Au début de l'année, les éditions 404 Graphic gâtaient leur lectorat avec la sortie du splendide Au-Dedans, accompagnée de la venue en France de son auteur, Will McPhail. Notamment présent pour le Festival International de la Bande Dessinée, le cartoonist nous a donné de son temps pour une longue discussion à propos de son travail, et de Au-Dedans en particulier. L'interview en question a été mise en ligne depuis bien longtemps au format podcast via First Print, et nous avons le plaisir de vous en proposer aujourd'hui une version retranscrite en VF.
De quoi permettre aux non-anglophones de découvrir l'esprit et les inspirations de Will McPhail (même si son humour se retransmet peut-être moins bien qu'à l'audio). Nous remercions Antoine Boudet pour la retranscription, et vous invitons à partager l'interview quel que soit le format si le travail effectué vous plaît. Au-Dedans est toujours disponible en librairie, et nous ne pourrions que vous conseiller de vous jeter dessus.
Je disais dans mon introduction que nous allions parler à Will McPhail. Je suppose que c'est vous ?
Ouais... je crois bien…
Alors : bonjour Will ! Comment allez-vous ?
Très bien. Je dis « je crois » parce que je n'ai pas beaucoup dormi ces trois derniers jours et que j'ai perdu toute idée d'identité. Tout est dissout. À part ça, je suis juste un type qui dessine dans les livres des gens.
En fait, j'essayais de dire quelque chose d'amusant, mais rien ne m'est venu à l’esprit. Nous sommes tous les deux fatigués. C'est le risque de faire une interview un dimanche matin à Angoulême. C’est dangereux. Mais pour les personnes qui ne savent pas qui vous êtes, pourriez-vous vous présenter un peu ?
Oui. Will McPhail. Je suis un dessinateur qui vit à Édimbourg, en Écosse. Je partage mon temps entre cette ville et New York car je suis un dessinateur pour le New Yorker. En général, mon travail quotidien consiste donc à dessiner ces petites bandes dessinées stupides et idiotes sur le sexe et les pigeons. La plupart du temps, ces deux sujets ne sont pas associés, mais séparés.
Parlons du sexe avec les pigeons, s'il vous plaît.
Vous voyez, c'est le danger de faire cette interview le dimanche matin. Vous m'avez dans ma position la plus vulnérable. Je suis très ouvert. Et oui, ma première grande œuvre est *accent français* Au-Dedans, qui est mon roman graphique.
Pouvez-vous nous dire comment vous en êtes venu à dessiner ? Est-ce quelque chose qui vous a toujours attiré lorsque vous étiez enfant ou est-ce venu plus tard ?
La vérité, c'est que je ne me souviens pas parce que je l'ai toujours fait. Je ne me souviens pas d'une époque où je n'avais pas un crayon à la main à un moment ou à un autre.
À vrai dire, jusqu’à présent, vous n'avez pas de crayon dans la main. Il y a donc des moments où vous n'avez pas de crayon dans la main…
Mais vous ne pouvez pas voir mes pieds...
*rires*
Au moment où je vous parle, j'ai trois crayons entre mes orteils, en train d'élaborer un chef-d'œuvre sous la table. *rires* Il remportera le prix à Angoulême l'année prochaine.
(Ensemble) J'espère !
L'orteil graphique. Alors... Je n'ai pas toujours fait de l'art de manière académique. J'ai fait de l'art au lycée, entre 11 et 16 ans, mais je me suis un peu désintéressée de cette discipline. Je n'en ai donc pas fait à l’université. J'ai plutôt fait de la zoologie, si vous pouvez me croire, parce que j'avais envie de gaspiller 30 000 dollars *rires* J'ai donc fait ça et, pendant que j'étais à l'université, j'étais constamment en train de dessiner, de ne pas écouter les cours de zoologie et de dessiner mes amis, les conférenciers et tout le reste. J'ai commencé à être publié dans des magazines britanniques et c'est parti de là. Alors oui, en vérité, le dessin n’est vraiment qu’un petit aspect de mon identité.
Vous souvenez-vous de la manière dont vous avez acquis votre style de dessin ? Parce que ce n'est pas minimaliste, mais c'est assez simple, disons.
Mon style a été, je pense, en constante évolution. Et je pense qu'il est encore en train de changer. Il m'a fallu beaucoup de temps pour le trouver. J'ai commencé par copier mes héros, comme ça arrive souvent. Bill Watterson et Calvin & Hobbes. Je dessinais comme lui, avec les yeux en points et tout. Finalement mes yeux sont devenus de plus en plus grands jusqu'à prendre toute la place dorénavant.
Il ne faut pas vraiment « copier » ses héros, il faut plutôt chercher à savoir qui sont-ils, qu’est-ce qu’ils ont cherché à faire. Si vous les aimez, c'est parce qu'ils étaient entièrement eux-mêmes. Il faut beaucoup de temps pour comprendre que vous devez être vous-même pour que les gens apprécient votre travail. Alors j'ai commencé par être beaucoup plus exigeant et j'ai progressivement dépouillé mon trait jusqu'à ce que ce soit quelque chose qui ne me parasite pas mais qui me permette plutôt d'apprécier le processus du dessin. J'aime travailler sur les postures des gens et sur la façon dont elles indiquent au lecteur ce qu'ils ressentent sur le plan émotionnel, changer quelques petites choses dans leurs regards pour obtenir la bonne réaction émotionnelle. C'est un long processus que vous devez mener à bien.
Et puis vous n'avez pas commencé par la bande dessinée ou le roman graphique, vous avez commencé par le dessin de presse. Pourquoi ce choix ?
Cela correspondait tout simplement à la façon dont mon cerveau fonctionne. J'ai réussi à convaincre les gens que c’était une carrière et non une maladie mentale que j'avais *rires* J'ai réussi à faire en sorte que ma famille n'ait pas honte de moi à cause de ça. Il suffit de trouver un moyen de communication qui corresponde à ce que l'on fait naturellement, je pense. Vous vous frayez votre chemin, en quelque sorte.
En termes d'écriture et de dessin, maintenant que vous avez réalisé un roman graphique de 300 pages, est-il difficile de transmettre des émotions ou de raconter une histoire en un seul dessin ?
Oh, je vois ce que vous voulez dire. C'est vrai, les deux activités sont des exercices différents, les bandes dessinées pour le New Yorker et le roman graphique. Lorsque je travaillais sur les dessins de presse, j'avais envie d'un peu plus de liberté, d'espace et de temps pour développer un arc narratif. Et c'est ce que j'ai réalisé avec Au-Dedans, car je pouvais prendre mon temps pour faire des blagues et j'avais littéralement plus d'espace à remplir sur la page. C'était très libérateur. J'ai eu l'impression que c'était la meilleure chose à faire. Puis, lorsque j'ai recommencé à faire des dessins humoristiques en une seule planche pour le New Yorker, j'ai réalisé que c'était ÇA la liberté ! Je peux dessiner sur le sexe et les pigeons et tout le monde s'en fout ! Je ne sais donc pas vraiment laquelle des deux activités est censée me soulager de l’autre. L'une m'offre toute cette liberté et l'autre me permet d'éteindre un peu mon cerveau et d'être simplement un idiot, ce que je suis naturellement.
Lorsque vous dessinez un dessin de presse, comment gérez-vous l'équilibre entre ce que vous dessinez et le texte ? Parce qu'il faut vraiment aller à l’essentiel dans ce genre d’exercice.
Je crois que nous appelons cela « brevity » en Angleterre, être concis. Peu de gens savent que le processus est presque entièrement basé sur de l'écriture. Je dirais que 80/90% du temps, je griffonne sur un bloc-notes pour trouver des idées, et que seulement 10% à la fin, je dessine. C'est ma petite récompense à la toute fin. La plupart du temps, il s'agit donc d'écrire, de devenir taré, de boire beaucoup trop de café et d'essayer de trouver des idées.
Vous faites cela tous les jours ?
En grande partie, oui. Le fonctionnement du magazine est le suivant : les dessinateurs envoient entre huit et dix idées par semaine, ils les proposent sous forme d'ébauches, puis le magazine dit « Je vais prendre celle-là » et vous réalisez une version définitive. Toute la semaine se résume donc à essayer de trouver ces huit idées puis à réaliser le dessin final. Mais évidemment, lorsque le roman graphique est sorti, il a fallu mettre un peu en veilleuse cette activité, parce qu'elle demande énormément d'énergie.
D'où vous vient l'inspiration ?
Pour le roman graphique ?
Non, j'en suis encore à la partie dessinateur de presse.
Oh mon Dieu. « Partout » serait la bonne réponse. Tout ce qui m'entoure, ce que je ressens. Si j'ai eu un rendez-vous galant cette semaine-là, je vais en tirer du contenu. C'est mal, ou peut-être pas. Il y a beaucoup de moi dans mes dessins, même si c'est caché sous plusieurs couches, et que c'est un rat qui va dire les choses à ma place. Mais c'est la somme de mes expériences personnelles. En général, je trouve un sujet qui me semble drôle ou qui pourrait l'être, un épouvantail par exemple, et j'écris autour de ce sujet pour essayer de trouver la meilleure blague, généralement guidée par ma propre vie à ce stade.
Pouvez-vous nous parler des origines secrètes de Au-Dedans ?
J'ai toujours été fasciné par la nature des conversations, leur mécanique et la façon dont ces combinaisons de lettres et de mots peuvent faire passer un échange de quelque chose qui ressemble à un spectacle où deux personnes se livrent à une performance superficielle l'une pour l'autre à une véritable connexion transcendantale. J'ai toujours eu cette idée en tête et j'ai essayé d'y réfléchir. Un jour, la femme qui est devenue mon agent, Heather, m'a envoyé un e-mail et m'a demandé : « As-tu déjà pensé à écrire un livre ? » J’ai menti et j’ai dit oui. Je n'y avais pas pensé du tout. Je pensais aux pigeons et...
On y revient ! *rires*
*rires* J'ai donc couru acheter un bloc-notes et j'ai littéralement écrit « idées de livres » tout en haut avant de faire une liste. L'idée dont je parlais, à propos des conversations, était la première sur la liste. Heather m'a dit « Fais celle-là, c'est la meilleure. » Du coup, j'ai vraiment plongé dedans et j'ai senti que c'était une idée suffisamment riche pour construire un monde autour d'elle. C'est de là qu'est parti le projet. Je me retrouve encore dans ce genre de conversations où je me vois en train de dire des choses qui ne m'intéressent pas ou qui sont même méchantes pour les gens, juste pour passer à travers la conversation indemne et pouvoir rentrer chez moi regarder du porno ou autre chose, mais juste pour passer à travers la conversation, pour qu'elle s'arrête. Et quand je sens que mon interlocuteur fait de même, j'ai envie de crier : « Qu'est-ce qu'on fait ? Pourquoi faisons-nous cette étrange performance l'un pour l'autre ? Pourquoi ne pouvons-nous pas simplement nous dire les choses que nous pensons l'un à l'autre ? »
De échanges de banalités ?
Oui, oui, oui. Ou juste...
Ne pas se soucier de ce que les autres disent, ni même de ce que l'on va dire ?
Exactement. Juste dire des mots pour survivre à ce moment. C'est presque une frustration de ne pas pouvoir se connecter comme je le voudrais. Il y a toujours un mur entre nous. C'est l'histoire fondamentale de Au-Dedans, de briser ce mur et d'avoir ces conversations, comme je le dis, qui semblent transcendantales sur le plan intime.
OK, il s'agissait donc d'une question personnelle que vous vouliez examiner sur papier.
Oui, je pense que c'est le cas. En tout cas, c'est comme ça que ça a commencé. Puis j'ai réalisé que cela se produisait partout dans la société et que les gens ne se montraient pas vulnérables les uns envers les autres ou n'étaient pas authentiques la plupart du temps.
Je ne sais pas si c'est aussi une question de culture, vous savez ? Peut-être ?
Oui, j'imagine que le fait de venir d'Angleterre n'aide pas. Les Français sont probablement un peu plus ouverts et, je ne sais pas, plus émotifs les uns envers les autres. Nous, les Britanniques, nous avons un balai dans le cul.
Comment passe-t-on de l'idée — je veux parler des gens qui ne se parlent pas vraiment — à un roman graphique de 300 pages ? Je suppose qu'il y a quelques étapes entre les deux.
J'ai essentiellement l'impression d’avoir été dans un brouillard fait de crises de panique et de cafés. Et à la fin, un livre est apparu. C'est à ça que ça ressemble. *rires*
Avec mes éditeurs, nous avons travaillé sur une intrigue, des dialogues et sur la façon dont nous pensions que l'histoire devait se dérouler. Nous avons examiné toutes les différentes parties de la vie d'une personne où elle pourrait avoir ces conversations : en amour, avec sa famille, avec ses amis, avec des étrangers comme le plombier du livre, dans le deuil... Le mécanisme de l'histoire semblait s'adapter à toutes ces différentes parties de la vie. Il m'a donc semblé que c'était une façon naturelle d'écrire l'histoire.
Pourriez-vous me parler brièvement de la création de Nick ?
En tant que personnage ? *réfléchis* C'est mon premier livre, donc j'ai fait ce qui me semblait le mieux sur le moment, honnêtement. C'est difficile pour moi de l'analyser avec le recul, parce que ça me donne l'impression d'un type maniaque prenant toutes ces décisions, et ça me semble un peu absurde de l’analyser. Je pense que lorsque les gens commencent à écrire une histoire, le personnage principal est totalement eux-mêmes. C'est ainsi que Nick a été pour moi, au début. Mais au fur et à mesure que vous construisez l'histoire et que vous essayez de trouver la meilleure façon de la raconter, il se détache un peu de vous niveau ressemblance. C'est comme ça que ça a commencé. Il est illustrateur, je suis évidemment dessinateur, et il était frustré par l'idée que les artistes et les illustrateurs, et généralement les observateurs, sont naturellement à l'extérieur des choses tout en regardant à l'intérieur. C'est ainsi qu'ils vivent leur vie, ils observent. Par définition, ils ne sont donc pas impliqués dans ce qui se passe. Ils sont à l'extérieur, en train de regarder. C'est en quelque sorte la base de son caractère : Il ne peut pas accéder aux gens parce qu'il les observe.
Au départ, cela me ressemblait beaucoup, mais ensuite je pense que Nick s'éloigne de moi en termes de personnalité. Il est désespéré et il n'est pas doué pour parler aux gens. Je pense que, si je peux me vanter un peu, je suis meilleur pour ça. Je ne veux pas être méchant avec Nick, mais je ne suis pas aussi pathétique que lui. Son parcours est différent du mien. Il passe d'un état dépressif classique où il ne ressent rien et fait semblant de ne pas être triste... Je ne pense pas que la dépression ce soit être triste, je pense que c'est ne rien ressentir. Et Nick ne ressent rien et fait semblant de ressentir quelque chose. Puis, à la fin, il ressent tout. Et je voulais ce voyage naturel. C'est lui, Nick.
Lorsque vous avez votre personnage principal, est-il vraiment difficile de construire tous les autres personnages autour de lui ? Comment les choisissez-vous ?
C'est intéressant... Je ne me souviens pas avoir consciemment essayé de les articuler autour de Nick. Je voulais simplement des personnages fascinants qui se distinguent les uns des autres. C'est intéressant que l'autre personnage principal soit Ren. Ren dans le livre... On parlait de moi étant Nick, mais je pense en fait que je suis plus naturellement comme Ren. Chacun des personnages a son propre mécanisme pour cacher son vrai visage, pour se dissimuler. Nick, comme je l'ai dit, a tendance à observer. Sa mère, Hannah, a été définie par sa maternité, ce qui lui permet de se voiler la face. Et Ren cache son vrai visage avec l'humour. Elle détourne l'attention de cette façon. Et je pense que je suis beaucoup plus comme ça. Donc oui, c'était un cheminement pour essayer de trouver toutes les différentes façons dont les gens se cachent et de les insuffler à chacun des personnages d'une manière différente.
Comment définit-on le comportement d'un personnage ? Est-ce que c'est quelque chose qui vient naturellement lorsque vous les écrivez ou devez-vous définir ces traits spécifiques avant d'écrire les scènes ?
La plupart du temps, c'était juste de l'instinct, honnêtement. Mais j'ai fait quelques trucs, comme créer des playlists musicales qui me semblaient correspondre à chaque personnage. C'est-à-dire les groupes et les chansons qu'ils aiment et qui correspondent à leur caractère. Les playlists musicales et les films qu'ils pourraient aimer, par exemple. C'est une façon très viscérale de définir émotionnellement une personne, je pense. C'est ce que j'ai fait. Puis, j'ai essayé d'apprendre à connaître le personnage de manière organique.
Vous vous moquez de beaucoup de choses. Vous vous moquez des cafés, vous vous moquez des hommes qui s’auto-proclament féministes. C'est aussi pour faire une analyse de la façon dont nous nous comportons aujourd'hui, peut-être ? Ou peut-être avez-vous simplement quelque chose contre les cafés.
*rires* Ce n'est pas le cas. C'est aussi un des aspects autobiographiques de ce livre, cet humour très auto-dérisoire que j’ai. J'aime ces cafés, donc j'ai l'impression de m’auto-déprécier en me moquant d'eux, en les parodiant. En fait, j’aime bien y aller.
Voilà pourquoi : c’est trop cher et vous y dépensez trop d’argent.
C'est un fardeau pour moi. Je ne peux pas payer mon hypothèque à cause de ces 4£ par jour pour du café. Non, c'est juste que j'en sais beaucoup sur eux étant donné que je suis écrivain et dessinateur indépendant. Je travaille souvent dans ces endroits, je les connais donc très bien et j'ai l'habitude de les fréquenter. Vous savez, j'entre dans un café et on me dit « comme d’habitude ? » Voilà pour cette partie. Quelle était l'autre partie de la question ? Ah oui, le féminisme. Je pense, j'espère, que je suis féministe, mais Nick est l'un de ces... C'est juste une autre facette de sa performance : il en fait un peu trop. Il y a des gens qui s'autoproclament féministes et qui veulent juste dire les bonnes réponses. Je pense que c'est quelqu'un de bien, Nick, mais il en fait trop, c'est tout. Ren voit ça en lui et se moque de lui pour ça.
Il y a de très belles scènes entre les personnages lorsqu'ils commencent à se connaître et je pense que la première scène avec le plombier est assez frappante. Comment traduisez-vous les sentiments dans vos dessins ? Vous avez choisi les yeux pour les montrer, mais vous auriez pu le faire d'une autre manière. Pourquoi avez-vous choisi les yeux ?
Comme je l'ai dit plus tôt, les yeux sont devenus en quelque sorte ma carte de visite, l'élément par lequel les gens reconnaissent mes dessins. Il m'a donc semblé que c'était la manière la plus évidente de montrer ces changements émotionnels. J'ai également eu ce sentiment que nous vivons dans un monde où nous avons la totalité de ce que l'humanité a jamais appris dans nos téléphone à portée de main mais que, d’une certaine manière, ça nous empêche d'avoir de véritables conversations les yeux dans les yeux avec les gens. C'est exactement ce que je voulais, parce que pour avoir une vraie connexion avec quelqu'un, il faut le regarder dans les yeux. La première fois que cela arrive à Nick, c'est avec le plombier. C'est à ce moment-là que le livre change vraiment. Nous passons du noir et blanc à la couleur à ce moment-là.
Je voulais parler des scènes en couleurs et savoir c’est de la peinture numérique. Comment avez-vous procédé ?
Non, tout a été dessiné à la main. Il y a un peu de manipulation numérique à des fins éditoriales, mais c'est essentiellement dessiné à la main.
Est-il difficile de communiquer vos idées ? Parce que nous basculons dans leur monde intérieur et c'est parfois très absurde. Comment faites-vous pour que le lecteur comprenne ce qui se passe ?
Je ne sais pas si j'y suis parvenu. *rires* Je ne sais pas si les lecteurs comprennent. Peut-être que oui. Je ne sais pas. La vérité, c'est que j'ai toujours été beaucoup plus à l'aise pour expliquer ou illustrer des idées émotionnelles complexes de manière visuelle, sans mots. Dans ces moments très intimes et complexes, je voulais être entièrement visuel, sans aucun mot, et laisser libre cours à l’interprétation. Il faut donc que ce soit bizarre, surréaliste et parfois effrayant, mais aussi coloré et vibrant en même temps parce que, honnêtement, c'est ce que je ressens dans ces moments de connexion. Vous remarquerez en lisant le livre que, lorsque cela se produit, les dessins sortent des cases et sont plus libres et plus lucides, Nick sortant des conversations dans lesquelles il est coincé depuis si longtemps…
Je suis réticent à expliquer le fond des séquences aux lecteurs, car je veux qu'ils y réfléchissent. Comme vous le dites, il se passe des choses bizarres dans ces passages en couleurs et je veux que les gens se posent des questions dessus. Il y a longtemps, j'ai réalisé un dessin pour le New Yorker qui montrait un couple en train d'admirer une œuvre d'art abstraite dans une galerie. Un type un peu prétentieux se tenait derrière la fille et celle-ci lui disait : « J'ai dit que je me demandais ce que cela signifiait, pas que je voulais qu’on m’explique ce que cela signifiait ! » Et ce que j'essayais de dire c'est que j'aime me poser des questions et je ne veux pas qu'on me donne les réponses. Lorsque les gens voient ces séquences en couleurs, je veux qu'ils s'interrogent, qu'ils réfléchissent à ce que cela signifie et qu'ils aient leur propre interprétation. Elles ont une signification très précise pour moi, mais je veux que les gens s’interrogent.
Une fois que Nick a réussi à établir une véritable connexion avec quelqu'un, il essaie de le reproduire avec son neveu, avec Ben, avec sa mère... Est-ce que c'est quelque chose que vous avez peut-être vécu ? Essayer de se connecter vraiment avec les gens, presque comme un toxicomane ?
Oui c'est ça, comme si c’était ma drogue. Oui, je l'ai vécu. Avec des conséquences embarrassantes. *rires* Ce que je devrais dire, c'est que je ne maîtrise rien de tout cela. Je ne sais pas toujours comment établir de connexion avec les autres. Il ne s'agit pas de sermonner les gens en leur disant comment faire, mais plutôt d’illustrer ce que l'on ressent lorsque cela se produit. Mais ouais, j'ai dû avoir beaucoup de conversations très gênantes avec des membres de ma famille, où j'ai soudain essayé d'être émotif et intime avec des gens que je n'ai pas fréquentés toute ma vie.
Mais d'une manière étrange, le livre a facilité les choses, parce que beaucoup de gens, en particulier dans ma famille, ont lu le livre avant de savoir que je pensais de cette manière. Après la sortie du livre, ils ont donc davantage eu envie de me parler et d'être plus personnels, plus intimes et plus vulnérables avec moi. Le livre a fait la moitié du travail à ma place.
Savez-vous s'il existe une formule pour établir une connexion ? Je dirais que si vous dites simplement « Comment vas-tu ? » déjà…
Oui pour établir directement un contact avec la personne
Mais comment vraiment ! Genre « Comment vas-tu vraiment ? »
Un honnête « comment vas-tu ? » C'est drôle parce qu'il y a des gens qui me font ça maintenant. Après avoir lu le livre, ils viennent me voir et me demandent « Comment vas-tu ? » Je réponds « Je vais bien » et ils répondent « Non, mais vraiment… » Et parfois, je n'ai pas envie. Parfois, je veux juste qu'on me laisse tranquille. Mais quoi qu'il en soit, je dirais... L'un des messages du livre est qu'il y a une technique différente pour chaque personne à qui l'on s'adresse. La base est donc l'écoute de cette personne. Je pense que l'un des plus grands passages du livre est lorsque Nick — Spoilers ! Je ne sais pas s'il y aura une alerte spoilers…
Oui, effectivement, oui. (Attention, c’est MAINTENANT)
Lorsque Nick se lie à Ren dans le livre, il se tait, il éteint son cerveau et il l'écoute, et je pense que c'est la meilleure façon de l'aborder.
Vous avez vraiment eu une liberté totale et il y a une des meilleures scènes de sexe que j'ai jamais lue dans une bande dessinée. C'est vraiment une idée de génie. C'est parfait parce qu'on sait ce qui va se passer, mais ça n'a pas besoin d'être sérieux ou même érotique. C'est toujours drôle parce que nous sommes dans la partie drôle du livre. Comment avez-vous eu l'idée de cette page ?
Euh… Oui.
Vous ne pouvez pas me le dire, c'est juste instinctif.
Eh bien…
Vous n'êtes pas si talentueux que ça…
*rires* Comment en suis-je arrivé à cette planche...? Au départ, je craignais que les gens ne pensent que les séquences de connexion signifiaient des relations physiques, donc du sexe. Je pensais que les gens confondraient ces connexions sincères avec avoir des rapports sexuels.
Et qu'il essayerait de baiser avec tout le monde.
Voilà. J'avais donc besoin de montrer une scène de sexe qui n'en était pas une, vous voyez ce que je veux dire ? Pour montrer qu'il ne s'est pas connecté avec elle mais qu'il est toujours très proche physiquement. Et, vous savez, je suis un homme qui a eu beaucoup de premiers rendez-vous avec des gens. Je connais cette danse étrange que vous faites autour de cette personne, où tout ressemble à une performance et où vous avez l'impression d'être sur une scène en train de faire ce truc où vous vous disputez à moitié pour savoir qui va payer l'addition, comme si vous vous produisiez pour un public qui n'est pas là en réalité. Il m'a donc semblé naturel de transformer cela en cette page entière dont vous parlez, où ils sont essentiellement sur une scène à avoir ce rendez-vous et où Nick se débat avec un énorme préservatif pour essayer d'éjaculer. Et puis le rideau se ferme et ils sont de retour. Mais c’est donc comme ça que tout s'est découlé.
Avez-vous discuté avec votre éditeur de la longueur et de la manière de gérer le rythme de lecture de votre album ? Quel espace vous pouviez consacrer à une séquence ou à une autre ?
Oui, tout à fait. J'ai vraiment eu du mal avec ça, en vérité. Mes éditeurs de l'époque m'ont dit que cela allait trop vite pour le lecteur. Ce sera terminé en 30 minutes si vous ne faites pas attention, vous risquez de tout lire d’une traite. Il y a une différence étrange entre le temps qu'il me faut pour dessiner une planche et le temps qu'il faut à un lecteur pour lire cette même planche. Dans le cas de la séquence du rendez-vous, la différence est d'une journée contre 20 secondes pour le lecteur.
Lorsque vous travaillez dessus, vous avez l'impression que tout va très lentement et que les gens mettront une éternité à le lire. En réalité, ils ne mettent pas plus de temps que ça. Nous avons donc dû beaucoup travailler sur le rythme. C'est pourquoi, vers la fin du livre — tout au long du livre mais surtout vers la fin — vous verrez des pages avec des cases simples et beaucoup d'espace blanc. C'est parce que dans ces moments clés, je voulais que les gens ralentissent et prennent le temps de regarder une seule case, et qu'ils ne se précipitent pas. C'est la même chose pour les cafés et les détails en arrière-plan. Je voulais que les gens ralentissent, respirent, regardent tous les détails et s'immergent un peu plus.
Préférez-vous prendre votre temps ou préférez-vous des scènes plus courtes ? Aimez-vous décortiquer les choses sur un grand nombre de pages ou est-il plus facile pour vous de vous lancer directement dans un gaufrier à neuf cases ?
J'aime prendre mon temps et faire des choses longues et lentes parce que je viens du monde de la bande dessinée du New Yorker, où tout est si rapide. Je fais une petite blague, vous commencez, vous finissez, tout est très rapide. J’ai trouvé vraiment appréciable de prendre mon temps pour ces scènes.
Je voulais dire que, lorsque vous avez l'habitude de faire des dessins en une seule planche, le fait de disposer d’autant de pages peut vous pousser à inventer de nouvelles façons de rythmer votre histoire, par exemple en n'optant pas à chaque fois pour une page à neuf cases, mais en expérimentant vraiment. Est-ce que cela a été le cas pour vous ?
Ouais, ouais.
Du style « Je peux faire ce que je veux ! »
C'est ce que j'ai ressenti, oui. J'avais toutes ces pages à remplir ! C'était incroyablement libérateur à ce niveau-là. D’autant que c'était mon premier, je ne connaissais donc pas vraiment les règles de création d'un roman graphique, alors j'ai fait ce que je voulais.
Vous n'avez pas lu d'ouvrages autographiques pour essayer de voir comment ça pouvait fonctionner ?
Je l'ai fait. Mais lorsque j'ai commencé à écrire, j'ai arrêté parce que j'avais peur de les copier ou de rajouter quelque chose qui n'aurait pas dû être là. J'ai lu des ouvrages comme ceux de Liana Finck. C'est l'une de mes dessinatrices préférées et elle expérimente beaucoup avec la narration. Elle commence l'histoire, puis s'arrête, puis revient en arrière et recommence l'histoire. J'avais peur de lire un de ces livres et de me dire « Oh, je devrais faire ça, je devrais prendre ça » et de mettre dans mon livre des trucs qui ne devraient pas s'y être. Alors quand je travaillais sur ce livre, je me suis arrêtée d’en lire pour essayer de faire ce qui me paraissait le plus juste.
Passons à la partie la moins drôle du livre. Nous entrons dans la zone des spoilers (si ce n'était pas assez clair) donc : il y a un troisième acte, où Nick se connecte à sa mère, avec un changement de ton très grave. Pourquoi avoir choisi quelque chose d'aussi dur ?
Eh bien...
Vous ne pouvez pas laisser les gens être heureux ? *rires*
J'ai bien peur que non. Vous devez être triste en ma présence. *rires*
Pourquoi me suis-je lancé dans quelque chose d'aussi difficile ? Pour de nombreuses raisons. J'ai toujours trouvé que la meilleure forme d'art était celle qui vous faisait rire et pleurer. C'est donc le Saint Graal pour moi et je l'ai toujours recherché. C'est la forme d'art que j'apprécie le plus.
Vous êtes quelqu’un de plus viscéral que cérébral.
Tout à fait. Tout ce qui m'importe, c'est d'essayer de susciter une émotion chez le lecteur. C'est tout. Quelle que soit la manière dont j'y parviens. C'est aussi tout simplement dû à ce que je lisais en grandissant. Calvin & Hobbes a un côté très sensible et touchant. Il y a du pathos là-dedans, mais c'est aussi drôle. Pour moi, ces deux aspects sont toujours allés de pair. Dans ce cas-là, c’était surtout niveau intrigue. J'ai eu l'idée de cette découverte d’un monde à l'intérieur des gens et presque immédiatement, je me suis dit « Oh, l'un de ces mondes doit être perdu ou menacé ! » À ce moment-là, j'ai réalisé que c'était exactement ce que je ressentais à propos des personnes qui sont mortes dans ma vie. Il y avait tout un monde que j’avais eu la possibilité d'explorer et que je n'ai pas exploré. Maintenant, il est trop tard et il a disparu.
J'étais sous la douche à ce moment-là et je me souviens m'être relevée du sol de la douche parce que je m'étais effondrée dedans. Et je me suis dit « OK, j'ai besoin d'écrire sur ce sujet maintenant parce que je peux le faire de manière authentique et de façon à ce que je puisse mettre mon chagrin réel dans ce livre. » Du coup : désolé. Je dois dire que j'ai écrit la majeure partie du livre pendant la pandémie au Royaume-Uni, durant le confinement, et j'étais seul dans mon appartement en Écosse, alors c'est devenu de plus en plus triste et de plus en plus triste et de plus en plus triste. Je m'y suis un peu vautré.
Je ne veux pas trop plonger dans votre histoire personnelle, mais j'ai vécu ce que Nick a vécu. C'était vraiment difficile à lire, mais j'ai sincèrement eu l'impression que vous racontiez l'histoire de quelqu'un qui l'avait vécue. À cause de la rencontre avec les médecins, de la discussion avec la sœur et ainsi de suite... Je pense vraiment que la partie la plus difficile du livre, ce sont les pages silencieuses, quand on sait que la vie passe et qu'on voit aussi que la mère se décompose, je suppose. Alors... Comment construisez-vous ce genre de séquence si déchirante ? Vraiment.
Oh. Je suis désolée… et merci, mec. C'est vraiment touchant. Je suis vraiment...
J'essaie vraiment de ne pas pleurer là.
Merci, mec. Ça me touche beaucoup. Honnêtement, les gens qui ont vécu une expérience similaire m'ont toujours envoyé des messages à ce sujet et m'ont dit que ça les avait aidés, que c'était cathartique pour eux de voir quelqu'un d'autre le faire. Oui, je suis passé par là aussi, et je sais ce que l'on ressent. Je ne sais pas ce qui m'a aidé à prendre ces décisions dans ces moments-là... Je suis désolé de continuer à parler d'agir à l'instinct, mais je ne sais pas ce qui m'a aidé à prendre ces décisions. C'était très brut et c'était juste ça... Cette partie du livre, c'est moi qui saigne sur la page.
Encore une fois, quand je ne trouve pas les mots pour exprimer quelque chose — vous le voyez dans le livre — je suis toujours complètement visuel, sans texte ni dialogue. Par exemple, il y a un passage avec les médecins où la sœur de Nick, Anne, parle sans arrêt d'opérations chirurgicales, de procédures et de tout le reste, et elle ne s'arrête pas de parler parce que c'est comme ça que beaucoup de gens gèrent leur chagrin. Et puis il y a un case silencieuse juste après où il pose sa main sur la jambe de sa mère... Ce que vous voyez dans ces moments-là, c'est juste moi disant « Je ne sais pas comment parler de ça, donc je vais juste le dessiner » Voilà.
Ce livre montre vraiment qu’une expérience aussi personnelle peut toucher un si grand nombre de personnes. Je suppose que vous l'avez pensé comme à un véritable objet de connexion pour d'autres personnes.
Est-ce que je voulais que les gens se connectent grâce à ce livre ? Oh, woah. Non, je n'y ai pas pensé de cette manière... Vous voulez dire de la manière dont les personnages se connectent les uns aux autres ?
Oui.
Non, je n'y ai pas pensé. C'est très agréable à entendre. J'espère que les gens aimeront le livre. Mais bon, ça, évidemment. Mais c'est une belle idée de penser que les gens vont se connecter grâce au livre, comme les personnages se connectent les uns aux autres.
Vous terminez sur quelque chose de triste, mais vous essayez quand même de partir sur une note plus lumineuse avec la dernière séquence, parce que vous ne vouliez pas finir sur les regrets de Nick. Cela aurait été vraiment difficile de finir sur cette note.
Ça aurait été dur, oui. Mais c'est ça : lumière et obscurité. C'est toute ma vie. Je passe de l'humour à la tristesse, de l'humour à la tristesse. Toutes mes œuvres préférées se terminent par une note joyeuse, un moment doux-amer... Chaque fois que j'ai été vraiment triste, c'est toujours l'humour qui m'a permis de m'en sortir. C'est la devise de mon enfance. On passe des pleurs aux rires, puis des pleurs aux rires. C'est moi, là-dedans.
Est-il difficile de construire une conclusion ?
Est-il... ?
Difficile de construire une...
(Ensemble) Conclusion.
Quand est-ce que vous vous dites « il faut conclure » ?
Il y a beaucoup de débats avec mes éditeurs pour savoir où nous devrions tracer la limite. J'avais en tête une version où l'on voyait toute la relation entre Nick et Ren, alors que dans le livre, elle s'arrête au début de leur relation. On ne sait jamais vraiment ce qu'ils vont faire par la suite. Mais j'ai eu l'impression que le livre se termine par ce que j'appellerais une révélation pour Nick. Il retrouve le monde de sa mère dans son propre monde. Et cela m'a semblé être un bon résumé du deuil. Vous savez, même si le monde de quelqu'un a disparu, vous ne le perdez jamais vraiment à cause de la relation que vous aviez avec lui auparavant. Là, c’est surtout vous-même qui vous dites « Je ne peux pas faire mieux, on va s'arrêter là. »
Que ressentez-vous lorsque vous dessinez la dernière page et que tout est terminé ? Est-ce un soulagement ? Etiez-vous anxieux à l'idée de savoir comment les gens vont percevoir l'œuvre ?
Je n’étais pas inquiet de la façon dont les gens allaient la percevoir avant un long moment. Lorsque le livre est sorti, je suis devenu très nerveux. Mais sur le moment, je ne pense pas que c'était un soulagement. J'ai vraiment aimé le faire. C'était beaucoup de travail. C'était un travail difficile, mais je me sentais vraiment bien pendant que je le faisais. Quelque temps après, je me suis senti un peu perdu. J'avais ce projet sur lequel je travaillais et que je développais depuis longtemps, et puis pendant quelques mois, je ne savais pas quoi faire, vous voyez ce que je veux dire ? Le retour aux dessin de presse m'a semblé un peu insatisfaisant. Mais je vais bien maintenant !
Pensez-vous que les enjeux soient plus importants pour ce genre de roman graphique que pour vos dessins de presse ? Parce que je comprends bien que le but des dessins de presse est de faire rire les gens et que vous m'avez dit que vous vouliez transmettre des émotions, mais peut-être qu'avec ce genre d'histoire, vous voulez quelque chose de plus... Pensez-vous que ce genre de livre peut changer des vies ?
Oh mon Dieu, je sais pas ! Je l'espère, ce serait formidable si c'était le cas. Oui, les enjeux sont bien sûr plus importants. Sur le plan émotionnel, parce que vous avez mis tellement de vous-même là-dedans et que vous vous exposez à tout le monde. Mais il y a aussi des choses pratiques et ennuyeuses, comme le fait que l'éditeur vous a donné une échéance. Vous devez la respecter sinon vous avez de gros problèmes et il y a de l'argent en jeu, et tout le reste. En revanche, pour les dessins humoristiques du New Yorker, tout le monde se fout de savoir si j'ai dessiné un pigeon.
On en revient aux pigeons.
C'est toujours le cas, à un moment ou à un autre.
À quand votre prochain roman graphique sur les pigeons ?
Oh, wow. Oui, ça sort bientôt aussi. Dessiné avec mes pieds.
Mais vraiment, avez-vous d'autres projets ? Parce que vous l'avez publié il y a presque trois ans...
2021, c'est exact.
Avez-vous travaillé en secret sur un autre grand livre ?
OK mec, on dirait mon agent. Oui, je travaille sur un livre. C'est très... C'est trop vague pour que j'en parle à qui que ce soit ou que je l'annonce de quelque manière que ce soit. Mais oui, je travaille sur autre chose.
Ça marche, on va l’attendre de pied ferme alors !
Cool mec !
Merci beaucoup, Will, d’avoir été avec nous et d’avoir eu une discussion sur *accent français* Au-Dedans, qui est sorti chez *accent anglais* 404 Comics.
Merci beaucoup.