Ah Moon Knight, un de mes personnages Marvéliens préférés. Pourtant Moon Knight est un personnage maudit. Très maudit. Regardez, ça fait maintenant quelques décennies que Marvel essaie de replacer le personnage dans un contexte un peu plus favorable en le mettant sur le devant de la scène. Pourtant les séries s’enchaînent et s’arrêtent toutes prématurément, fautes de ventes. Et Vengeance of Moon Knight ne loupe pas à la règle. Dix petits numéros seulement. Alors en étant un grand lecteur de ce personnage je ne souhaite qu’une chose : que Bendis et Maleev ne se loupent pas. Sinon ils vont connaître mon cri de désespoir…
L'album que nous allons donc disséquer contient le premier arc de feu Vengeance of Moon Knight c'est-à-dire les six premiers numéros. (Les quatre derniers seraient prévus pour l’été prochain) et son titre veut tout dire : reconquête. Marc Spector est un ancien marine en plein doutes, dans une tourmente insoutenable. Par le passé en tant que Moon Knight, il se comportait à la manière d’un Punisher (Cf les anciens 100 % Marvel sur le personnage) en faisant couler le sang à la renverse. Mais Marc a changé il veut se refaire une « réputation » en quelque sorte. Et cela tout en combattant le crime. Il veut juste être moins violent mais il va devoir faire face Khonshu qui va essayer de le pousser dans ses derniers retranchements et à Bushman, prêt à découdre de son ennemi...
Vous l’aurez compris la psychologie du personnage sera assez importante dans ces nouvelles aventures du Chevalier de La Lune. Comment ? Vous n’en croyez pas vos petites oreilles parce que l’ancienne série Moon Knight c’était du bourrinnage avec plein de sang partout ? Vous avez raison de vous affolez mais ici le nouveau scénariste Gregg Hurwitz (qui a une longue carrière qui l’attend) a pris un virage à 90° et nous offre une toute nouvelle vision du personnage. Donc ici peu de sang, très peu de scènes « choquantes » (à part peut-être que quand Bushman remet son visage mais à côté des anciens 100 % Marvel c’est rien) et personnellement je ne m’en plains pas. Mais pourtant ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de violence qu’il ne va plus y avoir de scènes d’actions. Bien au contraire ! En témoigne la scène d’introduction qui franchement est très bien écrite et superbement mise en scène. Et heureusement même qu’il y a de nombreuses scènes d’actions car les séquences de tourmente du personnage sont un peu en deçà de ce à quoi on pouvait s’attendre.
Reste une histoire qui nous tient en haleine, pas très originale mais surtout ne possédant pas assez de personnalité propre à mon goût : je veux dire par là que c’est un peu du gros méchant pompage sur Batman avec une sorte d’Epouvantail vraiment peu personnifié : d’ailleurs c’est le cas de la majorité des personnages. Autant c’est bien rythmé et on ne s’ennuie pas autant Hurwitz a, à mon avis, complètement loupé le charisme des personnages. Même Moon Knight en devient banal. Et ne parlant pas de sa copine, de son majordome, de ses amis,… Quelques figures « emblématiques » du Marvel Universe sont aussi de la partie comme Spider-Man et Setry pour nous rappeler que nous sommes en plein Dark Reign (mais que nous approchons de la fin aussi…). Dommage peut-être que sur d’autres arcs Hurwitz aurait pu nous écrire des histoires originales et un peu mieux travailler les personnages et là ça aurait fait mouche mais que voulez vous, quand ça ne se vend pas, ça ne se vend pas…
Pourtant au niveau visuel c’est quand même très très attrayant. Les couvertures sont (et je pense que vous ne pourrez me contredire) magnifiques et les dessins intérieurs assurent le spectacle avec une excellente concordance entre récit/dessin. Il y a quand même des petits points noirs au film de ce tome mais rien de vraiment méchant (en comparaison de la nouvelle série Flash par exemple dont Manapul nous a offert un deuxième numéro extrêmement moche.).
Pour ma part j’ai donc fini ce bouquin avec une petite touche de mélancolie. Marvel a décidé de rebooter encore une fois le personnage sous la houlette de Bendis et Maleev mais j’ai été tellement déçu de leur travail sur Spider-Woman que je me dis : « Tain, on aurait du donner une seconde chance à Hurwitz. » Parce qu’en fait, malgré ses imperfections, Vengeance of Moon Knight aurait pu au bout d’une dizaine de numéros donner quelque chose de très bon. Ah ben mince, la série s’est arrêtée au dixième numéro…
Malgré une histoire banale et des personnages sans âmes, Hurwitz nous sert un récit plutot bien ficelé, nous tenant en haleine pendant une grosse centaine de pages avec son lot de bonnes idées. De plus, le dessin de Jerome Opena rend merveilleusement bien tant il colle bien à l’ambiance et à l’univers du personnage. Si vous aimez l'alter ego de Mark Spector, jetez-vous dessus sinon réfléchissez-y à deux fois (la série s’est arrêtée en VO au dixième numéro) mais pour douze euros et six épisodes je pense que vous pouvez craquer.