Sans grande surprise, la série Paper Girls vient s'empiler au sommet des adaptations tuées dans l'oeuf. Ou peu de temps après éclosion, selon le moment où on positionne la fin de gestation. Comme Y : The Last Man, M.O.D.O.K., Daybreak ou Naomi, le feuilleton a effectivement été annulé après une seule et unique saison. Une tradition qui perdure pour les projets de ce type - et en vérité, pour mettre de côté les productions liées à l'imaginaire des super-héros, Paper Girls a bien plus à voir avec Y : The Last Man dans cette catégorie de produits que le diffuseur n'essaye même pas de pousser au marketing.
Résultat : l'échec
Un échec total même, puisque si le studio ne risque pas de rentrer dans ses frais sur le plan de ce qui a été investi pour cette première saison, la plateforme avait pu compter sur un accueil critique plutôt solide. Sur la plateforme RottenTomatoes, Paper Girls s'était effectivement hissée à un score de 90% pour les professionnels, et 88% pour le public. La plateforme Metacritic, sur une base d'avis plus restreinte, recense quant à elle 70% de papiers positifs déposés par différents journalistes. En somme, Prime Video ne peut pas se retourner vers la qualité du produit pour justifier les audiences relativement basses. En particulier quand la plateforme n'a pas fait de réel effort publicitaire, préférant se concentrer sur le lancement de la série Les Anneaux de Pouvoir.
Prise dans une sorte d'étau, entre la quatrième saison de
Stranger Things, le lancement de
House of Dragon, et de ce premier spin-off du
Seigneur des Anneaux,
Paper Girls, nouvelle franchise, difficilement armée pour faire face à la concurrence (en particulier quand le principe même de cette production articulée autour de jeunes actrices pouvait difficilement compter sur la notoriété encore naissante de ses interprètes) est aussi tombée au mauvais moment. De son côté,
Netflix a généré un certain effort publicitaire pour le lancement de
The Sandman sur la même période, et le comparatif du "bruit médiatique" suffit à lui seul à contextualiser, dans cette économie de l'attention où le public est constamment sollicité,
l'engouement largement inégal pour ces deux adaptations une fois la poussière retombée.
Les studios Legendary, à l'origine de cette première saison, vont tenter de trouver un autre distributeur pour tenter de lancer une éventuelle saison 2. A suivre, donc, mais la nouvelle reste une crève-cœur - et ce même si pour les éventuels détracteurs de cette adaptation.
D'abord parce que ce genre d'aveu d'échec impacte aussi les créateurs de comics, qui peuvent difficilement faire valoir leurs noms comme un gage de sûreté à Hollywood une fois associés à un échec - et surtout parce que Paper Girls reste une excellente BD. Or, les créations éditées sur le marché des comics indépendants n'ont presque jamais l'occasion d'une seconde chance pour une nouvelle tentative d'adaptation. Comme pour Y : The Last Man, la sensation de gâchis s'impose comme le constat le plus évident.