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Zorro : quand le Don Diego de la cinquantaine peine à trouver son tempo

Zorro : quand le Don Diego de la cinquantaine peine à trouver son tempo

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On a aimé• De vraies bonnes idées
• Dujardin, toujours à l'aise dans les rôles comiques
• Un propos intéressant sur la double-identité
• Zorro comme on ne l'a jamais vu...
On a moins aimé• ... mais peut-être parce qu'on ne le voit pas vraiment ?
• Une série qui ne se trouve pas vraiment
• Trop de blagues et dans des registres différents
• Des mécaniques qui tournent en rond
Notre note

Une prestation en hommage au Zorro du cinéma muet dans The Artist, une performance en Diego de la Vega tournée sous l'angle du comique dans Platane, et puis, enfin, une adaptation authentique. L'acteur Jean Dujardin aura mis un certain temps avant de réaliser cette ambition profonde qui lui trotte dans l'esprit depuis l'enfance : devenir le vengeur masqué, le cavalier qui surgit lors de la nuit, le terrible Zorro, une bonne fois pour toutes. Et avec le concours de son frère, le producteur Marc Dujardin, l'assistance des scénaristes Noé Debré et Benjamin Charbit, la caméra d'Emilie Noblet et de Jean-Baptise Saurel, la série basée sur le personnage de Johnston McCulley est enfin à nos portes. Prévue pour une première diffusion sur Paramount+, le projet est, au départ, une création pensée pour les ondes de France Télévisions. Et il s'agit bien d'un produit français, tourné par une équipe française, même si l'essentiel des scènes ont été réalisées en Andalousie, au Sud de l'Espagne, et avec un personnage de vengeur masqué mexicain inventé aux Etats-Unis.

La production va effectivement suivre la feuille de route classique de l'audiovisuel national. En France, les comédies constituent le genre roi de la fiction populaire, même pour certaines œuvres "de genre". Si la bascule est peut-être en train d'évoluer en ce moment même, avec le retour de créations plus "sérieuses" et pourtant équipées de budgets solides (Les Trois Mousquetaires, Le Comte de Monte Cristo), on a longtemps considéré que le registre comique, plus accessible, plus familial, pouvait servir de véhicule à des propos plus complets, ou à des fictions plus étoffées. On pense aux films Astérix notamment, qui mobilisent généralement un certain savoir faire sur les décors, les costumes, et sollicitent une enveloppe budgétaire conséquente. Ou aux OSS-117 avec cette idée d'un pastiche intelligent et politique sur le genre de l'espionnage. Ou encore évidemment à Kaamelott, petite série humoristique qui s'est mue en une véritable proposition de médiéval-fantastique légitime au fur et à mesure de son évolution. En somme, en France, on aime rire. Et on aura plutôt tendance à se reposer sur cette qualité pour vendre certains projets coûteux plutôt que d'opter pour l'angle du premier degré, plus clivant, ou sur notre capacité à fournir du grand spectacle, comme aux Etats-Unis.

Ce constat est évidemment à nuancer (avec toute une batterie d'exemples de films d'horreur, de films d'action, etc), mais il semble avoir informé la direction de cette série Zorro. Oui, celle-ci se présente comme une comédie. Et les frères Dujardin ont même eu l'intelligence d'aller chercher des champions du répertoire : Debré est notamment connu pour son travail sur les films Problemos ou la série Parlement de France Télévisions... mais son nom est aussi associé à des productions plus sérieuses, comme le Dheepan de Jacques Audiard ou La Vénus d'Argent d'Héléna Klotz. De son côté, Charbit est aussi un habitué du répertoire, remarqué pour son écriture sur le sympathique En Liberté de Pierre Salvadori, et surtout l'excellent Gagarine, réalisé par Jérémy Trouilh et Fanny Liatard

En somme, l'équipe créative coche toutes les cases que l'on s'attend à retrouver sur une production de l'audiovisuel public : des gens talentueux, capables de faire rire, mais aussi suffisamment intelligents pour développer un propos, un univers cohérent, pour éviter de tomber dans un simple défouloir à sketchs. Et là-dessus arrive le problème principal de cette adaptation de Zorro : sur l'ensemble des huit épisodes de cette première - et unique - saison, cette belle recherche de l'équilibre, du sujet, de la façon de mettre en accord la forme et le fond, semble avoir échappé aux deux créateurs. Il en ressort un résultat pas forcément désagréable, dont on parvient à arracher quelques idées, quelques bonnes scènes, de nombreux gags réussis et une équipe qui a visiblement eu l'air de s'amuser sur le tournage, mais aussi un produit globalement déséquilibré et qui hésite, dans sa liberté de ton, à se positionner sur une seule donnée fédératrice. Un personnage qui oublie peut-être trop souvent de penser à Zorro... tout en étant constamment obnubilé par ses possibilités.

Humble Vétéran de Vaudeville 


 
Le synopsis du projet opte pour une accroche originale : cette fois, Diego de la Vega n'est plus un jeune aristocrate de retour d'Espagne, devenu expert du maniement des armes et habité par un profond désir de justice, sur le point de retrouver la Californie aux mains d'un dictateur. Jean Dujardin est un hommage âgé, et le projet s'est adapté à cette réalité. Le héros est donc cette fois présenté comme un cinquantenaire. Il a bien été Zorro, dans sa jeunesse, lors de son retour d'Espagne. Mais, une fois la situation apaisée (on nous explique notamment que son père est devenu "l'alcade" de la ville, une sorte de bourgmestre chargé d'administrer le pouvoir exécutif), on devine que les injustices et les persécutions provoquées par les capitaines Ramon, Monastorio, Esteban, ou tout autre adversaire dans la longue liste des militaires-dictateurs qui motivent généralement l'apparition du justicier, ont pris fin. Le Fléau de Capistrano a donc rangé le masque, raccroché les gants, et pris sa retraite. Depuis, Diego œuvre dans les coulisses aux côtés de son père pour tenter d'améliorer la situation de Los Angeles, encore placée sous le régime de la royauté espagnole.
 
Quand vient le moment de prendre la suite de Don Alejandro de la Vega (André Dussolier), le personnage va toutefois se heurter à un problème de taille. Si Zorro lui permettait autrefois d'exprimer son penchant pour le spectacle, son charisme, sa fougue, sa personnalité civile est plutôt celle d'un homme calme, courtois, diplomate, incapable de captiver les foules ou de s'opposer aux manigances des propriétaires locaux. Lorsqu'arrive un nouvel adversaire, Don Emmanuel (Eric Elmosnino), Diego n'a donc pas le choix : il doit redevenir Zorro et œuvrer en dehors des limites de la loi pour protéger, à nouveau, une population visiblement prête à sombrer entre les griffes de cet ultralibéral d'avant-garde. Et non : il ne s'agit pas d'une opinion personnelle, dans la mesure où Emmanuel sert de principal placement pour cette idéologie au point de devenir le pastiche absolu du propriétaire fortuné, qui pense libérer le peuple par la servitude (pardon, "le travail") et s'oppose aux projets d'utilité publique pour servir le... remboursement de la dette. Tout est prévu.
 
Cette accroche inédite permet de débloquer quelques propositions intéressantes. D'abord, en allant gratter sur la signification finale de la double-identité qui anime un certain nombre de super-héros depuis l'invention même de ce concept, essentiel pour Daredevil, Spider-Man, Superman, etc. Charbit et Debré brossent une étude fine et intelligente de la notion. Pour eux, Zorro est d'abord et avant le résultat d'une psyché refoulée : élevé par Don Alejandro, un braillard viril, un homme fort qui n'hésite pas à critiquer ouvertement son enfant pour ses manières et sa douceur, Diego aurait fini par avoir honte de son amour des lettres, de la musique, ou de sa recherche perpétuelle des solutions pacifiques. Au point de se créer un double, une sorte de Tyler Durden masqué, pour pouvoir enfin exprimer son côté masculin. Et de ce point de vue, la logique tient debout : dans la série de Walt Disney, par exemple, même si Diego se fait passer pour un oisif pacifique et rêveur dans l'idée de tromper son monde, celui-ci a pourtant bien étudié la guitare, les lettres, et tente généralement de contenir les instincts révolutionnaires de son père pour éviter les bains de sang et le chaos. 
 

 
A l'époque, Diego était un amateur de sérénade, il citait les philosophes grecs, maîtrisait le clavecin et l'orgue à un degré de virtuose... en somme, si le personnage n'était effectivement qu'un aventurier qui se déguise en dandy paresseux, on pourrait admettre que, comme Mark Wahlberg dans Very Bad Cops, celui-ci aurait poussé son rôle de composition jusqu'à un stade très, très avancé. Charbit va donc opter pour une conclusion différente. Selon lui, Diego serait bien le pacifiste, et Zorro serait un alter-ego pour exprimer toutes ses pulsions refoulées. Ce discours offre un petit vent de fraîcheur sur notre compréhension du personnage, et marche dans certaines théories sur les personnages de Hulk ou Batman qui guident cette logique du héros aux deux visages vers un ensemble plus profond et plus réel. Et aussi, cela permet à la série d'aller vers son principal sujet : la crise conjugale, le vaudeville, le triangle amoureux, et les crispations de cette virilité frustrée.
 
La série Zorro repose effectivement sur cette logique à trois têtes. Don Diego, Zorro, et leur femme à tous les deux, Gabriella de la Vega (Audrey Dana). Dans une saison montée comme la crise et la résolution d'une problématique de couple, les scénaristes nous proposent d'appliquer ce principe de double-identité à une mécanique vieille comme le monde : Gabriella tombe amoureuse de Zorro, un homme plus fougueux que son petit mari mollasson. Le mari comprend qu'il est de trop et laisse la place à son remplaçant. Et puis, au bout du compte, on comprend vite que le chaos et la passion du nouveau petit-ami sont difficilement compatibles avec une vie de famille bien ordonnée. Certains épisodes fonctionnent à plein sur cette esthétique de théâtre de boulevard, avec des transitions entre Diego et Zorro qui nous rappelleraient certaines scènes du Superman de Christopher Reeve : un héros qui change d'identité comme on change de pièce, et une femme amoureuse du mari et de l'amant, sans se rendre compte qu'il s'agit des deux facettes d'une même personnalité fracturée.
 
D'autres idées sont aussi plutôt intéressantes : la satire de l'ultralibéralisme, que l'on ne prend pas forcément la peine d'habiller ou de déguiser pour la rendre plus digeste. Don Emmanuel capte tout le génie comique que l'on peut extraire de cette catégorie du "gentil méchant", tout petit bonhomme heureux de voir que le système fonctionne en sa faveur, et qui devient vite une sorte de loser récalcitrant, incapable de résoudre l'équation Zorro. Les quelques problématiques sociales évoquées dans le texte sont amusantes, à défaut d'être franchement assumées. 
 
De son côté, le Sergent Ficarra (Gregory Gadebois), qui remplace le Sergent Garcia pour des raisons de cohérence temporelle, assiste désabusé à cette énième cavalcade avec une forme de lucidité, voire de quiétude intérieure : lui n'est plus en guerre contre Zorro, qu'il considère presque comme un vieux copain, ou même comme le fondamental de son propre rôle en tant que personnage de fiction. Là-encore, une réponse intelligente aux poncifs : Garcia n'est jamais présenté comme autre chose que l'idiot de la commanderie. Il n'est pas vindicatif ou mauvais, simplement, il obéit aux ordres du méchant. Cette fois, Charbit se propose d'en faire celui qui a tout vu, tout vécu, et qui est presque plus intelligent que les autres dans sa capacité à comprendre où en est arrivée sa vie à ce stade.  

Z comme Zéquilibre

 
Arrive le problème : pour toutes les bonnes idées que les scénaristes ont à proposer sur le personnage... la série pourrait tout aussi bien adapter la vie de Robin des Bois ou de n'importe lequel des héros masqués qui se sont inspirés de Zorro. Réflexion sur la double identité, héros du peuple issu d'un natif bourgeois, thérapie de couple, oui, effectivement, ces éléments semblent coller au bon fonctionnement d'une série consacrée à ce héros précis. Seulement, Zorro a son propre historique, ses propres codes, et ses propres manies. 
 
Force est de constater que l'équipe créative rentre difficilement dans le costume noir. Il manque quelques données : un grand vilain pour animer toute l'intrigue, une utilité concrète aux scènes de cape et d'épée (qui ont l'air d'être propulsées au sein de chaque épisode comme une sorte d'obligation à remplir), des chorégraphies ou une esthétique peut-être plus stylisée, plus active, plus marquante, peut-être davantage d'éléments de background ou une introduction qui prendrait plus de temps pour développer ce qu'a été Zorro avant de raccrocher les gants... ce n'est pas une surprise d'entendre Benjamin Charbit l'expliquer lui-même : il n'est pas un énorme fan du héros, et lorsque ce projet lui a été proposé, il en a surtout profité pour développer des thématiques personnelles, tout en acceptant de jouer le jeu et d'étudier les précédentes adaptations. Le résultat s'en ressent. 
 
On ne perçoit pas de réelle envie de s'intéresser à ce que Zorro représente, symbolise. Et si l'envie nous venait de comparer ça à d'autres fictions qui reprennent la logique des "Old Man", comme le comics Old Man Logan, ou bien encore son modèle originel, l'Impitoyable de Clint Eastwood, alors, il deviendrait tout de suite plus facile de voir ce qui manque ici. Zorro redevient Zorro au bout de longues années, oui, mais ce n'est pas ça le sujet. Le sujet, c'est la crise de la cinquantaine. Comment un riche propriétaire terrien s'est enterré dans sa vie confortable au point de négliger sa femme et de s'enfermer dans le portrait que son père a fait de lui.
 

 
Le justicier, le cheval, l'épée, le fouet, le combat contre la dictature ou pour l'indépendance de la Californie Mexicaine, tout ceci est laissé en retrait au profit de cette comédie de boulevard qui vire vite en une étude approfondie de sa propre mécanique grippée. Inconsciemment, l'équipe créative a donc produit un Zorro pour les gens qui ne consomment pas de Zorro. Tout le panache, le plaisir que l'on peut trouver à suivre ce cavalier nocturne lorsqu'il affronte des hordes de soldats au sommets des églises, passe au second plan quand l'objectif est seulement de s'intéresser à l'homme, et du rapport que l'homme entretient avec son propre masque. 
 
Et c'est même le défaut de la qualité principale : si la lecture offerte par la série sur ce principe de double identité nous paraît novateur, c'est justement parce que Zorro, en général, n'a jamais cherché à faire de Don Diego autre chose qu'un Zorro qui se déguise en bourgeois, et pas l'inverse. L'homme masqué, l'épéiste, le héros vengeur, voilà où se situait jusqu'ici l'accroche principale de ses aventures. Et la passion manque dans cette lecture plus complexe, qui offre une belle performance à Jean Dujardin, mais qui ne parvient pas à nous arracher de l'esprit qu'il s'agit du caprice personnel d'un acteur conscient de son âge, conscient de ses talents d'acteur comique... mais qui n'était peut-être pas forcément taillé pour être le Zorro de Guy Williams ou de Douglas Fairbanks
 
Et par-dessus cette absence d'amour perceptible vis-à-vis des écrits ou des films consacrés au héros de Johnston McCulley, s'empilent d'autres difficultés. D'abord, une série parfois très sombre, qui assume des problématiques d'adulte... empaquetée dans une fiction plus familiale, plus grand public. Le rythme et le montage trahissent une difficulté à se situer, à conserver une tonalité cohérente et unie entre le début et la fin. 
 

 
Parfois, l'humour pousse vers le méta', avec des scènes qui jouent la carte du pastiche : un Zorro dont on parodie les vieilles manies, comme chez Michel Hazanavicius. Et parfois, au contraire, l'humour devient plus potache, plus routinier. La difficulté de la série à trouver son tempo installe de grandes plages d'attente entre les segments sérieux et comiques, comme si on cherchait le rire au moment où l'on ne devrait pas, ou bien comme si l'on se surprenait à trouver quelque chose de plus épais, de plus réfléchi, dans une fiction qui nous explique quelques scènes plus loin qu'elle n'est qu'une comédie que l'on ne devrait pas trop prendre au sérieux. Certains sketchs sont plus balourds (Diego dans certaines interactions père-fils), certains autres sont plus réussis (les soldats qui tchatchent entre eux de choses triviales en attendant de se faire rosser par le justicier du coin).
 
Le personnage de l'enfant adopté aurait aussi de quoi agacer, dans la mesure où on a l'impression que les scénaristes se souviennent de son existence presque par surprise, au bout de longues scènes dans lesquelles il n'est d'aucune utilité. Le choix des décors (réels, avec quelques constructions en plus, mais tout est dans le dur) fonctionne, mais on ne profite pas assez de l'esthétique western de l'Andalousie : à chaque fois qu'il doit se déplacer, Zorro emprunte le même couloir de montagnes, la même nuit américaine, le même passage obligé vers l'action obligée. 
 
La série manque de personnages secondaires en décidant de tout laisser reposer sur son trio (donc son duo) de vedettes principales, et à mesure que l'on enchaîne les péripéties, avec Don Emmanuel, avec l'enfant, avec le couple, avec le théâtre, on a l'impression d'un trop plein. D'une série qui veut être tout à la fois, sauf une série Zorro. Une comédie familiale, un pastiche, une satire politique, un vaudeville, une fiction avec des moyens et des scènes d'action, voire même une série historique avec une évocation de véritables éléments historiques... et on se paume un peu dans tout ce fatras dont seuls Jean Dujardin, toujours impeccable dans sa diction et son aisance comique naturelle, et Audrey Dana sortent grandis, avec de véritables arcs scénaristiques et une amplitude de jeu qui leur permet de coller aux besoins du moment.
 

 
La série risque aussi de ne pas échapper au comparatif obligatoire avec OSS-117 : c'est normal, l'acteur principal fournit assez peu d'effort pour se distinguer de son fidèle Hubert Bonisseur de la Bath, mais les deux héros n'ont en réalité pas grand chose à voir. Chez Hazanavicius, la pastiche est permanente. On assiste constamment à une critique amusée des codes du cinéma d'antan, à travers un héros qui aurait été le véhicule réel de cette époque, plus sexiste, plus raciste, plus antisémite, etc. 
 
Dans la série Zorro, ce n'est pas le cas : non seulement ni Diego ni Zorro ne sont les imbéciles heureux et fiers d'eux qu'ont été les Lucien Bramard ou les Noel Flantier des deux OSS-117, mais la série n'est pas non plus une franche parodie des anciennes productions, en dehors de quelques éléments glissés ici ou là. On pourrait croire que c'est le cas en découvrant le générique, délicieusement pulp, rétro', une addition intelligente à la formule, mais en définitive, non. Il s'agit surtout d'une production bien intentionnée, mais qui paume vite son spectateur en refusant de trancher dans le spectre des possibles, et à laquelle on s'accroche pour les quelques trouvailles semées en chemin, en réprimant, parfois, un sentiment de gâchis.
 
 
Zorro, Zorro, Zorro. Renard usé qui tente de faire sa loi, sans réellement y parvenir. Loin d'être un échec complet, la série de France Télévisions devrait toutefois servir d'objet d'étude intéressant pour qui s'intéresse au parcours de ses deux créateurs. Elle est aussi, à sa façon, une tentative de ramener en France l'envie des productions à gros budget qui fleurissent sur les plateformes américaines de vidéo-à-la-demande. Mais au global, on ressort de ces huit épisodes avec quelques regrets : le titre ne semble s'intéresser à l'idée originelle de son vengeur masqué que pour servir de prétexte à un scénario qui parle de tout autre chose, dans un esprit fourre-tout qui va enchaîner les genres de comédie sans forcément chercher à se stabiliser ou à laisser au spectateur une ligne dirigiste claire. Faire de Zorro une allégorie sur le couple en crise dans une cinquantaine bien tassée ? Pourquoi pas ! On aimerait justement voir ce genre d'expériences tentées plus souvent, pour se libérer des carcans posés par Hollywood et profiter du savoir-faire que peuvent proposer les scénaristes français. Mais, avec ses éléments désordonnés, une matière qui manque souvent pour habiller cet univers, un Zorro sens dessus dessous qui passe plus de temps à la maison que dans les rues, l'impression générale reste celle d'une production qui s'est un peu paumée en chemin. Pourquoi ne pas avoir complètement sorti l'idée du justicier de l'équation, pour faire une simple pièce de théâtre sur le thème du couple, sans cavalcade, sans combat à l'épée ? Ou tout l'inverse ? Quitte à jouer sur le côté trivial et quotidien, pourquoi ne pas avoir imaginé, comme Kaamelott, une sorte de "vie de bureau" avec Zorro, comme dans Parlement ? Difficile à dire. Au final, une production plutôt agréable, mais qui ne risque pas de marquer le parcours de ses créateurs.
Corentin
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