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Le Frisson, la review !

Le Frisson, la review !

ReviewDelcourt
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Notre note

Il est de ces titres dont vous savez que vous aurez beau vous égosiller pour les conseiller, peu de gens lui accorderont finalement de l'attention. Le Frisson en fera sûrement parti, condamné par un pitch résolument trop déjanté pour plaire au plus grand nombre. Ceci dit, c'est les deux pieds dans le plat que je vais vous en parler et mieux vous le "vendre" au travers de ces quelques lignes. Parce qu'à l'image de son éditeur, Le Frisson le mérite amplement.

Cru, astucieux, concis et servi par un story-telling à faire pâlir Ed Brubaker, Le Frisson (The Chill en Version Originale) de Jason Starr et Mick Bertilorenzi a tout de la bonne surprise! Pas franchement attendu au tournant, le titre a pourtant le mérite de lancer une nouvelle collection chez Delcourt nommée Dark Night (N'y voyez pas de Chauve Souris, la tour Wayne est à des lieues de l'ambiance proposée ici). Rentrons d'ailleurs dans le vif du sujet et parlons malédictions Irlandaises : 

"J'ai serré une vieille y a quelques années. 83 ans, elle faisait des passes à l'hospice."

Des dialogues inspirés de Jason Starr aux dessins (noir & blanc) efficaces à souhait de Mick Bertilorenzi en passant par un scénario franchement original, Le Frisson représente l'OVNI de ce début d'année, venu tout droit de la ligne Vertigo Crime.
Avant d'évoquer le scénario justement, arrêtons nous quelques instants sur les dessins du trop méconnu Italien à l'honneur aujourd'hui. S'il se peut que les plus attentifs d'entre vous aient repérés son nom aux crédits de Punisher : In The Blood ou Daredevil : Black & White, il est clair que ce dernier n'est pas le transalpin le plus mis en avant ces dernières années, effacé derrière ses compatriotes Gabrielle Dell'Otto, Simone Bianchi, Stefano Caselli, Giuseppe Camuncoli et j'en passe. C'est pourtant passer à côté d'un talent rare que de l'ignorer. Encrage malin, crayonnés nerveux et découpage efficace, celui-ci vous rappellera l'excellent Tony Moore (le Punisher et le N&B n'y sont pour rien) par bien des attraits! Certaines pages muettes viennent appuyer l'idée que le dessin est formidablement mis en scène, laissant de côté des dialogues qui viendraient briser l'ambiance si particulière que procure la lecture.
Ceci dit, si le dessin remplit sa part du contrat haut la main, c'est bel et bien l'esprit "fêlé" de Jason Starr qu'il faut saluer après lecture !

TRIBHAS, TRETHAN, NEM, DOMUN, NEMMARBDA !

Ne voyez pas derrière ces paroles une quelconque tentative d'envoutement de ma part, juste une incantation inventée par les soins du scénariste pour les besoins franchement louches de son histoire.
Le pitch? Imaginez qu'une malédiction Irlandaise (ce qui explique le caractère franchement versatile des protagonistes de ce polar) se transmet de génération en génération et ce, par les rapports sexuels. Pour faire court, les personnes qui couchent avec Arlana ressentent un frisson au moment de lui faire l'amour, avant que ce frisson ne se transforme en une crise cardiaque supplanté par une lance dans le ventre, déposée "délicatement" par le père (peinturluré) de la même Arlana, tout ça au nom d'une tradition vieille comme mes robes. 
Des landscapes Irlandais aux bas fonds du New Jersey, l'histoire nous emmène donc tour à tour aux côtés de Martin, l'amour d'une vie de la belle "sorcière", d'un inspecteur un peu dépassé par les évènements et du duo meurtrier lui même.
S'en suit une longue enquête pour mettre la main sur les fantomatiques Irlandais, qui ne cessent d'assassiner des innocents pour se nourrir d'une jeunesse depuis longtemps perdue.
D'un point de vue qui n'engage que moi, le simple personnage de Martin, tantôt amant charmeur tantôt alcoolique chronique dépressif, justifie l'achat de ce titre.
Certes, les auteurs s'autorisent tous les clichés possibles lorsqu'il s'agit de dépeindre un polar, mais c'est également ça qui fait la force de cette Bande Dessinée ; Là où beaucoup se cassent les dents sur des clichés mal amenées, l'équipe créative derrière Le Frisson se joue de ses personnages caricaturaux pour mieux les mettre en scène, page après page. Un régal !

Delcourt, un gage de qualité certain.

Les amateurs de Comics VF le savent, Delcourt surclasse par bien des points ses concurrents : Accessibilité au niveau des prix, lettrage impeccable (l'équipe de Moscow ★ Eye fait, comme à son habitude, un travail parfait), traduction léchée et relecture poussée, on sent qu'un soin tout particulier est apporté sur le contenu. Et que dire du contenant? Cette nouvelle collection Dark Night a bénéficié d'un soin de mise en page tout particulier et cela se ressent. Le papier est beau, tout est sobre et maîtrisé, il n'y a ni fioriture ni macaron en trop. Un vrai travail d'orfèvre pour une réussite incontestable! Seul petit regret, on aurait aimé avoir les couvertures originales en bonus en fin de volume, d'autant que celles-ci sont franchement réussies.
Encore une fois, Delcourt prouve son savoir faire et impose ici une ligne que l'on espère voir perdurer et qui, à l'instar de Walking Dead, devrait toucher un public plus large que les simples amateurs de super-héros.

Sexy, inspiré, cru, déjanté, cinématographique, maîtrisé, caricatural, nerveux, drôle, intriguant, passionnant... Tels sont les adjectifs que l'on souhaiterait imposer épithètes au nom Le Frisson. De cette lecture si particulière vous restera un goût amer en bouche, celui d'en vouloir plus et de retrouver les protagonistes de ces 190 pages dans de nouvelles aventures! Mais comme un bon polar, la fin n'est pas celle que l'on attend et il se pourrait que ces héros d'un jour restent les acteurs d'un soir, un soir aux côtés d'Arlana.
La note de Sullivan : 4/5

/!\ Disclaimer : Le titre comporte plusieurs scènes de violences et de sexe et ne devrait pas convenir à un trop jeune public. Rien de bien choquant, mais à l'instar du sulfureux Black Kiss d'Howard Chaykin, Le Frisson est réservé à un public de 16 ans ou plus.

Sortie le 16 Février aux éditions Delcourt _ DarkNight

Sullivan
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