Et comment lui en vouloir. Il aura fallu un certain temps pour que, enfin, le projet de micro-univers assemblé autour du film The Penguin commence à se matérialiser. Et la route a été longue, avec deux autres développements de séries en forme de spin-offs tombés au combat, et une suite au film The Batman qui continue de prendre son temps. De son côté, l'industrie et le public ont été agréablement surpris par cette plongée dans la périphérie de Gotham City : lancée sur un succès d'audimat immédiat dès les premiers épisodes, The Penguin aura même fini par séduire les critiques en cours de route avec une qualité ascendante sur la seconde moitié d la saison, qui doit beaucoup à la prestation de l'immense Cristin Milioti et à une écriture travaillée qui aura assumé de prendre la stature de super-vilain du Pingouin au sérieux.
Vous connaissez la règle dans ce genre de cas : quand l'audimat et la presse arrivent à se mettre d'accord sur une production de franchise, les diffuseurs ont généralement du mal à s'arrêter en si bon chemin. Rappelez-vous de Watchmen, au hasard. La différence repose cette fois sur une donnée essentielle : le réalisateur n'est peut-être plus tout à fait opposé à l'idée d'une suite.
Penguin : Folie à Deux
En plein milieu de saison,
Matt Reeves avait déjà évoqué l'envie de la chaîne
HBO et des responsables de la plateforme
Max de pousser l'expérience plus loin. Le réalisateur de
The Batman et gardien des clés officiel de cet univers avait alors poussé l'idée d'autres projets du même genre, des séries qui permettraient d'alterner les points de vue. Avec une logique implacable : lorsque chaque film consacré à
Batman se termine, on part regarder ce qui se passe ailleurs, dans un autre recoin de
Gotham, et chaque saison intermédiaire devra alors passer le relais au film suivant. Un principe plutôt intéressant sur le papier, mais qui oublie deux données essentielles : l'industrie va trop vite pour se contenter de cette cadence modeste, et les longs-métrages sont tellement éloignés les uns des autres qu'il est tout à fait possible de caler deux produits dans le même interstice.
En ce début de semaine, Reeves et Lauren LeFranc (la créatrice de The Penguin) ont fait le point sur les décisions appliquées sur la fin de la série dans les colonnes du site Entertainment Weekly. Et si le réalisateur était encore catégorique jusqu'ici sur le statut de ce spin-off, pensé et développé comme une série limitée, le travail réalisé par les équipes en charge du projet, les bonnes audiences, le relationnel avec HBO, ont visiblement ébranlé cette certitude initiale. En définitive, pourquoi ne pas produire une suite, dans la mesure où tout s'est bien passé la première fois ?
Voici ce que celui-ci a confié aux rédacteurs d'EW :
"Nous avons commencé à discuter, Lauren, Dylan Clark (ndlr : son partenaire au sein du studio 6th & Idaho, qui développe la franchise The Batman au sens large) et Colin, de comment nous pourrions nous y prendre. Ces discussions n'en sont qu'au stade préliminaire. Pour moi, l'important, ce serait qu'on gagne le droit de le faire, que ça ne soit pas usurpé. L'idée de revenir vers un projet n'a de sens que si on s'astreint au même niveau de qualité. Je sais que personne dans l'équipe n'a envie de faire une suite juste pour faire une suite. On veut y retourner pour que ce soit génial. Et c'est de ça dont on discute en ce moment.
On pense qu'il y a quelque chose à faire avec ce projet, mais on n'en est qu'au tout début de la réflexion. C'est excitant, ceci dit. Et très gratifiant."
En somme, comme Marc dans La Flamme, Matt Reeves estime qu'il est encore un peu tôt pour faire un choix. Le simple fait d'évoquer la possibilité d'une suite et d'avoir amorcé cette discussion avec l'équipe créative, en revanche, doublé à l'enthousiasme manifeste du réalisateur, ne trompe pas. On le sait : sur la production de la série Gotham Central, Reeves avait surtout eu du mal à lâcher la bride et à faire confiance aux différents scénaristes qui avaient envisagés pour assumer la capitainerie de ce premier spin-off mis en développement dans la foulée de The Batman. Ce qui peut se comprendre, le bonhomme est un pointilleux qui n'a pas envie qu'on abime ou que l'on salisse ses jouets. Or, maintenant que la confiance placée en Lauren LeFranc a visiblement porté ses fruits, si Reeves peut s'assurer que la franchise pourra continuer de croître entre les mains d'une créatrice qu'il estime compétente, on aurait du mal à voir ce qui pourrait bien poser problème dans le cas d'une éventuelle deuxième saison.
Le personnage du Pingouin est suffisamment riche pour supporter de nouvelles aventures, et à l'heure actuelle, il n'est pas du tout certain que celui-ci sera réellement le grand méchant de The Batman 2. Colin Farrell expliquait récemment qu'il ne savait pas quel sort allait lui être réservé dans la suite du premier film (et qu'il n'avait pas non plus reçu de consignes particulières dans l'immédiat). L'acteur a toutefois ajouté qu'il n'était pas contre se reposer un peu au sortir de cette longue période de travail. La première saison de The Penguin a effectivement pris un certain temps à se monter, handicapée par la période des grèves de l'an dernier, et pour le comédien, celle-ci a aussi nécessité de longues séances de maquillages pour endosser la masque intégral sur toute la durée du tournage. A voir si celui-ci est emballé à l'idée de rempiler, sachant qu'une suite ne pourra pas avoir lieu sans lui, en sachant que Farrell a bien signé pour un contrat de trois films et devrait donc apparaître dans chacun des volets de la trilogie.
Autre possibilité : un spin-off consacré exclusivement à Selina Kyle et Sofia Gigante (piste qui semble avoir emballé Cristin Milioti : l'actrice a expliqué que les deux frangines n'auraient aucun mal à "foutre le bordel" à Gotham si la franchise devait prendre cette direction). Affaire à suivre, et long temps de développement à considérer dans le cas d'un renouvellement officiel.
