Marvel de Panini Comics, avec un tome qui se dote désormais d'une jaquette. L'éditeur a eu la bonne idée d'inclure avec ce volume les jaquettes des deux premiers tomes, histoire que les complétistes n'aient pas de rupture graphique dans leur bibliothèque. On espère que l'initiative sera poursuivie avec les autres séries en cours de la collection.
C'est également le début de l'année pour Bliss Editions, qui démarre avec Incursion, un récit complet qui met en avant le Guerrier Eternel, qui doit de nouveau protéger la jeune Géomancienne Tama contre l'Impératrix Virago, qui se repaît d'énergie vitale, et est bien décidée à prendre la vie de cette première, ce qui condamnerait à mort la planète entière. Malgré des problèmes de production (puisqu'Andy Diglle a quitté le récit en cours de route), Incursion se tient bien debout dans ce titre qui croise la science-fiction proche d'un Divinity avec les tribulations plus mystiques d'un Shadowman (ou du Guerrier Eternel, évidemment), et profite d'une jolie mise en page de Doug Braithwaite, que les lecteurs de Valiant Comics connaissent bien désormais. Pour ceux à qui l'esprit d'aventure et de fantasy de cet univers manquait un peu, Incursion est là pour vous faire plaisir.
- Note : décalé au 24 janvier 2020
"Les classiques ne meurent jamais", comme l'expliquait Madame Doubtfire à Miranda au moment de lui conseiller une robe pour son premier rendez-vous avec Stuart, l'ordure de playboy qui espérait la séduire à peine quelques mois après que le divorce ait été prononcé. Mettant en jeu l'équilibre mental de gosses encore tiraillés entre leurs deux foyers, le hasard aura voulu que ce personnage, campé par le brave Pierce Brosnan, se révèle avoir un bon fond en définitive, et, probablement, finirait avec la maman dans une scène post-générique si le film de l'époque avait eu l'idée d'en faire une. Du reste, la citation est valide : Watchmen est de retour chez Urban Comics, dans un intéressant format de singles cartonné pour densifier l'intérêt de cette nouvelle version du chef d'oeuvre d'Alan Moore et Dave Gibbons. Pour découvrir, prêter, offrir cette BD culte à un pote, ou simplement, retrouver le plaisir symbolique de la lecture par numéros, assez cruciale dans le cas de ce récit chapitré et conçu comme une enquête où chaque nouvelle partie ouvrait un champ des possibles plus vastes. Indiscutablement lié à l'identité d'Urban Comics depuis ses débuts, cette nouvelle édition passerait aussi pour une expérience intéressante pour l'avenir - ou une consolation à ceux qui espéraient que le format kiosque passerait une meilleure année 2019. Pour l'heure, on ne vous le cache pas : la moindre occasion de mettre Watchmen entre les mains des gens est bonne à prendre, et donc, c'est validé.