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De Deadpool à Venom War : rencontre avec Iban Coello [Paris Fan Festival 2024]

De Deadpool à Venom War : rencontre avec Iban Coello [Paris Fan Festival 2024]

InterviewPanini
Le nom d'Iban Coello n'est certainement pas inconnu des lecteurs de comics Marvel, tant l'artiste espagnol s'est montré prolifique pour la Maison des Idées depuis plus d'une dizaine d'années. Remarqué à juste titre pour ses prestations sur Deadpool (avec Gerry Duggan) et Venom (avec Cullen Bunn), le bonhomme a gravi les échelons de la Maison des Idées pour écoper du statut de "Stormbreaker", réservé aux artisans de l'industrie les plus prometteurs selon l'éditeur. On l'a par la suite vu sur Dark Ages de Tom Taylor, les Fantastic Four de Ryan North, et maintenant le crossover Venom War d'Al Ewing.
 
L'artiste est déjà venu quelques fois en France (on se rappelle par exemple de son passage à Lyon Comic Gone en 2017), mais nous n'avions pas encore pris le temps de nous entretenir avec lui. C'est donc chose faite désormais, avec cette petite interview enregistrée ce printemps pour l'édition 2024 du Paris Fan Festival. Une interview à retrouver également au format audio via le podcast First Print, et que nous vous invitons à partager si ce type de travail vous plaît. 
 
 

Remerciements : Sébastien Martin, Jérémy Briam.
 
AK : Puisque c'est la première fois qu'on se rencontre, je suis obligé de commencer par les bases : pourriez-vous vous présenter, et nous expliquer comment vous avez commencé dans les comics ?

IC : Ah, oui. Alors, salut, je m'appelle Iban Coello, je travaille chez Marvel, et mon dernier projet c'était la série Fantastic Four.
 
AK : C'était rapide ! Mais c'était bien. (rires) Est-ce que vous étiez fan de comics avant de vous lancer dans les super-héros ? Est-ce que c'était même un genre de fiction accessible depuis l'Espagne ?

IC : Quand j'étais petit, je n'étais pas lecteur de comics non. J'aimais seulement observer les dessins. Mon premier contact avec la BD, ce n'était pas les comics, c'était les mangas, avec Dragon Ball. C'est la première BD que j'ai achetée. Mais, j'avais aussi un oncle à cette époque, et il savait que j'aimais le dessin, alors il m'offrait plein de single issues. De Spider-Man, de Venom... tout ce qu'il pouvait trouver. Et évidemment les histoires n'avaient aucune importance, tout ce que je regardais c'était les dessins. Ensuite, j'ai découvert qu'un autre de mes oncles était collectionneur des versions espagnoles de certains comics, des trucs qui se vendaient à pas cher chez nous. Et ça a été une découverte merveilleuse, je me suis mis à essayer de les recopier... Donc en fait je n'étais pas "lecteur" à proprement parler, mais j'ai toujours eu un rapport personnel avec ces personnages. Je me souviens que quand j'étais petit, j'avais découvert que Norman Osborn était le Bouffon Vert... sauf que je ne comprenais pas un mot de ce qui se passait dans le numéro en question. (rires)
 
AK : Et qu'est-ce qui vous a motivé à devenir dessinateur ?

IC : Le besoin de manger. (rires) Et de payer les factures.
 
AK : On peut penser à des professions plus rentables pourtant !

IC : C'est vrai, mais je voulais aussi pouvoir gagner ma vie... en faisant quelque chose que j'aime. Vous savez, souvent, on réalise que quand on décide de transformer sa passion en travail, alors... en fait, ça devient juste du travail. Mais c'est vrai que si vous trouvez le bon endroit, le bon moment... je ne sais pas comment le dire en Anglais (ndlr : on fait les interviews en Anglais, par la force des choses) mais en Espagne on dirait : "ese llena". Ca vous "remplit" de bonheur. Vous voyez ? C'est différent d'avoir un travail où vous avez le sentiment que ça vous plaît, plutôt que de prendre ce qui vous plaît et d'en faire un travail. Je ne sais pas si c'est très clair ce que je dis. 
 
OC : Oui, à peu près. 

AK : On dirait "épanouissement" en Français.

IC : Ah voilà !
 
OC : Quand on regarde vos planches, on a quand même l'impression que vous avez adopté un style très ancré dans les codes du comics américain, malgré votre premier contact avec les mangas. Est-ce que vous pensez que cette influence des super-héros a été plus prégnante sur votre approche du dessin ?

IC : Je pense qu'aujourd'hui, on est exposés à beaucoup plus de styles différents, avec du comics, du manga, et qui propose une façon différente de raconter les histoires. Le manga, c'est un art très rapide. Et en même temps, pas tant que ça, parce qu'ils peuvent prendre trois planches juste pour un coup de poing. On voit la réaction du coup, le visage de l'autre gars... tandis que dans les comics américains, en une page, on peut raconter une histoire complète. Pour la narration, ces deux disciplines ont des tempos différents. Parfois, on va pencher pour une approche ou pour une autre, en fonction des situations, pour mettre en pratique ce qu'on a en stock pour raconter cette histoire. En alternant, on a accès à plus de... munitions, de ressources, de façons d'aborder un projet.
 
Généralement, quand je dois dessiner une scène d'action, j'opte plutôt pour une approche de style manga. Parce que ça, ça... pardon, il faut que je traduise en direct. (rires) Ils sont meilleurs dans cette catégorie. Ils proposent plus de mouvements, les coups ont plus d'impact. Et ça ne s'applique pas qu'à moi : si vous regardez d'autres gars de ma génération, on est nombreux à avoir grandi avec ce genre d'influence, avec Dragon Ball, des mangas dans le genre. Et ils appliquent aussi cette influence dans leur travail à différents degrés.
 

 
AK : On sait justement qu'aujourd'hui, les artistes espagnols sont plus nombreux dans l'industrie des comics, mais ça n'a pas forcément toujours été le cas. Est-ce que ça a été difficile pour vous, au début, de vous faire une place sur ce marché ?

IC : Ce n'était pas trop difficile non, dans le sens où... on a plusieurs grands artistes espagnols, comme Carlos Pacheco, Salvador Larroca, qui étaient déjà présents sur place et qui nous ont facilité l'entrée, à nous, la génération suivante. Donc ça a été relativement facile. En gros, il m'a suffit d'aller à une convention, voir si quelqu'un acceptait les candidatures avec portfolio, et de présenter mon travail. C'est comme ça que je m'y suis pris. J'ai amené mon portfolio, discuté avec un éditeur... et je n'avais pas vraiment d'attentes réelles par rapport à ça, c'était juste pour essayer. Alors ils m'ont dit "ok, c'est super !" et ils m'ont donné une carte avec un email pour les contacter... et je l'ai perdue ! Il a fallu que j'y retourne l'année suivante avec un autre portfolio. Cette fois là, ils m'ont encore donné une carte, et je leur ai soumis des planches test. Et j'ai été engagé.
 
OC : Mais il vous a fallu du temps pour vous faire remarquer chez Marvel ? Je veux dire qu'avant les séries Venom avec Cullen Bunn, vous étiez peut-être moins en vue.

IC : Oui.
 
OC : Pourquoi ce personnage, et cette relation de travail, a peut-être mieux fonctionné de votre point de vue que les projets précédents ?

IC : Je pense surtout que j'ai eu la chance d'être sur les bons projets aux bons moments. C'est à dire, quand il y avait des films autour pour ces personnages. Quand j'ai commencé à travailler sur Deadpool, le film venait de sortir un mois plus tôt. Quand j'ai commencé sur Venom, le film était en chemin aussi. Et ça a été une vraie chance : puisque ces deux héros étaient mis en avant à l'aune de leurs adaptations, mon travail était aussi mis en avant du même coup. Et dans le même temps, j'essayais de faire mes preuves. Parce que j'étais un débutant complet au début, j'étais traversé par le doute, la peur, et puis le temps a passé. En fait, c'était un mélange de chance et d'expérience : avec le temps, j'étais devenu assez sûr de moi pour proposer un meilleur travail, et c'est là qu'ils m'ont mis au bon endroit au bon moment.
 
OC : Et ensuite on vous a bombardé "Stormbreaker".

IC : Oui ! (rires)
 

 
OC : Ce qui vous a notamment ouvert les portes du projet Dark Ages avec Tom Taylor. Beaucoup de personnages, beaucoup de nouveaux designs, une version complète de l'univers Marvel à prendre en main. Comment ça s'est passé ?

IC : C'était... Brr ! C'était dingue ! Et quand ça a commencé, je ne savais même pas que j'allais m'occuper de tout le projet. Au départ, je pensais avoir seulement signé pour les planches prévues dans le numéro Free Comic Book Day qui présentait la série. Et je pensais que ça allait s'arrêter là. Au final, Tom est venu me voir pour me dire "Hey ! Alors, tu as vu l'annonce officielle ?" Je lui ai répondu "Oui oui, ok". Et ensuite "Attends, de quelle annonce tu parles ? Moi j'ai juste signé pour les dix pages du FCBD". Et Tom me répond "Attends tu ne sais pas que... ? Bon, t'inquiète pas". (rires)
 
Ensuite il a été en discuter avec l'éditeur et ils m'ont mis dans la boucle.
 
AK : Vous saviez que vous deviez vous occuper du prologue, mais pas de la série complète ?

IC : Oui parce qu'à ce moment là, j'étais en train de travailler sur un projet. J'étais dans mon état d'esprit "il faut produire, produire, produire" et je n'avais même pas réalisé qu'ils m'avaient annoncé ça. En fait, ils ont même dû me le dire plusieurs fois avant que je comprenne. (rires) Ensuite, après ça, Tom a attaqué son processus de world building. C'était vraiment amusant, mais c'était aussi beaucoup de travail. 
 
AK : Vous avez dû faire beaucoup de recherches pour les nouveaux costumes ?

IC : Alors oui, mais vous savez, quand vous travaillez pour Marvel ou pour DC... vous devez d'abord fournir un travail. Et alors vous dessinez, et vous en fait assez peu de temps pour faire autre chose. En tout cas, c'est mon ressenti personnel, peut-être qu'il y a d'autres dessinateurs qui arrivent à se débloquer du temps, qui sont plus rapides... Moi, je n'arrive pas à me dégager beaucoup de créneaux pour les recherches et le développement. Heureusement, Tom avait une idée très claire en tête. Il m'a donné des consignes très précises sur certains éléments de cet univers, et ensuite, il m'a laissé carte blanche pour improviser avec mes propres trouvailles, une fois que la base avait été posée. Alors ça a été très facile, il fallait simplement que j'applique une philosophie : par exemple, dans Dark Ages, les personnages utilisent des armures en cuir. Alors, j'ai pris cette idée, et j'ai essayé de l'appliquer à tous les personnages. Il fallait que les costumes ressemblent suffisamment aux versions originales, mais avec des petites variations. Et l'autre concept fondateur, c'était de les priver de la technologie à laquelle ils ont accès en temps normal.
 

 
En somme, Tom a bien défini les idées générales, et on a travaillé ensemble à partir de là. Moi, ma mission, c'était de faire en sorte que chaque personnage s'intègre bien. Les deux seuls cas où il a formulé une commande vraiment très précise, c'était pour la Torche Humaine et Iron Man. Pour la Torche Humaine, on m'a demandé de m'inspirer du personnage de The Fury du jeu Metal Gear Solid 3. Moi au départ, je m'étais dit : à quoi bon lui mettre un costume ? A chaque fois qu'il s'enflamme, puisqu'ils n'ont pas la technologie moléculaire des Quatre Fantastiques, il va simplement brûler et détruire ses vêtements. Je cherchais comment trouver une matière ininflammable qui pourrait coller avec le reste de l'univers... et quand l'idée de The Fury est arrivée, déjà, je me suis dit que c'était un super concept, parce que ça part de quelqu'un qui est constamment consumé par les flammes. Et si vous regardez bien, c'est un mélange entre une tenue de cosmonaute et un uniforme de pompier. Un assemblage de deux bonnes idées. En tout cas, le projet en général a été très amusant.
 
AK : On va malheureusement déjà devoir s'arrêter...

IC : Pardon ! (rires) Je parle beaucoup.
 

 
AK : Non non, au contraire ! Mais dans la foulée de Fantastic Four, on voulait aussi savoir quels seraient vos futurs projets ?

IC : Dans l'immédiat, je crois que Marvel a déjà annoncé que j'allais m'occuper des dessins sur le prochain crossover Venom
 
AK : Ah oui, vous faites Venom War.

IC : Venom War voilà, c'est de ça dont je m'occupe en ce moment. J'ai déjà terminé les premiers numéros.
 
OC : Maintenant que vous avez fait les Avengers Dinosaures, est-ce que vous allez faire les Symbiotes Dinosaures ?

IC : Je ne peux riens poiler ! (rires)
 
AK : Merci d'avoir pris le temps de nous répondre Iban !

IC : Avec plaisir.
Corentin
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