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WandaVision : ma sorcière (rouge) bien aimée

WandaVision : ma sorcière (rouge) bien aimée

ReviewSeries tv
On a aimé• C'est possible : l'univers Marvel Studios peut se réinventer
• Un casting formidable
• L'hommage aux séries TV et l'utilisation du "vieux" format à des vues narratives
• Les génériques
• Les multiples clins d'oeil disséminés
• La façon dont le mystère est amené à petites doses
On a moins aimé• Quelques gags qui tirent sur la longueur
• On demande à voir pour le côté action et le vrai liant au MCU
Notre note

Avant-propos : l'article présentement rédigé est basé sur les trois premiers épisodes de la série WandaVision, qui en comptera au total neuf. La critique est garantie sans spoilers.

Tout vient à point à qui sait attendre. Marvel Studios sort en ce début d'année 2021 d'une longue période au cours de laquelle son public n'aura plus fréquenté les salles de cinéma pour retrouver ses personnages. Une période de disette liée à une certaine pandémie mondiale, qui a également retardé le nouveau modèle narratif du géant américain pour la Phase 4 de son univers cinématographique. En effet, plus question de se contenter du grand écran après avoir ramené des centaines de millions de personnes au cinéma au terme d'une immense saga de 23 films. La nouvelle donne se fait chez soi, sur le petit écran, avec les plateformes de streaming, et Marvel Studios ne pouvait manquer ce coche. Le grand pari : avec des séries calibrées pour Disney+, Kevin Feige réussira-t-il ce nouveau défi ? Et fédérer le grand public chaque semaine sur le poste ? 

WandaVision, qui n'était au départ pas censé être la série d'ouverture de cette fameuse Phase 4, a finalement tous les honneurs. Elle permet à se concentrer sur l'histoire romantique d'un duo déjà très apprécié des fans (notamment par le tournant dramatique de leur relation au cours d'Avengers : Infinity War), relation qui n'avait eu que peu de place et se développait surtout entre les films où on l'exposait. D'autre part, il s'agit aussi, dans son premier tiers du moins, de rendre hommage à l'historique de la télévision américaine. Des clins d'oeil, une pointe de mystère, et un ensemble charmant, qui réussit réellement à dénoter de ce que Marvel a pu faire à la télévision ces dernières années. Si l'ensemble n'a rien de révolutionnaire, on se demande pourquoi personne ne l'avait fait avant. En somme, il fallait intriguer, et c'est réussi. Explications.


Et si on tentait d'avoir une vie normale ? 

Wanda et Vision s'installent dans une petite bourgade américaine, bien sous toute apparence. Nouveau travail pour ce dernier, nouveaux voisins-voisines pour la première, et la volonté de bien s'intégrer pour tenter de mener une vie à l'américaine, bien comme il faut. C'est en tout cas ce que la série veut nous raconter, en nous plongeant immédiatement dans une fiction intra-fiction. WandaVision prend tous les codes d'un sitcom à l'ancienne, adoptant le format d'image carrée, un noir et blanc d'époque, et des rires enregistrés (ou pas : le premier doublé d'épisodes a été enregistré devant un vrai public). La série ne fait pas les choses à moitié : un générique animé façon Ma Sorcière Bien Aimée, les bruitages qui accompagnent les touches de magie (ou les capacités spéciales de Vision) : tout n'est que question d'ambiance, et c'est réussi.

La série s'amuse sur le fait d'avoir deux personnages fantastiques dans un cadre supposé terre à terre, qui sera l'occasion (comme Ma Sorcière Bien Aimée, ou même Sabrina L'Apprentie Sorcière) de multiplier les quiproquos ou les situations cocasses. Dans les dialogues aussi, Wanda et Vision multiplient les double-sens, les sous-entendus sur leurs pouvoirs : le public rit car il est complice, et s'amuse des réactions étonnées, parfois effarées, de leurs camarades. Il faut dire que tout le monde semble bien s'amuser, à suivre les dialogues cisaillés de Jac Schaeffer : Elizabeth Olsen et Paul Bettany ont une complicité qui crève l'écran, et les rôles secondaires sont également assurés par des comédien(ne)s en très grande forme. Mention spéciale à Kathryn Hahn qui livre une performance incroyable dans le rôle d'Agnes, la voisine un peu (très) curieuse du couple nouvellement installé.

Avec une durée d'une demi-heure et quelque par épisode, WandaVision essaie de progresser assez rapidement. On comprend au sortir du premier épisode pourquoi Disney+ en diffuse deux d'un coup, le premier étant là surtout pour exposer son concept, quand le second fait évoluer la situation des deux héros, tout en mettant en place ce qui doit être le moteur mystérieux de l'histoire. Comme le laisse entendre le trailer, la réalité dans laquelle s'inscrivent les personnages n'est peut être pas celle que l'on croit, eut égard aux capacités phénoménales de Scarlet Witch, à peine effleurées, au final, dans l'univers de Marvel Studios. La série sait ménager son suspense, et joue sur les codes d'un fantastique doux, mais insidieux. Une réplique par ci, un élément de décor par là : c'est par petite touche que le spectateur, comme Wanda et son partenaire, se rendront compte que tout n'est pas forcément à sa place. Les plus attentifs remarqueront de multiples clins d'oeils et d'indications dès le départ, et la série sait également jouer sur la façon dont elle veut représenter les "distorsions de réalité" avec l'idée que l'on regarde une série dans la série.

Malgré tout, le show ne réinventera pas la poudre, et si l'hommage aux anciennes séries est réussi, il reste le témoin de choses déjà faites par le passé. Une fois les premières blagues et les situations rigolotes passées, ce malgré le format court des épisodes, quelques moments de longueur se feront ressentir. C'est surtout avec le charisme de son cast' que WandaVision réussit à les faire oublier. Mais avec une tonalité comique définitivement assumée, il y a fort à parier que celles et ceux venus chercher un peu de sérieux n'y trouveront pas leur compte, en particulier avec le doublé d'épisode d'ouverture rendu public dès le 15 janvier. Il faut dire que Marvel Studios (et même Marvel Television) n'a jamais tenté ce genre d'approche auparavant. Pas de génie à l'horizon, mais une tentative sincère de se renouveler, d'utiliser des personnages pour s'amuser des codes de la série à tous les niveaux - même les pages de pub' sont réinventées - et cet effort reste à souligner, alors que d'autres productions à venir semblent largement rentrer dans un moule plus conforme, et plus ennuyeux.


On saura donc apprécier cette prise de risque (toutes proportions gardées) et si le versant comédie/sitcom est réussi, il faudra juger de la suite pour voir si WandaVision marque également des points pour un côté plus traditionnel dans le super-héros. Les fans du MCU ne manqueront pas de noter les multiples références à l'univers développé sur grand écran ces treize dernières années, et les fans de comics ne seront pas en reste. Si l'inspiration première est évidemment le Vision de Tom King et Gabriel Walta (mais attention : pour son pitch de vie normale, la séparation avec le reste de cette maxi-série se faisant tout naturellement au vu du contexte), les fans de Scarlet Witch noteront encore plus de références à l'histoire en comics des personnages. Un nom de famille, un détail lors d'un générique animé, il faudra être très attentif pour tout repérer : le fan service est assez bien distribué, avec ce qu'il faut pour appâter le fan, sans verser dans le trop plein ou le trop évident. 

Un triplé convaincant, donc, sur l'intention, malgré un fil rouge qui s'il reste efficace dans l'installation de son mystère, laisse encore perplexe. On devine les grandes lignes, et WandaVision sait disséminer les indices de façon plus ou moins explicite : on joue avec le spectateur et tout sera ensuite une question de rythme pour les six épisodes restants. On attend notamment de voir comment se fera l'intégration avec le reste du "présent" du MCU, qui sera au coeur des enjeux narratifs. En l'état, WandaVision devrait au moins attirer votre curiosité par son approche, une réalisation carrée (sans jeu de mots) et - encore une fois - son casting convaincant, pour vous convaincre que Feige et ses équipes vont peut être bien profiter du décalage de The Falcon & The Winter Soldier pour proposer le fer de lance dans la partie télévisuelle de leurs univers partagé. 

On ne demandait qu'à être convaincu, le résultat est convaincant. Marvel Studios réussit à se renouveler avec le premier tiers de WandaVision. En allant rendre hommage à l'histoire de la sitcom américaine, la série sait faire usage de ses personnages, approfondit une relation qui avait besoin de l'être, multiplie les clins d'oeil aux comics tout en distillant un mystère bien présent. De bonnes idées pour jouer sur le "format TV" à la fois dans et hors de la série, un casting franchement formidable, et une durée "courte" (une demi-heure) qui permet d'éviter les longueurs (même si celles et ceux qui n'adhèrent pas au concept pourront trouver le temps long). Tout va reposer maintenant sur la façon dont WandaVision va réussir ou non à s'intercaler avec le reste de la bâtisse Marvel Studios. Mais sur cette première base, disons le clairement : on espère que toutes les séries Disney+ du géant américain auront quelque chose d'aussi rafraichissant.

Arno Kikoo
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