Cette fois, c'est bon, la machine est lancée. Une semaine de pause a passé depuis la conclusion de WandaVision que déjà arrive sur Disney+ la seconde production télévisuelle de Marvel Studios. Falcon & Le Soldat de l'Hiver doit, comme sa grande soeur, faire évoluer avec ce nouveau modèle narratif (comparé à la première décennie du MCU qui s'est contentée du grand écran) le MCU par le biais de ses personnages secondaires. Nous avons pu regarder le premier épisode de la série, et si les fans des super-héros Marvel se retrouveront certainement en terrain connu, c'est peut-être bien là le problème. Explications.
Contrairement à WandaVision qui plaçait dès ses deux premiers épisodes une boîte mystère et laissait ses spectateurs avec un grand nombre d'interrogations, Falcon & Le Soldat de l'Hiver opère avec un contexte immédiatement placé. Quelques temps ont passé depuis la conclusion d'Avengers : Endgame, et la série doit montrer comment Sam Wilson (Anthony Mackie) et Bucky Barnes (Sebastian Stan) doivent opérer dans un monde sans Captain America. La question de l'héritage de Steve Rogers et de sa symbolique est très rapidement posée, et ce de manière évidente, mais ne constituera pas encore le fil rouge de l'intrigue. D'abord, il faut explorer les traumatismes de chacun des deux protagonistes, dans l'espoir supposé de leur créer une empathie assez forte. Bien que présents depuis les deux premiers Captain America, les deux héros n'ont pas eu forcément droit à d'importants développements. La situation a ceci d'intéressant que les deux bonhommes sont dans deux situations bien différentes : d'une part Bucky doit rattraper les erreurs de son passé de Winter Soldier ; de l'autre, Sam essaie de se retrouver avec sa soeur, alors que cette dernière a vécu les cinq dernières années seules, épargnée par le "blip" de Thanos.
Les équipes essaient donc de rendre Sam et Bucky attachants vis à vis de leurs traumatismes, et s'il est en effet juste d'explorer sous un nouvel aspect les conséquences du fameux "snap", qui n'avait rien d'anodin mais que Endgame ne permettait pas d'explorer en profondeur, la lenteur des scènes et l'absence de charisme du casting général empêche de se prendre au jeu. Ce n'est pas que les comédiens jouent mal, c'est qu'on ne les voit pas déployer plus d'efforts que ça, se contentant de dérouler quelques répliques de façon automatique - mention spéciale pour Sebastian Stan franchement déroutant par le regard vide qu'il propose à plusieurs instants. Un constat d'autant plus dommageable qu'à l'occasion d'un passage qui donne l'occasion de retrouver le Winter Soldier (période vénère), on se rappelle pourquoi le second Captain America avait tellement plu.
L'aspect tacticool se laisse ressentir : en dehors des traumas respectifs, et de la question du devenir de Captain America, se dessine également un complot géopolitique, avec un curieux groupuscule de terroristes masqués, annonciateur déjà de la présence d'un certain super-vilain. Falcon & Le Soldat de l'Hiver démarre avec une scène d'action proprement spectaculaire - il faut reconnaître que toutes les séries de super-héros n'arrivent pas à ce niveau - mais le budget ne fait pas tout. Qu'il s'agisse de virevoltées de Falcon ou de combats en corps à corps, la série n'innove pas, ni dans ses propositions, ni dans la réalisation. On peut se douter que des nouveaux venus de Marvel Studios (ou des personnes peu regardantes) y trouveront leur compte, mais il n'y a rien pour le moment qui n'a déjà été montré.
Le ressenti en pâtit forcément, le temps se fait long (même si on n'a droit qu'à une quarantaine de minutes). Bien entendu, la qualité de production générale est indéniable. Bien sûr, le cliffhanger se montre assez efficace, et pour celles et ceux qui ont regardé les différents matériels promotionnels, il y a assez d'images intrigantes pour avoir envie de regarder la suite. Mais dans un monde où le temps est une donnée précieuse, et si l'on n'est pas un fan de comics ou de l'univers Marvel Studios, Falcon & Le Soldat de l'Hiver prend un vrai risque avec ce seul pilote pour démarrer, car il est encore bien trop sage. Ce, sur tous les plans. Soyons honnêtes : on ira évidemment regarder la suite car il serait comme pour toutes les séries (sauf catastrophe évidente) dommage de rester sur une première mauvaise impression. A l'heure où l'on demande au MCU de ne pas se reposer sur ses acquis, cet épisode d'ouverture laisse entendre qu'au contraire, la formule militaro/espionnage maintes fois usée n'est pas l'air de vouloir sortir de la norme - ce ne sont pas les 2/3 sous-textes politiques qui changeront quoi que ce soit.
On ne doute pas que Sam Wilson et Bucky Barnes ont quelque chose d'important à nous dire. Sur eux mêmes en tant que personnages, avec leurs propres traumatismes à gérer, liés de près ou de loin au sort de Captain America ou des conséquences d'Avengers : Endgame. On ne doute pas que Marvel Studios s'en garde sous le coude en termes d'intrigues, de réalisation et d'action, et il y a déjà quelques jolis passages dans ce pilote. Mais tout reste dans la norme d'une formule que l'on connaît déjà, avec un casting qui ne semble pas lui même convaincu de ce qu'il a à proposer. Au sortir de ce pilote, Falcon & Le Winter Soldier ressemblerait plutôt à un soldat pantouflard qu'à la force d'élite qu'il pourrait être. Gageons que la suite saura prendre un peu plus d'altitude.
Falcon & Le Soldat de l'Hiver démarrera le 19 mars 2021 sur Disney+.