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Plusieurs milliers d'artistes s'ajoutent à la liste des plaignants dans le procès contre les IAs génératives

Plusieurs milliers d'artistes s'ajoutent à la liste des plaignants dans le procès contre les IAs génératives

NewsIndé

A l'aune des progrès constatés sur la génération d'images par les technologies d'intelligence artificielle, les artistes traditionnels (aussi communément appelés "humains" ou "artistes humains", voire simplement, "artistes") organisent la riposte. Au mois de janvier, une action collective a été entamée en Californie du Nord pour porter le conflit face à la justice. En ligne de mire, trois géants du secteur, Midjourney, DeviantArt et Stable AI, sont accusés d'infraction aux lois de la propriété intellectuelle, via les méthodes "d'entraînement", de subtilisation et de stockage d'images générés par certains créateurs.

Le Soulèvement des Machines

Face à cette situation inédite, les juristes doutent de la capacité de la loi américaine (et du Copyright Act en particulier) à faire reconnaître le tort causé aux artistes. La partie adverse connaît son sujet, avec des éléments de langage entonnés en coeur depuis plus d'un an : "si un humain peut recopier le style d'un autre, s'en inspirer et le reprendre à son compte dans son apprentissage de l'art pictural, pourquoi une machine serait-elle privée de ce même droit ?" Un discours qui met de côté l'impact économique pour les professions concernées, la destruction progressive des métiers d'illustrateurs à la commande, et surtout, élimine de fait toute nuance sur le degré de réplication constaté. Dans la mesure où un humain peut effectivement copier un autre humain... mais une machine peut permettre à des millions d'utilisateurs de copier un artiste en particulier, à la perfection, et sans agglomérer une évolution technique ou un apport personnel à ajouter à l'effort de reproduction. 
 
Problème : le droit américain sous sa forme actuelle n'est peut-être simplement pas en mesure d'offrir une réponse légale à ce phénomène nouveau. Les spécialistes craignent que le débat ne finisse par jouer sur la forme, sur les mots, en passant à côté des points les plus importants. A savoir, l'utilisation illégale de données déposées pour remplir les bases de données des IAs, ou l'emploi des outils juridiques concrets et réels sur le délit de plagiat. A date, un premier litige a été tranché en faveur de Midjourney, Stable AI et Deviantart, dans la mesure où la plainte déposée avait été jugée "trop vague" par le juge en charge de l'affaire, en décembre dernier.
 
Celui-ci a, en revanche, autorisé les artistes à se pourvoir sur une plainte plus précise. Les avocats sont donc partis à la pêche aux signatures, pour former une class-action compacte et épaisse de plus de 16.000 signatures, complétée par un dossier comprenant 455 pages de preuves à date de rédaction. Les équipes de Bleeding Cool ont présenté la liste complète des oeuvres considérées comme ayant été dérobées, utilisation à des fins "d'entraînement" puis reproduites par les principaux fournisseurs de logiciels génératifs. Celle-ci comprend des noms associés à l'art pictural sur une ample perspective (Andy Warhol, Frida Kahlo, Banksy, Paul Cézanne, Norman Rockwell), quelques metteurs en scène (Tim Burton, Terry Gilliam, Stanley Kubrick) et de nombreux auteurs de comics. Vous pouvez retrouver le listing complet en lien source.
 
En ce qui concerne les dessinateurs de BDs, les pièces présentées comprennent des plagiats de Tim Bradstreet, Alejandro Jodorowsky, Art Spiegelman, Brian Bolland, Bill Sienkiewicz, Bill Watterson, Bill Willingham, Ben Templesmith, Adi Granov, Al Davidson, Alex Toth, Arthur Rackham, Arthur Suydam, Scott McCloud, Ryan North, Mort Drucker, Mike Dringenberg, Frank Miller, Frank Frazetta, Frank Hampton, Neil Gaiman, Mike Mignola, Bill Griffith, Bryan Talbot, Dan DeCarlo, Dave Gibbons, George Pratt, James O'Barr, James Kochalka, John Byrne, Dave Sim, Albert Uderzo, Wally Wood, Walt Kelly, Jack Kirby, Steve Ditko, Steve Dillon, Dave McKean, Katsuhiro Otomo, Milton Caniff, Ronald Searle, Simon Bisley, Jeff Smith, Dave Dorman, John Bolton, etc. 
 
A titre d'exemple, le dessinateur des X-MenPepe Larraz, avait présenté un cas assez édifiant de la mécanique d'entraînement des IAs l'année dernière, qui n'avait pas, visiblement, inquiété les avocats de Marvel. Pourtant très à cheval sur la défense de leurs propriétés intellectuelles, lorsqu'il s'agit d'attaquer leurs propres artistes pour sécuriser la possession de certains personnages vedettes (l'histoire du droit américain n'étant pas particulièrement favorable à la défense des créateurs dans la moindre situation).
 
Affaire à suivre, pour le moment.
 
Corentin
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