Article rédigé par Jaime Bonkowski
Après leurs aventures hautes en couleurs à Gemworld, la Young Justice de Brian Michael Bendis et John Timms revient dans le second volume de leur série chez Urban Comics. Exit les combats cristallins du premier tome, nos jeunes héros se confrontent cette fois au labyrinthe du Multivers qui ne cesse de dresser des obstacles entre eux et leur monde. Prêt pour une balade inter-dimensionnelle ?
Si le thème "on est perdu dans le multivers" est vu et revu, force est de reconnaître qu'il est très agréable de voir nos héros galérer avec des bidules magico-technologiques qui les trimballent à droite et à gauche, avec toujours cette questions sous-jacente : le prochain monde sera-t-il le bon ? Le plaisir tient au fait de voir des individus aux pouvoirs surhumains, quasi-divins, se confronter à des forces bien au delà de leur compréhension, et qui essaient de limiter la casse autant que faire se peut en improvisant sur le tas. C'est un bon prétexte à pas mal de situations rocambolesques et franchement marrantes.
À l'instar du premier volume, c'est avant tout le caractère attachant de la Young Justice qui enflamme l'intérêt du lecteur. On s'amuse de voir ces ados jouer aux grands et imiter leurs modèles, le sérieux (et le charisme) en moins. Ces jeunes héros version modèle réduits de la Justice League doivent affirmer leur identité dans l'ombre de leurs aînés, tout en négociant avec leurs propres traumas et difficultés. Les flashbacks revenant sur l'histoire de Teen Lantern et de Jinny Hex viennent à ce titre apporter une profondeur bienvenue à des personnages laissés un peu en retrait dans le premier tome mais qui méritent qu'on s'y intéresse.
Certains personnages ont à l'inverse beaucoup de mal à s'extraire du rôle que Bendis leur impose et manquent de développement. Impulse est le comique de service, Superboy est l'impulsif qui n'a peur de rien, Robin est le leader terre à terre qui prend les décisions, etc etc. Le traitement des personnages est donc plutôt inégal, mais on peut s'attendre à voir ceux mis en retrait dans ce tome être plus poussés en avant dans les suivants, comme c'est le cas ici pour Teen Lantern et Jinny Hex.
Le principal point noir du volume reste néanmoins l'intrigue qui, une fois mise à plat, ne raconte pas grand chose et manque d'inventivité, tenant presque plus du prétexte à l'action que du réel récit. La jeune super-équipe n'en est qu'à ses débuts et cherche ses marques, on en est bien sûr pas encore au stade de se confronter à des menaces galactiques, mais des enjeux un peu plus conséquents auraient été appréciables.
La conclusion du volume prépare toutefois cela avec la disparition d'un des membres, et son sauvetage par l'équipe qui devrait occuper une bonne partie du troisième opus. En bon point on notera également l'arrivée de Naomi (nouvelle co-création de Bendis qui avait eu droit à sa propre série) dans l'avant-dernier chapitre, qui est très attachante par son caractère candide et s'intègre parfaitement à la team. On a hâte de la voir en combat.
Du côté graphique on est régalé du début à la fin. Particulièrement dans le premier tiers qui multiplie les expérimentations visuelles à mesure que nos héros passent d'un univers à l'autre, atterrissant dans une dimension cartoonesque puis dans un monde type Looney Tunes peuplé d'animaux qui parlent. On doit cette diversité de style aux dessinateurs qui viennent prêter main forte à John Timms en apportant leur touche graphique bien personnelle et néanmoins raccord avec l'histoire : Dan Hipp, David Lafuente pour ces aventures farfelues André Lima Araujo et Nick Derington pour les flashbacks que l'on mentionnait auparavant.
Le côté second degré de l'équipe est parfaitement assumé par John Timms qui prend en charge la majeure partie du dessin dans les deux derniers tiers, offrant à la Young Justice de belles splash-page badass bourrées de lasers et de costumes criards. Les scènes de baston sont, à cet égard, particulièrement réussies, et mettent bien en valeur le côté indiscipliné et bordélique de l'équipe, qui reste sacrément efficace.
Ces qualités tempèrent bien les faiblesses scénaristiques du titre, qui reste malgré tout un peu en dessous du premier volume. On compte sur Michael Brian Bendis pour redresser la barre par la suite, et on lui fait complètement confiance là dessus.