Les gosses nés aux alentours de 1990 le savent mieux que personne : tout est meilleur avec des dinosaures. Avant ou après la mode lancée par Jurassic Park, ces magnifiques aviens hantaient déjà les obsessions des mômes d'une génération fédérée autour des acquis posés quelques années plus tôt (à savoir les ninjas et les robots, en résumé), pour transcender le consumérisme du cool sur toute une série de produits de grande consommation. A commencer par les cartoons - prenez Cadillacs et Dinosaures. Qui en aurait quelque chose à faire de la bagnole s'il n'y avait pas eu des dinosaures pour lui cavaler après ?
Et Denver ? On s'en fout de sa bande de potes, c'est le dinosaure qui joue de la guitare dans le générique la vedette. Et Petit Pied, c'était pas de la folie, franchement ? Dans Dino-Riders ils avaient même des lasers sur les dinosaures. Et les Dino-Zords de la première génération de Power Rangers, c'était les meilleurs ou quoi ?
En résumé, les dinosaures : c'est bien
C'est en tout cas ce que semblent penser Juan Gedeon et Daniel Warren Johnson, à l'origine d'un concept farfelu de réalité parallèle baptisé The Jurassic League. Le principe ne s'embarrasse pas à chercher une justification compliquée : dans un monde calqué sur les dynamiques quotidiennes des personnages de DC Comics, les héros traditionnels sont cette fois interprétés par des dinosaures. Wonder Woman est une torosaure, Batman - ou Batsaur, comme le précise Gedeon dans la présentation accordée à la rédaction de Kotaku - est un allosaure, et Superman est toujours un extra-terrestre élevé sur Terre par des parents humains, mais moins anthropomorphe qu'à l'accoutumée. Son physique a manifestement été calqué sur celui d'un brachiosaure bleu, qui ne ferait plus qu'un avec son costume.
Le principe de la série, ouvertement absurde, ne cache pas son intention de délire régressif et générationnel. Gedeon et Johnson avouent s'être inspirés de dessins animés tels que les Tortues Ninja, Street Sharks, du jeu vidéo Primal Rage, du dessin animé Primal de Gendy Tartakovsky, et du génial roman graphique Age of Reptiles de Ricardo Delgado, une histoire muette au temps des dinosaures inspirée par le cinéma d'Akira Kurosawa. Etonnamment, le dessin animé Extreme Dinosaurs, un pastiche des Tortues Ninja comparable à Street Sharks, ne figure pas dans la liste des inspirations de ce projet.
Daniel Warren Johnson se cantonnera cette fois à un rôle de scénariste, sur les dessins de Juan Gedeon, à l'origine de la proposition. L'artiste explique avoir eu ce caprice, et cherché ensuite quelles espèces animales seraient susceptibles de coller aux personnages de DC Comics dans cette réalité transformée. Le Joker sera par exemple un dilophosaure, en accord avec son goût pour la mise en scène. Le bonhomme explique en outre que s'il paraît forcément un peu grotesque qu'un allosaure ait décidé de se vêtir d'un masque de chauve-souris pour instiller la peur dans le coeur de ses ennemis (comme le vrai Batman, en somme), sa chauve-souris à écailles ne mangera pas de viande, en accord avec l'idée que le héros ne tue pas ses adversaires. "Et puis les allosaures ont des petites oreilles pointues comme Batman", ajoute-t-il, pour la cohérence diégétique. Avouez que c'est déjà beaucoup plus cool que le Bat-T-Rex de Death Metal.
Les premières planches sont déjà magnifiques et confirment
l'esprit de grand gamin amateur de grosses bêtes des productions
Daniel Warren Johnson. En attendant le
crossover avec
Murder Falcon, le premier numéro de
The Jurassic League est attendu pour le 10 mai 2022 avec une couverture variante de
Walt Simonson. Le titre devrait s'étendre sur six numéros.