Par une belle matinée d'automne, le bon C.B. Cebulski, qui cherchait à en apprendre plus sur la culture de son pays natal, se pauma dans le hasard des pages de l'encyclopédie en ligne Wikipédia au chapitre des super-héros japonais. L'éditeur en chef de Marvel finit par tomber sur le héros Ultraman. Hagard, il parcourut les premiers paragraphes consacrés à ce personnage populaire du registre Tokusatsu, pour tomber nez à nez avec une vérité numérique : entre 1966 et 1987, Ultraman aura généré plus de 7 milliards de dollars en merchandising et produits dérivés, soit 17 milliards de dollars ramenés à l'inflation.
"Yatta !" s'écria le bon
Chester dans sa langue natale. "
Nous ferons des comics Ultraman, et nous en ferons plein. Si les gens ont mordu à l'hameçon pour le trekking de
Conan à Las Vegas, y a pas de raison de s'arrêter en si bon chemin." Joignant le geste à la parole, le bonhomme commanda
une première série à
Kyle Higgins,
Mat Groom et
Francesco Manna pour une première série, qui s'apprête à écoper d'une suite.
Spectrum Ray !
A ceux qui n'auraient pas suivi le détail des plans de diversification de
Marvel depuis quelques années (ou en qui souhaiteraient en apprendre plus
sur la vie privée de C.B. Cebulski), la première série
Ultraman actuellement en cours de publication s'ajoute à un plus large effort de fédération des imaginaires, pour tenter de convertir le lectorat japonais, foyer important de consommateurs de BDs, aux personnages de la Maison des Idées. En l'occurrence, le travail de
Higgins et
Groom reste toutefois produit dans une sorte de logique inverse, obéissant à des codes de fiction et de dessin très occidentaux. La série actuelle,
Rise of the Ultraman, est, par exemple, une origin story.
En suivant une logique expérimentale au coup par coup, Marvel limite pour l'instant le concept à de simples suites de mini-séries avec la même équipe créative. Higgins, Groom et Manna rempileront en mars 2021 pour The Trials of Ultraman, suite directe de Rise proposée deux mois après la fin de ce premier projet consacré au super-héros asiatique. Là-encore, le format de récit suit une logique très occidentale dans la lignée des Earth One ou autres réinventions réalistes de justiciers modernes : une fois le monde sauvé, Ultraman doit faire face aux conséquences de ses actes et à la méfiance de ses contemporains, qui voient d'un assez mauvais oeil l'existence de ce personnage tout puissant. Un rapport Man of Steel/Batman V Superman, en somme, avec davantage de monstres géants.
Cinq numéros sont annoncés, avec une première couverture du brave Art Adams pour sceller l'événement.