Même quand elle arrive le weekend, la Checklist Comics n'en reste pas moins présente pour vous aider, comme chaque semaine, à jeter un oeil sur ce qui fait l'actualité de la production comics, en VO comme en VF. Les éditeurs ont désormais bien repris leur activité, surtout par chez nous, et nous vous proposons comme à notre habitude cette sélection de titre qui mérite qu'on s'y intéresse, parce qu'il s'agit des "grosses" sorties du moment chez les éditeurs, ou pour d'autres parce qu'elles attirent notre attention - ou parce qu'on vous les recommande pour leur qualité.
Bien entendu, la Checklist Comics ne saurait être exhaustive, et c'est là que vous pouvez intervenir, puisque vous pouvez nous faire part également de vos propres sélections et lectures dans l'espace commentaire de cet article. L'important, par ces temps estivaux, est d'être sûr d'avoir un comicbook entre les mains à savourer à l'ombre ou au frais !
Marvel a largement eu le temps de vous préparer à Empyre au cours des dernières semaines, plaçant les pions un à un à force de numéros de prologue. Cette fois, ça y est vraiment, c'est la bonne, le méga event blockbuster de l'été peut commencer. L'Empereur Hulkling est le chef d'une nouvelle alliance Kree/Skrulls qui attaque la Terre, et il en incombe aux Avengers et aux Fantastic Four (ainsi qu'à à peu près tout le reste des héros et héroïnes présents) de s'allier pour contrer cette menace inédite. Après les forces de Malekith l'an passé et en attendant Knull en fin d'année, une autre invasion pour un gigantesque terrain de jeu, avec un Valerio Schiti décidément en forme pour dessiner des batailles spatiales. Bref, vous voulez du divertissement ou pas ?
"Comment ça, 'un immanquable', vous avez touché de la Colombienne low-cost les frérots ?", alors déjà : bonjour, ami lecteur, et ensuite tu vas rester bien tranquille. Oui, la série Snake Eyes : Deadgame est un produit de niche, pour les quarantenaires gris du cuir qui ont eu la chance de grandir avec le dessin animé GI Joe et les comics X-Force ("les futurs électeurs de Dupont-Aignan quoi", mais arrêtez, on parle sérieusement là), mais tout de même : trente-six couvertures variantes et le rêve de môme d'un bon gars, rendu au bout d'une vie de plagiats et de boites coulées pour enfin attaquer son personnage fétiche, ça se respecte. Larmes aux yeux, Rob Liefeld rend hommage au personnage qui inspira Deadpool en le dessinant comme Deadpool, dans des pages intéressantes pour qui aime les personnages de face et les fonds remplis par les coloristes, les pieds en amphore et la japansploitation mâtinée de flingues et de gros soldats vénères (y a pas de raison que les fans de Spielberg soient les seuls à avoir leur dose de saloperie nostalgique - Deadgame, c'est comme Stranger Things, le cuir en plus). On kiffe ? Peut-être. Mais on le dira pas.
Ambiance softporn et confinement dans les pages de Savage Draton #250. À l'envers d'une tradition qui impose généralement de donner dans le grandiloquent ou le dialogue mémoriel, Erik Larsen livre un numéro aux couleurs d'une actualité confinée : apéro zoom et paires de nichons, le décalque d'un quotidien confortable et neuneu pour cet éternel nerd jemenfoutiste qui entretient sa passion pour les corps absurdes après presque trente ans de run. En définitive, une chouette réponse parodique au cousin McFarlane, où le Dragon vit une petite journée de bagarre et de blagues avec son entourage sans se prendre la tête. Avec une petite surprise en fin de numéro (quand même), on salue l'initiative et l'absence de cynisme économique pour une série qui aura toujours voulu faire les choses de traviole. Bon anniv' au musclé à crête, toujours actuel malgré le poids des ans.
Peut-être qu'avec le contexte sanitaire mondial et parce qu'il y a déjà The Resistance chez Upshot, le label d'AWA Studios, n'aurez vous pas encore envie de vous farcir une histoire de virus qui entraîne une épidémie zombie. Ma foi, vous auriez tort de ne pas jeter un oeil à Year Zero. Le concept ici est de suivre le destin de six personnages différents, dont celle à l'origine de l'épidémie, tout autour du monde, au fur et à mesure de la dégradation des évènements. Il n'y a que très peu de chances d'assister à une réunion de ces héros presque anonymes, mais l'on se plaît à voir en fonction de leur pays, de leur situation sociale, les différentes difficultés qu'ils sont amenés à croiser (en plus de celle de ne pas se faire manger vivant) dans leur périple. Entre le tueur à gages japonais surentraîné, le garçon des favelas, et le conspirationniste américain à tendance incel, Ben Percy réussit très bien son exercice de portraits, avec un Ramon Rosanas au poil sur des planches qui manqueraient peut-être un peu de "grain" histoire que le tout semble moins propre. Year Zero est une approche réellement digne d'intérêt sur un genre que l'on a déjà vu exploré en long en large, et l'on ne saurait donc que vous conseiller d'y jeter un oeil également.
Volume de transition dans la saga (intermittente) de Wonder Woman par Grant Morrison. Plein de bonnes idées, une approche plus intime qui pioche encore dans les idées de William Marston pour sa Diana pleine de vie, d'amour et de tolérance, en détournant le propos sur une cohorte d'hommes maléfiques opposés à cette vision moderne de la femme-héroïne. Comme d'hab', Paquette donne tout sur les planches, et Morrison utilise l'histoire comme véhicule de ses idéaux sur le présent, mais l'ensemble accélère au mauvais moment vers une chute qui prépare (trop tôt) un troisième volume qui risque de se faire attendre. On prend.
Bien qu'elle ait désormais pas mal de retard vis à vis de la VO, la série Immortal Hulk poursuit son chemin en 100% Marvel du côté de Panini Comics. Après avoir été littéralement transporté en Enfer, le Hulk va enquêter sur la mort de son ami Rick Jones, pour faire une découverte qui va forcément lui faire comprendre qu'il n'est peut-être pas la créature la plus monstrueuse sur Terre. On aura de cesse de vous vanter les mérites de cette série régulière, Al Ewing étant vraiment doué pour renouveler ses enjeux et intéresser son lecteur avec cette approche horrifique, où l'entité Hulk est menaçante tant pour Branner que pour le reste du monde. A ce rythme, le seul reproche qu'on a à faire c'est que Panini pourrait doubler la pagination histoire de rattraper son retard (et parce que oui, l'album de 5 numéros à 18€, c'est relou).
Sur une note très personnelle : si vous suivez votre rédacteur en chef préféré depuis 2016 (à l'heure où il rédigeait sur DC Planet), alors vous connaissez son amour inconditionnel pour Supergirl : Being Super. Aussi il est impossible de ne pas toucher un mot d'une façon ou d'une autre (et on reparlera bientôt ailleurs) pour ce récit de Mariko Tamaki et Joëlle Jones, qui était sorti bien avant que DC ne se mette à faire des ouvrages jeunesse, et dont on profite aujourd'hui de l'arrivée d'Urban Link pour le découvrir en VF, après quatre ans à l'avoir réclamé à cor et à cris. Un récit sur le passage à l'âge adulte, avec une Kara adolescente qui découvre l'étendue de ses pouvoirs comme on découvre son corps qui change. Mais une leçon d'écriture formidable, avec un discours sur la perte des êtres chers, sur le deuil, sur la reconstruction personnelle qui fera certainement piquer les yeux de beaucoup, et le dessin de Joëlle Jones magnifique de bout en bout. A l'heure actuelle, Supergirl : Being Super est certainement LA sortie Urban Link à se procurer pour passer un bel été. Vraiment. N'hésitez pas.
En sus des séries dédiées à Conan sensu stricto, Marvel a voulu développer l'univers des écrits de Robert E. Howard avec d'autres mini-séries, dont celle-ci, consacrée au personnage de Valeria. La guerrière était autrefois une jeune fille courageuse, qui a appris à se durcir le caractère au fil de rencontres plus ou moins heureuses, et c'est ce qu'on vous propose de découvrir dans ce récit, qui se concentre notamment sur la mort du frère de Valeria et de la résolution du mystère qui l'entoure. On le dit franchement, l'album publié en VF chez Panini Comics s'adressera surtout aux fans de l'univers, mais n'est pas exceptionnel en soi. La faute à un récit aux portées au final assez limitées, parce que Meredith Finch à l'écriture ne peut pas faire de merveilles non plus. En revanche, on se plaît à retrouver l'illustratrice Aneke sur une mini-série Marvel - elle s'était déjà faite remarquer pour Red Sonja dans ce type de récits, et c'est une approche assez plaisante, avec un encrage racé et des traits assez épais qui rappelleront Joëlle Jones par moments. Pas exceptionnel, mais si vous avez un peu de sous de côté, pourquoi ne pas essayer ?