Depuis peu, chez Disney, on assiste à une nouvelle façon de concevoir les synergies d'entreprises. Et c'est curieux : lorsque le groupe avait pris la décision de racheter Marvel Entertainment, l'objectif affiché était de laisser la Maison des Idées fonctionner avec un certain degré d'autonomie. Hors de question d'obliger Spider-Man à faire la publicité du dernier train fantôme de Disneyland, ou d'arranger une union poissonnière entre Namor et Ariel. A l'époque, la maison IDW Publishing était en charge du catalogue "classique" des personnages Disney, Mickey Mouse, Donald Duck, Balthazar Picsou, et toute la clique. Et pour le reste du monde, surtout en Europe, le groupe préférait signer des partenariats en local avec différentes maisons d'édition motivées.
Ce qui a fonctionné pendant un temps
Dans le présent, difficile de savoir comment la compagnie se positionne vis-à-vis de ce "syndrome
Kingdom Hearts." Pour l'anniversaire
des cent ans de la Walt Disney Company, on a vu les animaux anthropomorphes, les souris, les canards et les toutous, se déguiser en super-héros et envahir les couvertures variantes des comics
Marvel.
Dans le même temps, Kevin Feige a mis à jour les contrats proposés aux vedettes des productions Marvel Studios, pour ajouter... la possibilité de venir animer une attraction dans les parcs à thème du conglomérat. A Paris, on peut déjà voir un hologramme de Tom Holland présenter l'attraction Web Slingers, et aux Etats-Unis, sur le Avengers Campus, quelques touristes ont eu l'occasion de taper la tchatche à ce grand coquin de Moon Knight, le super blagueur de Disney+ qui sonne comme Oscar Isaac avec un accent pourri. Haha. Qu'est-ce qu'il est rigolo, avec son trouble dissociatif là. On l'aime. Une mascotte née.
Ces rapprochements et cette capitalisation s'entendent à l'échelle du groupe. Et sur le papier, difficile de faire les surpris : Disney fait ce que font toutes les compagnies de cette taille, en commandant à ses différentes divisions de se faire la passe, dans une période d'anniversaire où le but est de célébrer les accomplissement du conglomérat à échelle globale. On n'en est pas encore à voir les artistes de chez Marvel signer des comics à la gloire de Mickey... ah, attendez, à moins que ? Oui, excusez, ça aussi c'est en train d'arriver.
Dans la foulée
du comics sur l'Oncle Picsou de
Jason Aaron,
Paolo Mottura,
Francesco D’ippolito et
Vitale Mangiatordi, un nouveau rapprochement, encore plus frontal, a été annoncé tout récemment lors d'un salon littéraire en Italie.
Marvel publiera prochainement un comics
What If Donald Duck was Wolverine, par
Luca Barbieri et
Giada Perissinotto. Là-encore, on invoque la perspective de l'anniversaire : le canard furieux souffle ses quatre-vingt dix bougies cette année,
Wolverine passe de son côté le cap de la cinquantaine, et donc, on a décidé de les mélanger. Ca se tient.
Le titre s'inscrit dans la perspective d'une parodie de la BD Old Man Logan (ou "Old Duck Donald" en l'occurrence), et introduira toute une variété de personnages Disney repris à la sauce Marvel. En ce qui concerne les noms, la compagnie n'a pas cherché à se compliquer la vie. Voici ce que ça donne :
"What If Donald Duck was Wolverine suit l'histoire de Donald-Wolverine, dans une aventure sauvage inspirée de la célèbre aventure futuriste du griffu, Old Man Logan. Mais pas seulement ! D'autres grands moments de la vie de Donald-Wolverine sont au programme, et notamment son passé avec Weapon X et les Uncanny X-Men !
Voyagez vers un futur proche, dans lequel Pat Hibulaire-Skull a transformé Duckburg (ndlr : Donaldville) en un désert sans super-héros. Seul le vieux Donald Duck peut inverser la tendance... mais celui-ci a rangé les griffes et préfère désormais faire la sieste et manger les tartes aux pommes de sa grand-mère aux combats plutôt que de combattre les méchants. Toutefois, lorsque Mickey-Hawkeye vient frapper à sa porte avec Dingo-Hulk à ses côtés, Wolverine-Donald devra faire un choix ! Un voyage dans le passé le fera-t-il changer d’avis pour sauver le monde ? Ou est-ce que l'attrait du hamac du jardin et d'une bonne sieste l'empêcheront de faire rugir ses griffes pour la toute dernière fois ?"
On doit donc comprendre que dans cette version des faits, Hulk n'a pas mis sa cousine enceinte pour accoucher de toute une famille d'enfants rednecks malsains et cannibales. Et probablement pas de drapeaux nazis dans le repaire du Red Skull non plus. C'est dommage. On ne respecte plus le canon.
Le numéro spécial est attendu pour le 31 juillet 2024 avec des couvertures variantes signées Peach Momoko, Ron Lim et Phil Noto.
A voir maintenant si la Maison des Idées compte faire de ce genre d'expériences curieuses une nouvelle habitude d'ici les prochaines années. Une chose est sûre : c'est Mark Millar qui doit être content.