Depuis un pacte avec le malin concocté pendant son adolescence, Garth Ennis est contractuellement obligé de produire au moins un comics militaire par an. Au croisement d'une fourche dans les tourbières irlandaises, le jeune homme s'était ouvert la main, jurant devant une nuit sans lune qu'il deviendrait le meilleur auteur de comics de tous les temps.
Le diable, amusé, lui répondit alors "d'accord, petit. Je t'en donnerai les capacités, mais en échange, je vais te donner un choix. Tu utiliseras tes talent pour l'une ou l'autre choses : soit tu passeras ta vie en tant que salarié pour l'industrie des super-héros. Tu seras célèbre et acclamé mais tu n'auras jamais droit à l'entièreté des royalties, et tu seras obligé de faire des tie-ins sur Empyre et Iron Man 2020, ce qui ne sera pas forcément glorieux ou encore moins hygiénique. Soit tu passeras ta vie à raconter des histoires de soldat pour glorifier la guerre, ce qui t'attirera les faveurs de quelques blaireaux sudistes amateurs de casquettes rouges et qui pensent que le Wakanda est une allégorie réptilienne du grand remplacement". Pris de doute, le petit gars demanda toujours au démon "je pourrai quand même me foutre de leur gueule dans mes autres comics ?". "Bien sûr, faut pas déconner" lui répondit Satan, qui reste avant tout un homme de bon goût. C'est ainsi que Garth Ennis devint le second plus grand scénariste de sa génération - après Alan Moore, qui avait de son côté pactisé avec un dieu serpent anti-système, un peu mieux installé dans la mythologie cabaliste.
Pour le cru de cette année, le scénariste s'associe à 2000AD/Rebellion pour un roman graphique en hommage à la série Battle Picture Weekly, anthologie militaire culte de la scène britannique lancée en 1975 distribué par IPC Magazines. Le titre avait, à l'époque, accueilli les jeunes plumes de Pat Mills et John Wagner, ainsi que le dessinateur Carlos Ezquerra, co-fondateurs de la revue 2000AD quelques années plus tard au sein de cette même structure éditoriale. Battle aura duré pendant plus de dix ans, largement populaire en son temps et considéré comme l'une des séries militaires les plus importantes de l'histoire des comics passé les périodiques de l'Âge d'Or.
2000AD annonce ce nouveau roman graphique en hommage à cet esprit perdu, pour commémorer les quatre-vingt ans de la Bataille d'Angleterre (1940), moment décisif de la Seconde Guerre Mondiale où les Forces de l'Axe avaient tenté de bombarder les ports et aérodromes du Royaume-Uni pour priver l'armée anglaise de ses bases navales et aériennes. Différentes histoires seront réalisées pour le volume, en imitant la structure anthologique des numéros de la série Battle.
Ennis et Keith Burns s'intéresseront aux soldats des Rat Packs, ex détenus libérés de prison pour combattre les forces nazies, une équipe inventée par Ezquerra et Gerry Finley-Day dans la revue originale ; Rob Williams et PJ Holden raconteront une bataille navale dans Destroyer ; Alan Grant et Davide Fabbri suivront de leur côté les fantassins de cette époque. En dehors de la Bataille d'Angleterre, Alan Hebden ravivera le personnage d'El Mestizo, figure clé de la série Battle, un ancien esclave devenu mercenaire pendant la Guerre de Sécession aux Etats-Unis, et Alex de Campi racontera de son côté une histoire située pendant la Guerre du Vietnam accompagnée par l'immense dessinateur Glenn Fabry.
Le roman graphique Battle of Britain est attendu pour le30 septembre au prix de 15,99 dollars.