Que ça a été dur. Oui, très très dur d'acheter ce volume. Non pas à cause du pitch ou du prix (relativement correct) mais à cause de ces foutues têtes d'animaux sur des corps humains. Je sais pas pourquoi ça m'a toujours mis pleins de frissons sur mon petit corps tout frêle. Petit, j'en faisais des cauchemars alors faut pas m'en vouloir si je suis un peu méchant avec ce volume...
Mais revenons donc à notre patient d'un jour : Grandville. Bryan Talbot (Sandman,...) nous place avec ce récit dans un monde uchronique et steam-punk où Napoléon a gagné la Guerre d'Angleterre qui n'est plus qu'une colonie de notre bon vieil empire... En se retrouve aussi en compagnie de robots et bien d'autres choses farfelues. C'est à Grandville que notre personnage principal, l'inspecteur Lebrock',va devoir résoudre le meurtre de Raymond Leight-Loutre peut-être banal au premier abord mais qui aura tout de même un grand impact... Ah oui, autre chose importante, le Peuple est composé de personnages à têtes d'animaux et corps d'humains (mais vous l'auriez compris avec mon introduction...).
Vous croyez donc que nous sommes en face d'une enquête classique vue et archi-revue ? Que nenni ! Certes le récit sent bon le Conan Doyle à une dizaine de kilomètres mais Talbot vient placer de petites touches par-ci par là faisant toute l'originalité de l'oeuvre. Cette enquête en devient même rafraîchissante. Le côté Tarantinesque par exemple le prouve merveilleusement bien. Tant dans le découpage des cases très cinématographique (introduction merveilleuse par ailleurs...) que dans les clins d'oeils à son oeuvre (Cf le découpage d'oreille...) mai aussi dans les combats très... sanglants.
D'ailleurs, en parlant de références elles sont légions dans cette aventure. De Spirou, en passant par Bécassine et surtout le caricaturiste Jean Ignace Isidore Gérard (connu sous le pseudonyme de JJ. Grandville), les amoureux de comics en auront pour leurs petits sous. En plus on suit avec un certain plaisir cette histoire même si par moments on est un peu perdu avec tous les évènements qui se déroulent devant nos yeux. A moins que ça vienne de moi, j'ai toujours eu du mal à suivre les films policiers. Il y a aussi un petit côté sarcastique pas déplaisant et franchement bien amené. Certains personnages secondaires sont très bien amenés comme le détective Ratzi mais d'autres sont complètement ratés à mon goût (la petite copine de notre inspecteur).
Enfin, au niveau du dessin, c'est très joli, ça fourmille de détails mais je poserais un petit bémol sur les couleurs qui par moments piquent les yeux et un peu trop fotoshopées à mon goût. Simple point de vue cependant.
Grandville constitue donc une agréable lecture qui ravira les amoureux d'enquêtes et de comics même si quelques lacunes par ci par là viennent ternir le tableau. Parions qu'elles seront effacées dans le second volume...
