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The Flash : une fascinante créature de Frankenstein et l'apothéose des limites du Multivers [Critique]

The Flash : une fascinante créature de Frankenstein et l'apothéose des limites du Multivers [Critique]

ReviewCinéma
On a aimé• Une première demi-heure en "comédie" très réussie
• Une scène de slow-motion d'anthologie
• Ezra Miller se répond bien à lui-même
• Michael Keaton qui essaie de faire du mieux qu'il peut
• Tient relativement debout compte tenu du development hell
• C'est vraiment la fin du Snyder-verse
On a moins aimé• C'est pas un film, c'est trois films agglutinés en un
• N'arrive jamais à la hauteur des oeuvres qu'il cite
• Des CGI particulièrement laids
• Un "Multivers" utilisé à bout de souffle
• Supergirl ? Quelle Supergirl ?
• Terrifiant dans ce qu'il raconte de l'industrie du divertissement
• Les représentations du Multivers ou de la Speedforce
Notre note

Disclaimer : cette critique est garantie sans aucun spoilers. Nous considérons que tout élément révélé par la promotion officielle - les bande-annonces - fait partie d'éléments connus et nécessaires à aborder pour parler du film. Ne lisez donc l'article qu'en connaissance de cause.

De mémoire de rédacteur, je crois avoir commencé à rédiger sur The Flash il y a bien dix ans de ça. Le projet, qui avait déjà été envisagé de longue date par Warner Bros. (à l'époque, sans AT&T ni Discovery), avait été fini par être présenté dans le cadre d'une feuille de route montée par l'ex président du studio, Kevin Tsujihara en 2014. Laquelle feuille de route développait le chemin fléché de ce qu'on a, plus tard, appelé "le DCEU" avec au programme une dizaine de films alignés jusqu'à l'année 2020. 

Et sur ces dix là, trois d'entre eux ne verront jamais le jour : Justice League Part. 2, Cyborg et Green Lantern. The Flash, de son côté, a donc mis près de neuf ans pleins à se monter - sans jamais que l'acteurice impliqué(e), Ezra Miller, ne renonce à participer au projet. Présenté dans Batman v Superman : Dawn of Justice et rapatrié ensuite dans Justice League, le Barry Allen du DCEU, une version relativement originale du personnage, a vu son film passer dans une grande quantité de paires de mains (jusqu'à s'essayer lui/elle-même à l'écriture d'un script), tant pour la mise en scène que pour le scénario. Côté caméra, on se souvient des noms de Seth Grahame-Smith, Rick Famuiywa, John Francis Daley et Jonathan Goldstein qui ont tous jeté l'éponge avant qu'Andy Muschietti ne prenne le relais. Traitement similaire du côté du script : d'abord confié à Phil Lord et Chris Miller, puis Grahame-Smith, Joby Harold, et Ezra Miller, donc, aux côtés de Grant Morrison à ce moment là. En comprenant au passage que les metteurs en scène réembauchés à chaque fois pour repartir de zéro passaient leur propre coup de pinceau en décidant de garder ou d'enlever des éléments issus de précédentes versions. 

D'un film The Flash qui aurait pu se concentrer sur son seul personnage en solitaire, le projet est devenu une sorte d'adaptation du comics Flashpoint pour le cinéma, avec un studio qui décidera de céder à la mode actuelle du multivers (amorcée avec ce que faisait la CW du côté de DC, puis le film animé Spider-Man : Into the Spider-verse), le gimmick à la mode à Hollywood depuis peu. Utilisé différemment selon les goûts et envies de chacun, ce prétexte pour faire du caméo est surtout devenu un argument de vente massue (en témoigne d'ailleurs le succès de Spider-Man : No Way Home). Depuis la mise en route de cette production chaotique, Warner Bros. a changé deux fois de propriétaire - un groupe de téléphonie, d'abord, puis un géant de l'audiovisuel télé'. Quant aux pontes de ce qui était autrefois le studio "DC Films", la plupart d'entre eux ont quitté le navire (ou alors, on les a balancés du pont - parfois parce que la presse couvrait de trop près les commandes de producteurs un poil envahissants, parfois parce que les nouveaux patrons ont simplement préféré renouveler le personnel en place). En définitive, d'un film qui aurait pu tout réécrire pour tout relancer, The Flash passe surtout pour le dernier né d'une espèce en voie d'extinction, et condamnée à être remplacée par la génération suivante. A savoir, les productions DC Studios des deux nouveaux présidents, James Gunn et Peter Safran


Mais tout ça, vous le savez certainement. A quoi bon tous ces rappels ? Tout bonnement pour que vous gardiez bien en tête l'idée que The Flash n'est pas qu'un simple film en vase clos, une production ex nihilo qui pourrait se passer de tout contexte. Il s'agit, au sens propre, d'un monstre de production, dans la mesure où une oeuvre d'art quelle qu'elle soit ne devrait pas avoir à passer par une telle empilade de désagréments, de retards, de réécritures, de nouveaux commanditaires, de nouvelles stratégies, ou même à voir toutes ses copines franchises s'éteindre les unes après les autres autour d'elle tandis qu'elle-même n'a même pas encore commencé à se lancer. A force, la mécanique s'abime. 

En résumé, une définition assez nette et entière du principe de "l'enfer de développement", et qui tient autant à la gestion de DC Films par Warner Bros. - ou d'autres facteurs externes, la pandémie de COVID-19, la mort de la Reine, le prix du sopalin, au hasard - mais aussi au caractère particulier d'Ezra Miller. Entre le moment où l'interprète de Barry Allen signait son contrat, à l'époque, et la sortie du film cette année, les frasques judiciaires se sont empilées à son sujet. Sans rentrer dans le détail, celles-ci représentent certainement le pire coup de pub' possible pour un film qui semblait avoir déjà énervé un sorcier vaudou ou deux depuis le début de sa gestation. Une fois tous ces éléments mis en commun, difficile de ne pas voir The Flash autrement que comme un objet bizarroïde, sorti au forceps par studio en pleine transition de franchise, par un groupe qui n'a pas le choix et doit sortir les derniers films de l'ancien empire cette année (et au moins essayer d'amortir la quantité phénoménale de pognon investi). On va être gentils et abréger sur la situation économique du moment à Hollywood, les problèmes rencontrés par Black Adam et Shazam : Fury of the Gods, mais pour résumer, Warner Bros. pouvait difficilement se permettre de jeter au feu un produit à plus de deux cent millions de budget. 

Et celles et ceux qui feront abstraction de tous ces éléments auront tout de même face à eux un film tout aussi étrange, avec quelques surprises intéressantes (pour celles et ceux qui n'auront pas regardé les bandes-annonces et réussi à esquiver le gros de la campagne de promo'). The Flash prend aussi son temps pour développer (ou hurler ?) à son public qu'il est bel et bien une somme. Somme d'un historique, oui, certainement, mais surtout la somme de pourquoi l'industrie du film de super-héros a cruellement besoin de se renouveler. Suivez le guide. Vous verrez, on a des choses à se dire.

Ainsi dira-t-on adieu au DCEU

Il y a quelques années, le constat était de se dire "pourquoi chercher un reboot quand on n'a de toutes façons pas réussi à créer un vrai univers partagé". Le constat est en partie vrai dans le présent, mais l'histoire initiale du comics Flashpoint de Geoff Johns et Andy Kubert ne reposait pas seulement sur sa promesse de grande invention de la continuité. Pour le scénariste, l'occasion était surtout donnée d'explorer le deuil de Barry Allen vis-à-vis de sa mère. Or, le film The Flash reprend cette direction dans les grandes lignes : héros gaffeur de Central City, Barry (Ezra Miller) travaille d'arrache-pied au département de la police de la ville pour prouver l'innocence de son père, accusé d'avoir tué sa femme. Donc, sa mère. Suivez. 

Un jour, Barry découvre que s'il court assez vite, il est capable de remonter le temps. Alors, il va revenir au jour de la mort de sa mère pour pouvoir empêcher l'événement de se produire. Jusqu'ici, le chemin d'adaptation tient debout. Mais lorsqu'il décide de revenir dans le présent, le héros se retrouve éjecté de la Speed Force à la mauvaise époque, dans une uchronie à la Retour Vers le Futur 2. Le Flash se retrouvez nez-à-nez avec un double de lui-même, une version de Barry Allen qui a pu grandir avec des parents. Problème : nous sommes au moment de l'attaque de la planète par Zod (à savoir, l'époque de Man of Steel), et la réalité semble avoir été altérée au point que Superman n'est pas là pour défendre la planète. Barry et son double (appelons le Flashpoint-Barry) vont donc partir à la recherche de héros capables empêcher l'assaut de l'armée kryptonienne. Les grandes lignes de cette partie du film étaient déjà très compréhensibles dès la seconde bande-annonce, qui en montrait au final beaucoup - et il faudra peut-être revenir plus tard sur la communication et la façon dont le projet a été vendu par Warner Bros.


Maintenant que le synopsis est posé, voyons ce que ça donne. D'abord : il est très facile de voir à quel point le film a souffert de ses nombreuses réécritures, à l'instar d'un Batman v Superman ou d'un Eternals. On voit que le réalisateur doit trouver une sorte de compromis entre deux lectures contradictoires, deux mondes qui ne sont pas censés se rencontrer. La première (bonne) demi-heure de The Flash est un héritage clair du traitement livré par Phil Lord et Chris Miller : une comédie de super-héros qui fonctionne très bien, même si les personnages de cet univers ne correspondent pas franchement avec ce qu'on avait pu voir d'eux jusqu'ici dans les films précédents. 

L'humour absurde est omniprésent, Barry Allen est obsédé par la bouffe (à cause de son métabolisme), on a aussi pas mal de slapstick (ça se cogne, ça tombe, etc). L'ouverture profite également d'une séquence magistrale de slow motion sur laquelle Warner Bros. et ses équipes ont été bien inspirées de ne pas vouloir jouer la carte du "cool" à la Quicksilver des X-Men (chouette la première fois pour l'effet de surprise, passable et répétitif sans). The Flash évite cet écueil avec adresse pour livrer un monument d'humour (souvent assez noir), et passée la séquence d'ouverture, on se dit qu'un film dans cette tonalité fonctionnerait au final très bien. Même si, déjà, des problèmes visuels sont déjà à noter (notamment un Batfleck dont le costume et la cape en CGI passent mal en plein jour). 

C'est seulement ensuite que les choses vont changer : le "second" film The Flash reste dans une tonalité de comédie avec ses emprunts assumés à la trilogie Retour Vers le Futur une fois que Barry Allen bascule dans son uchronie, et fait ami-ami avec son autre lui. A noter une performance plutôt sympathique (parfois même très bonne) d'Ezra Miller qui arrive très bien à se donner la réplique, et campe deux versions de Barry assez distinctes dans leur caractère pour que l'exercice prenne. Leurs interactions vont même mener vers quelques instants assez touchants - rappelez-vous : Flashpoint parle de deuil au départ, après tout. 


La direction d'acteurs, dans l'ensemble, ne pose pas de réel problème. Ben Affleck a même droit à l'un de ses meilleurs échanges en tant que Bruce Wayne dans ce film. Michael Keaton campe de son côté une autre version de Batman, plutôt originale, mais somme toute cohérente par rapport au couple de productions mené par Tim Burton. La famille Allen a elle-aussi un certain charme. 

Pour les autres, disons que les acteurs font de leur mieux avec ce qu'on leur donne à manger (mention spéciale à Sasha Calle, pas le rôle le plus mieux traité du projet). Quelques instants paraissent aussi tristement méta-textuels - lorsqu'Ezra Miller passe d'un personnage de rigolard agaçant à un ensemble beaucoup plus sombre. Une forme de bipolarité curieuse qui rappelle certaines des vidéos les plus étranges qui ont circulé à son endroit au cours de l'année dernière. 


Enfin, arrive le troisième acte. Et donc, le "troisième" film The Flash. C'est là que la créature de Frankenstein, déjà pas forcément à l'aise dans ses coutures et ses boulons, devient le Tetsuo en forme finale du Akira d'Otomo Les impressions formées sur la base de la campagne de promo' n'ont malheureusement pas été bonifiés pour cette version salle - ou pour parler plus clairement, les effets spéciaux sont dans leur majorité très laids. Bien plus que ceux de Black Adam qui n'étaient déjà pas terribles. Le résultat, souvent désagréable à l'oeil, ne rend pas service à des scènes d'action qui trouvent pourtant quelques bonnes idées ! Mais, même une mise en scène un poil récréative ne peut se dépêtrer d'une certaine exigence technique, surtout dans des décors intérieurs très automatiques (le retour de notre vieux pote le bunker, compagnon fidèle du cinéma des super-héros depuis le Néolithique), et des extérieurs désespérément vides (avec des nappes de blanc, de jaune - vous préférez la neige ou plutôt le sable ?). The Flash fait peine à voir, malheureusement, et ce personnage - ou cette ambition du tout-en-un - ne pouvaient pas se permettre de négliger le visuel.  

Dans le même ordre d'idées, les représentations de la Speed Force et des points d'ancrage temporels ne sont pas déplaisantes, mais là-encore, les effets spéciaux marquent contre leur camp. Cette faiblesse dans les VFX ne fait qu'appuyer le côté factice, l'effet de mou de cette réalité qui doit tenir debout pour la réussite du film. Accessoirement, la caméra s'attarde beaucoup trop. Parfois, on en vient même à se dire qu'il est presque courageux pour un studio, un metteur en scène, une équipe de travail, de présenter un tel objet dans une salle de cinéma. En témoignent l'indispensable élévation balisée en fin de film, qui risque bien d'étonner son monde... mais pas forcément pour les bonnes raisons. Si vous pensiez que le M.O.D.O.K. d'Ant-Man & the Wasp : Quantumania allait définir une sorte de limite insurmontable, force est de constater que chez DC Films on a décidé de relever le challenge. C'est aussi ça, la concurrence : ça motive à donner le maximum. Et en un sens, c'est beau.

C'est donc dans cet aspect de structure composite, de film tricéphale où les réécritures multiples se devinent facilement, qu'Andy Muschietti ne réussit plus à convaincre. Outre la partie purement graphique, le réalisateur semble mettre un point d'honneur à citer le cinéma de ses prédécesseurs dès lors qu'il invoque une référence empruntée à un autre. Or, il emprunte, justement. Une fois ou deux.

Ainsi, on nous fait le coup du renvoi à Man of Steel, mais sans la caméra de Zack Snyder, ce qui a tendance à poser un comparatif désavantageux (ou un effet d'imitation désincarnée) pour Muschietti. On nous fait aussi le coup du Batman de Tim Burton, mais sans Tim Burton, ce qui ne fonctionne pas non plus. On peut supposer que ces citations méta-culturelles vont fonctionner sur le public des fans de Snyder ou de Burton, au premier visionnage, peut-être, avec l'effet de surprise et l'avalanche de fanservice. Mais au second ? Une fois le plaisir passé, ne restera que l'impression d'une contrefaçon forcée - et à cet exercice, Muschietti se met lui-même KO. 

Reste donc des trouvailles bien menées (le metteur en scène trouve de bonnes idées pour la course de Barry notamment, plus sincère et moins toc que dans Justice League), et un spectacle encore divertissant. En toute honnêteté : entre deux estocades de consternation, dont il va falloir reparler d'ici les prochaines semaines, on ne voit franchement pas le temps passer. En tous les cas, le film porte en lui quelque chose d'assez fascinant à contempler. On pourrait même entrer dans le champ de la curiosité morbide, d'ailleurs, tant certains plans laissent songeurs quant à la réalité des coulisses, ou à la mentalité des responsables de certaines prises de décisions (artistiques). Comprenez que pour une personne comme moi, il y a un intérêt à voir le film en salles. Mais je crois que le public, au général, ne va pas forcément comprendre tout ce qui lui aura été présenté.


Parce qu'il faut aussi parler de tout ce qui touche au fameux multivers. Flash est un personnage intimement fondateur du concept dans les comics, depuis la célèbre histoire Flash of the Two Worlds (1961) et la rencontre de deux "bolides" sur deux Terres parallèles, avec toutes ses conséquences postérieures. Cette idée que des réalités alternatives coexistent et se croisent à l'occasion est devenu l'un des joujoux préférés d'Hollywood depuis peu (Spider-Verse, No Way Home, Everything Everywhere All at Once...). The Flash représente ce cinéma des super-héros qui cherche à rentabiliser le procédé, et d'aller si possible encore plus loin dans le méta-caméo (quand bien même ceux de No Way Home étaient déjà poussifs, qu'on peut critiquer certains du réussi Across the Spider-Verse, etc), jusqu'à verser dans un goût... très discutable. 

Là-encore, on sent que des choses ont été montées à la dernière minute, tant l'exécution sonne artificielle en comparaison du reste de l'intrigue. On imagine que la représentation du multivers DC Comics au cinéma va aussi participer à alimenter les conversations, mais pas forcément pour les meilleures raisons, une fois de plus. Pourtant, on aurait envie d'être moins sévère sur cet aspect du scénario. Si Sony Pictures et Marvel Studios se sont reposés sur les caméos par fainéantise (et une forme de vanité liée à leur succès financier indiscutable), la démarche de Warner Bros. passe plus pour un sauve-qui-peut désespéré. Celle d'un studio qui n'a de toute façon plus grand chose à perdre, et tente d'une manière ou d'une autre de rafistoler son film avec des éléments qui ont fait leurs preuves, avant, ailleurs, voire même en BD.

Sans même prendre en compte tout ce qui concerne James Gunn et le futur DCU de DC Studios, la façon dont The Flash se termine ressemble par elle-même à une forme d'aveu d'échec pour tout ce qui a été entrepris au cours des dix dernières années. Un constat déjà très concret compte tenu du temps de gestation qu'aura nécessité la première adaptation de Barry Allen au cinéma, mais qui a surtout l'air ici de vouloir tout traiter, au final, comme une blague. A l'ombre des échecs financiers. Des drames du monde réel. Et même de ceux dont Warner Bros. aurait certainement aimé se passer sur le cas Miller. En somme, une façon de dédramatiser tout le feuilleton de la grande aventure chaotique et nébuleuse de DC Comics au cinéma, sous un angle qui nie la dure réalité de ce chemin de croix vers le reboot qui se profile à l'horizon. 

Mais bon : "après tout, ce ne sont que des films. Allez ! On passe à la suite". La routine. Remarquez, même en optant pour ce point de vue, on se demande bien comment Gunn aurait seulement seulement pu rebondir sur l'état du statu quo en sortie de séance. Voire même, dans un monde moins imaginaire, si le public suivra pour les deux autres films DC Comics de cette année. Car The Flash constitue une forme de point final à l'aventure DCEU, c'est vrai, mais un point final assez particulier. Maigre consolation : les fous furieux du clan Snyder auront cette fois plein de raisons d'être autant fous que furieux, et peut-être reviendront-ils alors à l'apaisement. 


Tout ceci étant dit, reste deux questions majeures auxquelles la critique se doit de répondre. The Flash est-il un bon film ? On ne peut pas dire "oui" ne serait-ce que pour l'esthétique générale (avec une photographie qui rend les CGI tous plus plastiques les uns que les autres), ou parce que le produit de Muschietti n'est pas un film à proprement parler, mais une sorte de monstruosité bricolée pour tenter d'accomplir... quelque chose. Mais on n'irait pas non plus mettre un zéro pointé à quelqu'un qui aurait eu pour consigne de livrer un bon plat à partir d'ingrédients périmés. En gros, c'est pas seulement de sa faute, et on peut même pas engueuler ceux qui lui ont demandé de faire ça, dans la mesure où l'ensemble d'entre eux se sont fait virer pendant le temps de cuisson. Et il faut reconnaître quelques très bons moments de rigolade, une action somme toute divertissante, et (bon, voilà) un fanservice qui fera plaisir à cette part du public qui répond joyeusement aux clins d'oeils forcés.

Mais cette petite prise en pitié ne suffit pas non plus à vous inviter à aller voir le film - comme vous commande de le faire le hashtag utilisé pour en faire la promotion, #CourezVoirTheFlash. Parce que si vous vous fichez de DC Comics au cinéma depuis la mort du projet Justice League, il y a de fortes chance que The Flash vous laisse complètement indifférents. Parce que, oui, on se devra d'être endurants pour se farcir certains passages de ces deux heures vingt et des patates. Et surtout, film ou pas film, on ne peut pas décemment passer sous silence le comportement d'Ezra Miller dans la vie réelle. Même s'il apparaît assez certain que la majeure partie du public n'est pas forcément au courant, puisqu'il ne s'agit "que d'un film", encore une fois, la balance des qualités et défauts du produit aura au final assez peu d'importance dans le choix individuel de chaque spectateur/spectatrice sur l'attitude à adopter vis-à-vis de cette situation. On imagine que chacun fera selon ses convictions.


La note de 2,5/5 ici ne saurait résumer la seule question de la qualité du film The Flash. Au-delà de ses aspects techniques (scénario hachuré, visuels affreux, casting convaincant malgré les défauts d'écriture), le projet est aussi la parfaite synthèse de tout ce qui ne va pas dans le cinéma de super-héros, dans la propre histoire de son studio, et hurle d'ailleurs à son public que ce pan de l'industrie du divertissement a besoin de se réinventer (ou de disparaître quelques temps ?). Peut-être faut-il aller le voir, comme témoin d'un accident pour lequel on aurait envie d'aller secourir l'une ou l'autre chose. En toute honnêteté, après presque dix ans à attendre, c'est déjà presque un miracle que The Flash soit ce qu'il est aujourd'hui - ou même, que le film soit sorti, tout simplement. Assurément, il existe une autre réalité où le film, écrit et réalisé par Phil Lord et Chris Miller, et sorti en 2018, a eu certainement meilleure allure. Si quelqu'un peut nous y emmener... ?

Arno Kikoo
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