Retour à l'envoyeur. En 1982, l'immense metteur en scène George Romero, accompagné par un Stephen King encore débutant dans l'écriture de scénarios, imagine un long-métrage basé en grande partie sur les périodiques de la compagnie EC Comics. Cette maison d'édition, spécialisée dans les anthologies prenant pour l'épouvante comme terrain de jeu (Tales From the Crypt, The Haunt of Fear), inspire aux deux maîtres de l'horreur la création du film Creepshow. Une sorte d'adaptation hors licence, comme le Darkman de Sam Raimi pour The Shadow, ou les Feebles de Peter Jackson pour les peluches du Muppet Show. La propriété intellectuelle Creepshow va toutefois finir par trouver son chemin vers le format comics quarante ans après la sortie du film, par les équipes de Skybound Entertainment.
Creepshow Don't Tell
Paradoxalement, la société de
Robert Kirkman s'était déjà penchée sur un format comparable
avec la tentative Skybound Presents Afterschool, une autre anthologie d'horreur basée sur l'idée d'engager des scénaristes venus de l'industrie de la série télé' pour de petites histoires courtes qui filent la pétoche.
Les comics
Creepshow s'annoncent comme une réponse inverse, s'agissant cette fois d'adapter une série télévisée avec des artistes de comics à la manoeuvre.
Kirkman a effectivement acheté les droits de la franchise à la plateforme
Shudder,
une petite antenne de VOD tenue par des passionnés du cinéma de genre. Celle-ci propose depuis quelques années une série
Creepshow pilotée par
Greg Nicotero, le chef de projet sur l'adaptation de
Walking Dead. Cet ancien chef maquilleur et responsable des effets spéciaux joue le rôle de
showrunner sur cette lecture moderne du film de
Romero - qui avait eu droit, à l'époque, aux talents du génial
Tom Savini, un autre grand nom des effets spéciaux concrets pour les films d'horreur des années quatre-vingt. En somme, rien de très déshonorant.
Skybound annonce une mini-série en cinq numéros, avec un panel créatif plutôt impressionnant : Chris Burnham, Paul Dini (!), Steve Langford, Josh Malerman, David Lapham (!!), Maria Lapham, Steve Foxe, John McCrea, Kelley Jones, et d'autres scénaristes ou dessinateurs qui seront annoncés un peu plus tard. Sur le papier, le lien avec la série de Shudder n'a qu'une valeur juridique, puisque celle-ci respecte l'aspect anthologique du film d'origine. En somme, puisqu'il n'y a pas de trame fédératrice ou de fil rouge, les équipes créatives devraient avoir l'opportunité de raconter ce qu'ils veulent avec pour seule contrainte de coller à l'esprit général ou à l'esthétique de cette résurrection de franchise des années quatre-vingt.
Paradoxalement,
Creepshow n'avait jamais eu droit à une franche déclinaison au format comics par le passé, à l'exception d'un tout petit projet d'adaptation (au premier degré, basé sur les différents segments du film) en 1982 par le vénérable
Bernie Wrightson. On comptait aussi en 2019
un comicbook Creepshow #0 distribué par Heavy Metal à des fins promotionnelles pour la série de Shrudder. Si les anthologies d'épouvante sont aujourd'hui monnaie courante sur le marché indépendant,
Skybound s'en sort bien en avançant le budget nécessaire à une large mobilisation de grands noms. La plupart d'entre eux ont en plus l'âge nécessaire pour avoir grandi avec le
Creepshow de
Romero,
King et
Savini (ou son équivalent en VHS) et auront sans doute envie de rendre hommage à ce trio de géants plutôt qu'à la série de
Shrudder.
Creepshow #1 est attendu pour le 21 septembre 2022, avec une chouette couverture de Chris Burnham.