Semaine atroce pour la communauté comics, qui continue de passer par une année 2022 particulièrement douloureuse. Alors que nous vous faisions part plus tôt dans la semaine de la disparition de ce monde de Kevin O'Neill, c'est une autre légende de la bande dessinée américaine qui s'en est allée, le dessinateur espagnol Carlos Pacheco.
Comme dans le cas de George Pérez, la nouvelle de la disparition de Carlos Pacheco n'est pas vraiment une surprise, mais n'en est pas moins douloureuse. Au mois de septembre dernier seulement, le dessinateur avait en effet fait part publiquement du terrible diagnostic qu'on lui avait donné de la maladie de Charcot, une affliction neuro-dégénérative à l'issue fatale. En toute honnêteté, nous ne nous attendions pas à vous faire part du départ de l'artiste aussi rapidement. Le dessinateur s'est éteint dans la soirée du 9 novembre après une journée passée en soins palliatifs - de quoi semer le trouble lorsque les journaux, pourtant sérieux, El Pais et El Mundo ont annoncé dès le matin la disparition du dessinateur alors que ce dernier était encore parmi nous, et de rendre pour la famille et les proches une situation encore plus douloureuse que nécessaire.
Carlos Pacheco a étudié la biologie avant de se consacrer au dessin de bande dessinée. Il commence dans les années 1990 à être publié, d'abord dans son pays, pour les versions traduites des comics Marvel en Espage, avec une première histoire de huit pages intitulée American Soldier, avant de créer des équipes de super-héros locaux pour l'éditeur Planeta De Agostini. C'est à cette époque qu'il commence à travailler avec Jesus Merino, qui deviendra l'un de ses encreurs les plus réguliers (avant que lui-même n'embrasse une carrière d'artiste complet). Il dessine ensuite le titre Dark Guard pour le label britannique Marvel UK qui lui vaut d'attirer l'attention des américains. Partant de là, Carlos Pacheco démarrera sa carrière à l'international, dès 1993, qu'il poursuivra jusqu'à cette année.
Les travaux de Pacheco sont trop nombreux pour être listés sans risquer d'en oublier, mais sa carrière a laissé une marque indélébile pour l'industrie des comics et de nombreux artistes ont été influencés par ses oeuvres, et notamment ses collaborations avec Kurt Busiek (Avengers Forever, mais aussi Arrowsmith, que les deux avaient retrouvé l'an passé pour une nouvelle mini-série). Chez Marvel, sont cité ses numéros de Starjammers, Excalibur, X-Men, ou Age of Ultron tandis qu'on lui doit chez DC Comics JLA/JSA : Virtue and Vice, du Superman/Batman avec Jeph Loeb ou Superman avec Kurt Busiek - un autre de ses plus fidèles compagnons de carrière, vous l'aurez compris.
Célébré autant pour ses qualités artistiques que pour sa personnalité et son côté bon vivant, Carlos Pacheco était bien évidemment très apprécié en France, ayant initié toute une génération de lecteurs aux comics, et nous avait fait l'honneur de sa présence à plusieurs reprises au cours des dernières années, que ce soit par exemple à la Paris Comics Expo en 2013, ou au salon Super-Héros à Toulouse en 2019. Sa disparition s'ajoute à celle des autres grands partis bien trop tôt cette année, et nous adressons nos pensées à sa famille, ses proches, et toute la communauté endeuillée.