Le retour du marronnier. Cela fait depuis maintenant bien six ans que chaque année, pour le printemps, l'enseigne Carrefour s'associe à Panini Comics pour la publication d'une collection de comics à (très) petit prix. L'inflation et la crise étant passées par là, les collections s'amenuisent avec le temps, passant de dix à six albums, et pour 2025, la barre des trois euros sera franchie, puisque le prix de lancement des titres passe de 2,99€ à 3,20€. Ces quelques différences avec les précédentes années étant pointée, il est temps de s'intéresser au sujet de la collection Carrefour de cette année, qui n'est autre que Captain America. Ou plutôt, les Captain America.
Ainsi, Panini Comics et Carrefour misent cette année sur la sortie récente du Captain America : Brave New World pour proposer une série de récits qui mettent en lumière à la fois Steve Rogers et Sam Wilson, ce dernier occupant le rôle du Faucon ou de Captain America en fonction des albums proposés. L'ensemble se présente vraiment comme une forme de condensé de l'historique de Rogers et Wilson, en se démarrant avec le retour de Captain America dans les comics Marvel au début des années 1960, jusqu'au moment finalement encore récent où Sam Wilson a endossé en bonne et due forme le costume de Cap'. Avec dans l'intermédiaire, des rencontres et collaborations entre les deux hommes, souvent face à des ennemis qui ont beau changer de nom et de costumes, restent des représentants du totalitarisme, du fascisme et autres joyeusetés qui ont la fâcheuse tendance à perdurer dans le temps.
La collection affiche une date de sortie officielle pour le 30 avril arrivant, mais les albums sont déjà trouvables dans certaines enseignes ou peuvent être commandés en ligne via le site de Carrefour (à retrouver en lien source). Quant au contenu des albums, le voici tel que fourni par l'éditeur.
On commence avec le tome le plus "oldies". Cet album démarre avec Avengers (1963) #4 de Stan Lee et Jack Kirby, soit l'histoire dans laquelle Captain America (Steve Rogers) est sorti des glaces et rejoint les Avengers. Suivent des histoires tirées de Tales of Suspense (1959) #82-86 (par Stan Lee et Jack Kirby, dans lesquelles Cap' affronte de nombreux adversaires, du Super Adaptoïdes à Batroc), #88-91 (par Lee et Gil Kane, avec Red Skull en ennemi), #97-99 (par Lee et Kirby, avec Black Panther en guest), ainsi que Captain America (1968) #100 (par Lee et Kirby, qui était à l'époque le premier numéro accordé en solo à Cap' depuis sa première série du Golden Age) et #117-119 (par Lee et Gene Colan, avec la première apparition de Sam Wilson en Faucon, les deux s'associant pour affronter le Red Skull). En somme, vraiment un album des origines qui ravira celles et ceux qui veulent comprendre d'où viennent les personnages.
Dans ce second tome, on poursuit l'exploration chronologique des comics Captain America et les nouvelles apparitions de Sam Wilson. L'album démarre avec Captain America (1966) #126 (Stan Lee, Gene Colan et John Romita, où Steve Rogers vient en aide à Wilson qui est accusé d'un crime), puis #134-138 (par Lee et Colan, et Romita sur le dernier numéro ; c'est à partir du 134 que la série est renommée Captain America & The Falcon sur les couvertures), #153-156 (par Steve Englehart et Sal Buscema, et plutôt intéressant : Steve et Sam se retrouvent face à deux imposteurs qui se font passer pour Captain America et Bucky, le premier étant d'ailleurs dégoûté qu'une personne de couleur comme Wilson puisse porter l'héritage de Cap' ; comme quoi, de 1973 à 2025, certaines choses n'évoluent hélas pas), ainsi que Captain America Annual (1971) #3 (par Jack Kirby, qui invente ici la race des Epsiloni).
Un nouveau bond dans le temps pour ce troisième volume, qui démarre avec Captain America (1966) #185-191 avec Steve Englehart, Sal Buscema, John Warner, Tony Isabella et Frank Robbins, avec notamment le dernier épisode qui s'intéresse au procès de Sam Wilson, jugé coupable de ses crimes passés, mais qui sera remis en liberté sous condition d'obéir expressément aux ordres de Nick Fury. Viennent une histoire du #220 par Scott Edelman et Bob Budiansky dans laquelle Sam va à la rescousse de son faucon Redwing qui a été enlevé ; puis les numéros Captain America (2002) #29-32 par Robert Kirkman et Scot Eaton, soit l'arc "Super-Patriot" qui prend place en parallèle de Avengers Disassembled, et qui met Rogers face à la Serpent Society et au Red Skull.
Un quatrième album qui fait là aussi la part belle aux années 2000 avec des numéros tirés du volume de Captain America initié en 1998, après la parenthèse Heroes Reborn. On retrouve Captain America (1998) #25-27 (l'arc "Twisted Tomorrows" par Dan Jurgens et Andy Kubert dans lequel Steve Rogers et Sam Wilson font face à Hate-Monger, qui est... un clone d'Adolf Hitler), puis #33-35, #37-38 et Captain America Annual (2000) #1, le tout par Dan Jurgens qui met Rogers face à Protocide, la version A.I.M. de Captain America). Si Falcon est un peu moins présent, mettons que le tome a une résonance particulière au vu des ennemis qui sont mis en avant.
Ne soyez pas trop effrayés par la couverture assez laide, il y a également des récits intéressants dans ce volume. À commencer par Captain America : Sentinel of Liberty (1998) #2-4 par Mark Waid et Ron Garney, pour une histoire qui se déroule en 1942 et qui voit Rogers faire alliance avec Namor pour lutter contre... hé bien, des nazis, pardi ! S'ensuivent ensuite les sept premiers numéros de Captain America & The Falcon (2004) écrite par le grand Christopher Priest (Black Panther en Marvel Knights), avec Bart Sears au dessin sur les quatre numéros d'ouverture, puis Joe Bennett (Immortal Hulk) sur les trois suivants. L'auteur propose une (autre) version twistée de Captain America avec Anti-Cap, de quoi amener comme souvent avec le scénariste un propos fort, pour qui n'aura pas peur du dessin hyper-musculeux de Sears.
Notez qu'avec ces sept numéros, c'est la moitié de la série complète qui est proposée, mine de rien, pour trois euros et quelques. Il est dommage de ne pas avoir mis les numéros #8-9 de Sentinel of Liberty, puisque c'est dans ceux-là que Wilson endosse réellement la première fois le costume de Captain America.
Enfin, passage obligatoire par l'ère moderne avec ce sixième tome, qui démarre avec l'ensemble de la mini-série All-New Captain America : Fear Him (soit les quatre numéros reprenant toute la série numérique, sortie en 2015) par Dennis "Hopeless" Halum et Szimon Kudransky, dans lequel Sam est accompagné de Nomad (Ian Rogers). Vient ensuite Captain America : Sam Wilson (2015) #1-6 par Nick Spencer avec Daniel Acuña, Mike Choi, Paul Renaud (cocorico !) et Joe Bennett aux dessins, un arc dans lequel Sam affronte Serpent Solutions, l'évolution moderne de la Serpent Society (puisque les nazis peuvent changer sur la forme, dans le fond ils restent les mêmes) ; et pour parachever le tout, un morceau de Captain America (1998) 50 par Jurgens et une tripotée d'artistes.
En définitive, une collection qui pour le coup se montre assez intéressante dans son contenu puisque, éditorialement parlant, l'ensemble répond d'une même thématique. À savoir, celle du combat en continu de Captain America contre le fascisme, quelle que soit l'époque et quelle que soit sa représentation, mais aussi quel que soit le Cap' qui le combat. Il y a donc là plutôt un intérêt à se procurer l'ensemble des albums, au-delà de la mini-fresque qui vient accompagner comme d'habitude les dos de la collection. Si le tout est normalement réservé aux enseignes Carrefour, n'hésitez pas à en parler à votre libraire : des fois, ces derniers peuvent en commander un peu.