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Black Panther : Wakanda Forever, retour en demi-teinte au Wakanda

Black Panther : Wakanda Forever, retour en demi-teinte au Wakanda

ReviewCinéma
On a aimé• Des actrices toujours aussi convaincantes
• Un Namor au départ intéressant...
• Une bonne intro' pour Riri Williams
• Les recherches visuelles (costumes) pour le Wakanda et l'empire Talocan
• La tracklist pleine d'artistes à découvrir
• Un bel hommage à Chadwick Boseman...
On a moins aimé• Les personnages secondaires (blancs)
• ... mais qui devient inutilement belliqueux
• Des enjeux artificiels
• Toujours plein de problèmes d'effets spéciaux
• ... mais le film n'arrive pas à passer au-delà de ça
Notre note

Immense succès commercial lors de sa sortie en 2018, Black Panther était également salué par une bonne partie de la critique, pas seulement pour ses qualités intrinsèques que pour l'importance symbolique du film. Bien que des héros noirs tels que Blade ou Steel aient pu avoir droit à un film solo bien des années auparavant, Black Panther était le premier film de la sorte dans l'ère moderne du cinéma de super-héros, qui a longtemps rechigné à mettre autre chose que les archétypes de personnages habituellement, essentiellement masculins et clairs de peau. De quoi montrer aux cols blancs/cravates du tout Hollywood qu'un film bien fait mettant en scène des héros divers peut tout autant réussir - et sur ce point, Ryan Coogler et ses équipes faisaient plaisir. 

Le Wakanda du MCU fourmillait d'inspirations visuelles, les costumes et apparats donnaient corps à au peuple imaginé par Stan Lee et Jack Kirby il y a bien des années, tandis que les efforts faits sur la bande-son, pilotée par Kendrick Lamar, participaient à la réussite franche du film - ce, malgré des défauts évidents, notamment du point de vue des effets spéciaux, d'un combat final où le numérique tournait au n'importe quoi, et avec une conclusion un poil étrange sur le message politique qu'elle véhiculait. On se rappelait surtout que les personnages féminins avaient rarement eu autant d'importances, et il faut bien avouer que la paire Chadiwck Boseman/Michael B. Jordan était un véritable rouleau compresseur de charisme, à lui seul capable d'initier un mouvement de popularité sans précédent pour le super-héros Marvel. Wakanda Forever, voyait-on clamé sur les tapis rouges, les bras croisés en signe de ralliement. 


Il arrive des fois que le destin frappe à la mauvaise porte et que les plans d'une success story soient profondément bouleversés. Alors que le second film Black Panther était au coeur de toutes les attentes pour les fans du MCU, une pandémie mondiale qui a ralenti tous les chantiers de production, et le décès de l'acteur Chadwick Boseman, des conséquences d'une lourde maladie, font que Black Panther : Wakanda Forever n'est pas le film que l'on aurait dû avoir (à la manière d'un The Dark Knight Rises qui a subi lui aussi le décès d'une de ses vedettes). Si Ryan Coogler voulait bien aborder la thématique du deuil dans son film, en montrant l'absence de T'Challa au cours des cinq ans de la période du "Blip" provoquée par Thanos dans Avengers : Infinity War, le film va rester sur le deuil. Mais de son personnage principal, alors que l'ensemble du casting a dû pleurer, pour de vrai, la mort de celui qui, non content d'être un acteur formidable, semblait être un partenaire de travail, sinon plus, une personne appréciable en tous points. 

Comment faire un film qui puisse rendre hommage au disparu sans trop s'appesantir sur cette absence, comment faire évoluer ce pan de l'univers Marvel Studios sans sa figure principale ? De façon plus ou moins heureuse, les comics abordent souvent la notion de mort, d'héritage et de passation de costume/pouvoir. Il n'y avait donc qu'à regarder ce qui avait déjà été publié, et de composer avec les plans initiaux, qui devaient en tous les cas faire intervenir Namor dans l'équation. Au sortir, si l'hommage est réussi, et que Black Panther : Wakanda Forever a d'indéniables qualités, on peine à se passionner pour ce que le film nous montre, comme si Coogler et ses équipes n'ont finalement pas encore réussi à se relever de ce qu'ils ont dû traverser.

Le choc des civilisations

Pas de Marvel Fanfare habituelle. Black Panther : Wakanda Forever s'ouvre de façon brutale sur une scène qui annonce la mort de T'Challa, parti des conséquences d'une maladie que même les équipes médicales du Wakanda ne peuvent guérir, puisque Killmonger a fait détruire toutes les herbes-coeur dans le précédent volet. La nation toute entière doit donc pleurer le départ de son roi et de son protecteur. Alors que la Reine Ramonda (Angela Basset, impériale) doit mener d'une main de fer son pays face aux attaques politiques des autres nations, toutes très intéressées par le précieux minerai, il s'avère que du vibranium puisse également être trouvé dans les fonds marins. C'est là que réside en effet une autre civilisation qui a profité des bienfaits de ce matériel et a su vivre à l'abri du regard des autres. Aussi, quand une personne est visiblement assez intelligent pour inventer une technologie détectrice de vibranium et que la cité sous-marine est perturbée, un certain Namor (Teloch Huertan) veut retrouver cette personne et l'éliminer pour préserver son royaume. Mais Shuri (Letitia Wright) et Okoye (Danai Gurira) ne peuvent être d'accord avec cette façon de faire et décident de retrouver ladite personne avant l'empire Talocan (qui est le nom donné à cette version aztèque/maya d'Atlantis). S'ensuit alors un conflit inéluctable, dans lequel les pays "normaux" ne pourront faire grand chose qu'observer deux super-puissances titanesques s'affronter.


L'ambiance n'est donc pas à la rigolade dans cette énième production Marvel Studios, sur laquelle il est difficile de coucher proprement un sentiment. La présentation du monde Talocan et de son régent, Namor - avec les différentes notables vis à vis des comics, mais aussi certains rapprochements qui feront plaisir aux fans de bande dessinée - est correcte, et Teloch Huertan incarne une version convaincante du personnage. L'ensemble du casting, majoritairement féminin, montre une fois de plus à quel point Ryan Coogler (à qui l'on doit l'histoire au global et la co-écriture du script) sait les mettre en avant de façon très organique, en les rendant maîtresses de leurs action et de leur destin. Shuri, qui marquait l'opposition avec les traditions familiales et nationales de son pays, doit forcément réévaluer son rôle en tant qu'unique héritière, tandis que Ramonda fait face à un deuil terrible, tout en restant la plus digne possible. Okoye et Nakia (Lupita Nyong'O) ne sont pas en restes - mais les actrices nous avaient déjà prouvé dès le premier film, et par leurs autres prestations depuis, tout le talent qu'elles ont. Si l'on peine à s'intéresser aux intrigues secondaires qui ne concernent pas le Wakanda (tout ce qui tourne autour d'Everett Ross - Martin Freeman - pourrait disparaître, à peu de choses près, sans que cela change grand chose), l'intrigue générale suit une direction assez normée, qui manque à peu de choses près ce qu'il faudrait pour sortir d'un schéma narratif très automatique.


Exprimons le plus clairement : on se retrouve typiquement dans une situation où le conflit qui oppose le Wakanda à l'empire Talocan n'a aucune raison réelle d'exister, un dialogue précis montrant très clairement que tout aurait pu être réglé bien plus rapidement - avec un dernier acte automatique qui aurait alors disparu, ce qui n'aurait pas été de trop compte tenu de la longueur de l'ensemble. Ce n'est pas qu'il n'y a pas d'enjeux (ils sont artificiels pour une partie d'entre eux, et attendus pour d'autre) ou de surprises (il y en a quelques unes). Ce n'est d'ailleurs pas non plus proprement un problème de personnages, car il y a des choses à raconter avec Shuri, Nakia et Okoye ainsi qu'avec Namor. Même Dominique Thorne campe une Riri Williams convaincante dans son interprétation. Le souci, c'est que ce qu'on leur donne à faire n'est au final pas consistant, ni très emballant. Au-delà de leur deuil et de la nécessité d'aller de l'avant, les personnages n'ont au final pas tant à raconter - du moins, pas pour justifier un film aussi long, et comme on l'écrivait, la façon artificielle dont le conflit principal se monte fait qu'on s'en désintéresse rapidement. D'autant plus que personne ne s'attend à autre chose que la résolution proposée - on reste dans l'univers Marvel Studios, après tout. Sur la question de l'humour, Wakanda Forever est l'exemple même que lorsque le scénario ne s'y prête pas, mieux vaut ne pas en faire. Une ligne de dialogue sur du fond de teint (qui permet un honteux placement de produit pour Rihanna) ne pourra pas mieux démontrer ceci. 

Le problème, quand l'histoire manque d'intérêt, c'est que beaucoup d'autres aspects plus techniques et visuels en pâtissent directement. Black Panther : Wakanda Forever est en effet plutôt joli à regarder. Pas du côté des effets spéciaux (on y reviendra après), mais on retrouve une direction artistique très inspirée, avec des costumiers qui se font réellement plaisir (la scène de "l'enterrement" est splendide pour les yeux) et parce que les formes et couleurs donnent à voir un aspect du MCU que l'on ne retrouve que peu, sinon jamais dès lors qu'on ne s'intéresse pas au Wakanda. L'aspect nouveau avec l'empire Talocan est l'imagerie méso-américaine de l'ère pré-colombienne (votre rédacteur n'étant pas spécialiste de la question, on imagine que des historiens pourront y redire quelque chose plus en détails) qui apporte là aussi une certaine identité visuelle. On retrouve donc des éléments architecturaux et des costumes semblant antiques, qui cotoient un armement et des objets ultra-technologiques, et le mélange a tendance à fonctionner. De la même façon qu'on s'amusait à voir les armées aquatiques d'Aquaman, ici aussi on se plaira à voir comment la faune marine est adaptée et utilisée par Namor et ses pairs, même si tout est loin d'être plaisant au regard. Les scènes sous-marines sont en effet assez mal éclairées et le rendu numérique, avec une impression de flou constante, montre qu'il n'est toujours pas aisé de rendre crédible ces univers aquatiques (fort heureusement, le film sort avant Avatar 2 qui devrait changer la donne sur cette affirmation). 


Et parce que la méthode de production des films du MCU n'a pas changé dans l'ère Covid, Black Panther : Wakanda Forever va souffrir des mêmes écueils que l'on a pu faire aux précédents films, avec des effets numériques peu avenants, des doublures de personnages en CGI qui vieillissent instantanément à l'écran - l'animation du nouveau Black Panther, se voulant stylisée, peine à convaincre. Du côté de la réalisation, Ryan Coogler est également dans une forme de sobriété qui laisserait croire qu'il n'a en fait pas tant d'idées que ça - le ressenti global, c'est que tout le monde avait plus envie de rendre hommage à Chadwick Boseman, et il est impossible de reprocher cela, mais que le film n'arrive pas à passer le cap de cette envie initiale. Conséquence : si le spectacle se laisse regarder (parce qu'il semble être fait sincèrement), on ne pourra pas non plus écrire qu'il est bien emballant. D'autant plus quand le propos politique finit rapidement par disparaître face à des enjeux automatisés. 

Notons tout de même dans les bons points également la bande-son de Ludwig Göransson, dont on ne doutait pas de l'efficacité, mais aussi les titres qui viennent se greffer à la bande originale. Si les deux chansons de Rihanna sont très franchement oubliables, on retrouve en revanche des titres de très bonne facture. Coogler et ses équipes sont de nouveau aller chercher des artistes noir-américains, mais aussi nigérians (CKay, Fireboy DML), d'Afrique du Sud (DBN Gogo) et on appréciera encore plus d'avoir des chanteuses et rappeurs mexicains (Alemàn, Foudeqush), la meilleure participation à notre sens étant celle de Pat Boy et du Adn Maya Colectivo pour une excellente composition rappée en Maya yucatèque. De ce coté, la démarche artistique est franchement réussie, et on se plaît à réécouter l'album - plus qu'on a envie de revoir le film. 


Mis à part une ultime scène qui fait s'interroger à plusieurs égards sur le devenir de la franchise, Black Panther : Wakanda Forever n'est donc pas le rafraichissement que l'on pensait avoir pour conclure, au cinéma, l'étrange Phase 4 de Marvel Studios. Peut-être parce que Ryan Coogler avait su insuffler une identité à cet univers et avait donc créé des attentes pour son film, alors que c'est moins le cas pour d'autres projets arrivants ou annoncés. Le voyage sous les mers n'est pas foncièrement déplaisant, mais il ne captive pas autant - et il faut bien le dire que l'ombre du regretté Chadwick Boseman est trop importante pour réussir à se défaire de l'idée qu'il était, évidemment, en grande partie responsable de l'attachement que l'on peut avoir à Black Panther. Le film reste important à notre sens par son existence et parce que ces personnages ont tout à fait le droit d'avoir des films moyens comme les autres personnages du MCU, et il serait injuste de ne pas écrire que la proposition artistique de Wakanda Forever reste bien au-dessus de ce que Black Widow, Shang-Chi ou l'infâme Thor : Love & Thunder nous a donné (même Eternals est au final assez terne). On imagine que le spectacle que le film représente, et que son impact en termes de représentations, aura une importance pour une partie du public. Pour le troisième opus, il faudra désormais aller réellement de l'avant et que Marvel Studios fasse pleinement confiance à ses héroïnes pour qu'elle fasse vivre le Wakanda par elles-mêmes. 

Arno Kikoo
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