L'actualité des NFTs s'est largement accélérée depuis l'an dernier, avec l'entrée sur le marché de nombreux acteurs des industries culturelles (entre autres choses, puisque même McDonald's s'y met pour les amateurs de dessins de burgers en numérique) et l'adhésion collective des médias généralistes à cette discipline. En attendant de constater l'évolution de la bulle à long terme, les artistes de bande-dessinée répondent à la demande. Même là où on ne s'y attendrait pas - Geof Darrow, par exemple, a récemment posé un pied dans le secteur. Moins surprenant, Rob Liefeld prend le train en marche, pour alimenter l'habituel va-et-vient de sympathie et d'animosité de son image publique.
Rob le Marrant
En partenariat avec la société de NFTs MakersPlace, Liefeld présentera quatre créations disponibles à l'achat, avec un premier objet numérique disponible d'ici le 20 janvier 2022. Si le communiqué de presse vante, comme souvent, les hauts faits du dessinateur en évoquant les personnages de Deadpool et Cable, et la participation du bonhomme à la création des éditions Image Comics, le contenu proprement dit n'est pas précisé. Lui parle d'un "monde nouveau", "original", "fou", MakersPlace parle de "plusieurs personnages" baptisés The Defiants, "unis pour sauver l'humanité. Quant à savoir s'il s'agira d'une bande-dessinée ou de simples oeuvres d'art, le mystère reste entier. Vraisemblablement, une nouvelle équipe de super-héros piochés dans différents imaginaires (en se basant peut-être sur des créations précédentes, mais c'est difficile à dire, à partir du moment où le bonhomme fonctionne sur un modèle de héros déclinés en boucle depuis ses débuts).
Le
Hollywood Reporter explique que
Rob Liefeld développe un nouveau projet depuis quatre ans et que ces NFTs ne seraient que l'introduction d'un ensemble plus général. Une annonce plutôt curieuse - il y a quatre ans, le dessinateur était censé travailler
sur le roman graphique Brigade qui n'a jamais été envoyé aux contributeurs des campagnes
Kickstarter et
IndieGoGo. Le bonhomme n'en est pas à son coup d'essai sur les effets d'annonce, ou sur l'utilisation de nouvelles méthodes de financement pour se lever des fonds sans tenir ses promesses dans la foulée.
Pour l'anecdote, le bonhomme s'était même déjà exprimé sur le projet en avril dernier, en expliquant qu'il avait bien caressé l'idée de se lancer dans le NFT mais que la question environnementale et le marché actuel posaient de trop grosses questions. Il a manifestement, depuis, changé d'avis ("nan mais c'est bon, la COP26 elle a tout solutionné, ça le fait maintenant les gars promis, laissez moi faire de l'oseille").
Mais, au demeurant, tout ça n'a pas grande importance - moins utilisés à des fins artistiques que pour leur valeur faciale, les NFTs servent surtout à spéculer sur un marché en pleine frénésie, à coups d'échanges et de transactions en argent réel comme en cryptomonnaies. Des NFTs générés par algorithmes trouvent preneurs, des modèles 3D, des gifs animés de la marque Taco Bell, des extraits vidéos, des tweets, des captures d'écran, des cartes pokémon Logan Paul, ou bien les oeuvres d'autres dessinateurs volées sur DeviantArt et transformées en objets numériques sans l'accord de leurs propriétaires. L'article s'arrête là avant de recevoir l'accusation grave de vouloir empêcher le progrès (remarquez l'effort, on n'a même pas parlé empreinte carbone). Le lien du premier des quatre NFTs de Rob Liefeld est accessible en lien source, pour ceux de son public le plus fidèle toujours impatients de payer au dessinateur ses prochaines vacances à la montagne.