Etat de crise ? Plus ou moins. Dans la foulée de Dark Horse, le groupe IDW Media s'attaque au chantier des coupes franches dans la masse salariale. En l'occurrence, pour des suppressions de postes qui restent tout de même bien moins conséquentes : si Dark Horse a pris la décision de se séparer d'une bonne vingtaine de salariés (un nombre important, compte tenu de la taille réelle des maisons d'édition installées sur le marché indépendant), seuls deux licenciements ont été signalés du côté d'IDW. En somme, l'hémorragie reste mesurée. Dans le même temps, le PDG de la compagnie, Davidi Jonas, a assuré aux investisseurs lors d'une prise de parole récente que la société n'était pas en danger de fermeture pour le moment.
IDW Entertainment : c'est terminé
Le choix de cette suppression de postes est probablement la donnée la plus intéressante à considérer : historiquement, IDW avait pris l'habitude de participer au développement, au financement et à la production des différentes adaptations basées sur le catalogue du département éditorial de la structure. Ce qui signifie que l'enseigne a investi son propre argent pour le tournage de séries telles qu'October Faction, V-Wars ou Wynona Earp. Or, cette politique de centralisation n'est pas forcément monnaie courante sur le marché indépendant : généralement, les éditeurs ont plutôt tendance à faire appel à des sociétés de production externes, qui développent les projets sur options ou sur achats de droits. En optant pour cette solution, des enseignes comme Image Comics ou BOOM! Studios n'ont donc pas besoin de dépenser le moindre centime lorsqu'une adaptation entre en chantier.
Avantage, ça coûte moins cher, mais inconvénient, les studios conservent l'argent généré en cas de succès.
IDW a donc préféré parier sur un modèle interne en ouvrant un département consacré exclusivement aux adaptations,
IDW Entertainment, pour financer et produire les pilotes de certaines séries télévisées. Et c'est justement qui a failli provoquer la banqueroute de l'enseigne : en 2020, celle-ci s'était endettée
à hauteur de 26 millions de dollars dans cette tentative de ruée vers l'or en direction d'Hollywood.
Avec le temps, la présidence a donc considérablement réduit les activités du pôle
IDW Entertainment en se séparant de plusieurs postes clés. Personne ne sera surpris de découvrir que les deux licenciements en question concernent... les deux derniers postes encore en activité sur cette branche. Ceci étant, celle-ci n'a pas été officiellement enterrée, et
Davidi Jonas assure qu'il poursuivra le travail de son côté, mais probablement en optant pour un modèle de partenariat avec des studios extérieurs plutôt qu'en investissant le capital de la compagnie dans les futurs projets d'adaptation actuellement en cours de gestation (lesquels sont :
nombreux).
Pour l'anecdote, la rédaction du site ComicsBeat a épluché les documents présentés aux actionnaires du groupe IDW Media et dégoté une information utile : l'an dernier, la branche IDW Entertainment enregistrait un chiffre d'affaires de 91.000 dollars en tout et pour tout... avec seulement 1000 dollars de bénéfices. Une fois que les taxes, les coûts opérationnels et les salariés avaient été payés. Le groupe va donc se séparer d'un pôle qui leur coûtait au moins 90.000 dollars par an. Une bonne nouvelle de ce point de vue : si la compagnie n'a pas forcément enregistré d'amélioration notable sur les ventes de comics, le PDG assure que les chiffres sont revenus dans le vert grâce aux nouvelles économies générées sur les décisions prises l'année dernière. L'idée est maintenant de développer un modèle moins coûteux en attendant le retour des beaux jours... et dans le même temps, de prendre moins de risques.
A voir si cette nouvelle philosophie aura un impact sur le département IDW Publishing et la production des comics.