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Valiant Comics/ACCLAIM, destins croisés.

Valiant Comics/ACCLAIM, destins croisés.

DossierMarvel

Les comics et les jeux vidéos se sont souvent entrecroisés, par le biais d’adaptations, dans un sens ou dans l’autre. On ne compte plus les jeux avec Batman, Spiderman, et il existe des comics pour étoffer des univers de jeux vidéos (Dante’s Inferno comme exemple récent). Mais parfois, la frontière entre les deux peut disparaître, pour le meilleur, et pour le pire... Destin croisé de Valiant Comics et ACCLAIM.

Rising up to the stars

Durant le début des années 90, une nouvelle maison d’édition, Valiant Comics, fait sensation. Après son échec du rachat de Marvel, l’ancien éditeur en chef Jim Shooter convainc ses investisseurs (Triumph) de créer sa propre maison d’édition. Ainsi sont nés Voyagers Communications Inc et Valiant Comics. Afin de créer sa propre équipe de Super-Héros, il embauche Bob Layton de chez Marvel. Il récupère aussi des licences dormantes de Gold Key Comics : Magnus Robot Fighter, Doctor Solar, et Turok Son of Stone.

Les héros de Gold Key seront remis au goût du jour, et accompagnés de personnages originaux, qui feront la réussite de Valiant : Archer and Armstrong, Rai, Harbinger, Eternal Warrior, Shadowman, X-Or Manowar. Ces personnages trouveront leur public, le bouche à oreille ne fonctionnant pas mal. A la sortie de leur premier cross over, Unity, les livres mettant en place l’univers et les premières apparitions de leurs personnages se raréfient.

Durant leurs 5 premières années d’existence, Valiant a vendu 80 Millions de Comics. En 1992, ils obtiennent la récompense de Publisher of the Year under 5% Market Share par les Diamond Distributors (distributeur leader pour les comics). L’année suivante est la confirmation, puisqu’ils obtiennent la récompense de Publisher of the Year over 5% Market Share. Valiant est la première (et la seule !) maison d’édition à obtenir cette récompense autre que DC et Marvel. Ils ont été les seuls à titiller les deux géants sur leur terrain, obtenant jusqu’à 12% de part de marché en 1993 (contre 16% pour DC et 30% pour Marvel).

Pour beaucoup, la situation de Valiant en ce début des années 90 ressemble à celle de Marvel au début des années 60 (création des FF, Hulk, Spiderman, Iron Man, les Vengeurs...)

"Les personnages de Valiant faisaient partis des meilleurs jamais créés, et auraient pu s’élever au rang d’Icones comme Spiderman, ou d’autres de cette trempe. Tous ce qu’ils leurs fallaient, c’était du temps." Joe Quesada.

Malgré le succès de Valiant, les relations entre Shooter et ses associés sont plus que tendues, celui ci refusant de vendre Valiant, comme le souhaiterait les investisseurs. Le succès de séries comme Turok Dinosaur Hunter, dont le #1 s’est vendu à 1.75M d’exemplaires, conforte Valiant à sa place d’outsider s’imposant petit à petit dans le paysage comics.

ACCLAIM, la petite boite qui monte

En 1987, ACCLAIM vit le jour. Dans un premier temps, cette société va se spécialiser dans la distribution et l’édition de jeux sous traités à des studios extérieurs. Acclaim a été le premier éditeur américain sur NES. En grandissant, ils ont fait l’acquisition de studios indépendants pour développer leurs propres jeux.

La majorité de leurs jeux sont des jeux à licences : Les Simpsons, des films, du sport (NBA, MLB, NFL, WWF...) mais aussi des comics. Ils sont aussi responsables du portage sur console des jeux d’Arcade Midway : la série des Mortal Komabt, NBA Jam...

ACCLAIM sort de nombreux jeux sur les supports de l’époque : NES, Game Boy, Game Gear, Master System, puis sur leurs petites sœurs, SNES et Mega Drive. Malgré une qualité de jeux très inégale, ACCLAIM est un acteur majeur du monde vidéo ludique au milieu des années 90. De simple distributeur, ils sont passés à éditeur puis développeur, se démarquant de la concurrence par leurs licences.

1+1=2

L’année 1994 marque un tournant. Triumph Capital vend Voyager Communications Inc à la société ACCLAIM pour 65 Millions de dollars. Cet achat comprend bien sûr Valiant Comics, et les licences associées, qui est l’objectif visé par ACCLAIM. Ce regroupement aurait pu voir naître un grand dans l’industrie du divertissement. Une nouvelle génération de consoles arrivant, le timing est parfait pour placer des jeux, et cibler un autre public. En effet, les consoles à cette époque touchent une population plus jeune que les lecteurs de comics. Cet investissement permettrait d’amener ce lectorat sur les jeux, et vice et versa.

ACCLAIM lance alors ACCLAIM Comics pour préparer les futurs jeux vidéos tirés des licences, en redémarrant l’univers de zéro. Tous les titres se situant dans le Valiant Universe (appelé VH1) sont annulés. Acclaim Comics publiera aussi les guides de jeux associés aux sorties vidéo-ludiques.

X-O Manowar partage la jaquette avec une star plus connu chez nous, dans IronMan and X-O Manowar in Heavy Metal sorti en 1996 sur Playstation, Saturn, GameBoy, Game Gear, et PC. Cette association annonce de bons débuts pour les héros Valiant sur les consoles.

Avec le succès du comics Turok : Dinosaur Hunter, le jeu éponyme sort au début de l’année 1997, peu de temps après la sortie de la Nintendo 64. Il est encore une fois le premier éditeur américain à sortir un jeu sur une console de Big N. Plusieurs suites verront le jour, dont Turok 2 : Seeds of Evil en 1998, considéré encore aujourd’hui comme un des rares incontournables de la 64. De son côté, Shadowman crève l’écran sur PS1, N64, Dreamcast, et PC.


En Europe, ces jeux sont bien reçus par les gamers, mais peu savent qu’ils proviennent d’un comics. Le marché de la bande dessinée américaine n’est pas très développé, et le peu de publications traversant l’Atlantique sont de Marvel ou de DC.

En six ans, de 1996 à 2002, ACCLAIM a vendu 8 millions de jeux à licence Valiant, pour un total de 300 Millions de dollars de recettes.

En 1999, après seulement trois issues sur les six de prévu, la publication de Unity 2000, qui devait faire la jonction entre le Valiant Universe et le nouvel Acclaim Universe, est interrompu. Deux mois plus tard, la publication de comics est abandonnée, pour se concentrer sur leur corps de métier principal, qui leur fait pourtant perdre de l’argent : les jeux vidéos. Mais leur déclin n’en est qu’au début.

Côté jeux vidéos, tout n’est pas rose non plus. Beaucoup de jeux sortis à cette époque sont considérés encore aujourd’hui comme honteux, et parmi les pires jamais réalisés. Leur politique basé principalement sur les jeux à licences leur porte préjudice. Ils n’ont pas réussi à imposer un jeu « maison » durablement. Des jeux comme « Trickstyle », malgré leurs qualités, souffrent de l’image licences qui colle à la peau d’Acclaim.

Les choix des dirigeants ont accéléré cette chute. Entre mauvaise publicité (Dave Mirra se dégageant de toute collaboration pour un jeu de BMX contenant du porn, de la publicité sur des pierres tombales pour Shadowman...), nombreux procès (que ce soit des employés de studios associés ou les sœurs Olsen...), perte de la licence NBA, et régression du marché de l’arcade, rien ne va. Acclaim ferme ses studios un par un, et leurs jeux ne se vendent plus. Avec une dette estimée à plus de 100Millions de dollars, la société tombe en faillite en 2004.

Un phœnix et demi

En 2005, les droits des personnages de Valiant et Acclaim sont mis aux enchères. Solar, Magnus, et Turok, reviennent à Random House (propriétaires de Western Publishing et Gold Key Comics). Valiant Entertainment, Inc est le nouveau propriétaire du catalogue et des personnages, souhaitant relancer les séries pour qu’elles retrouvent leur popularité comme avant Acclaim.

Des hardcovers des tous premiers titres, recolorés voient alors le jour, pour relancer la série. Les trois séries phares des années 90, Harbinger, X-O Manowar, et Archer & Armstrong voient leurs fascicules originaux réédités, avec pour le second une histoire inédite de Layton, et pour A&A une de Shooter, tous deux créateurs originaux de ces séries. L’accueil du public et de la critique est unanime. Harbinger fait partie des meilleurs ventes d’Amazon, et Diamond Comic Distributors le place, ainsi que A&A, parmi les Top ten graphic novels of 2008.

De son côté, le nom ACCLAIM a été racheté, et début 2006, la société ACCLAIM GAMES voit le jour, qui s’oriente vers les MMO et les Free To Play. La suite est faite de jeux Facebook, bien loin des consoles, qui ont fait connaître ce nom dans les années 90. Le catalogue des jeux ACCLAIM appartient maintenant à Throwback Entertainment depuis 2006 également.

Le destin de deux sociétés montantes, chacune ayant sa spécialité, ne s’est pas transformé en succes-story. Ce qui aurait pu être un gros de l’entertainment n’a finalement fait que mener à sa perte Acclaim et Valiant. Qui sait, peut être que ces derniers auraient dépassé Marvel et DC si leur ascension n’avait pas été freiné. Nous ne le saurons jamais. Cependant, le relaunch des séries augure du bon pour eux. Quant à Acclaim, malgré quelques titres phares, ils resteront dans la mémoire des gamers comme des exploiteurs de licences, et géniteurs de titres plus que médiocres.
Apteis
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