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The Wanderer's Treasures #4, The Sixth Gun

The Wanderer's Treasures #4, The Sixth Gun

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Notre note

Bienvenue dans une nouvelle édition de The Wanderer’s Treasures. Au programme aujourd’hui une petite nouveauté. Une fois n’est pas coutume c’est à une série actuellement en cours que nous allons nous intéresser : The Sixth Gun de Cullen Bunn (Superman/Batman) et Brian Hurtt (Queen and Country, Hard Time) publiée chez Oni Press. Les deux hommes s’étaient déjà associés en 2006 pour The Damned, toujours chez Oni.

The Sixth Gun est un western surnaturel, genre dont je suis friand. La prémisse est la suivante : il existe six revolvers, chacun capable de conférer des pouvoirs à leur porteur. Ils étaient en possession du général Hume, soldat confédéré (de l’armée sudiste donc) et véritable boucher. Il confia cinq de ces armes redoutables à des individus aux âmes aussi noires que la sienne et ensemble ils répandirent la terreur. Cela jusqu’à ce qu’un prêtre du nom de VonAllmen réussisse à tuer le général et à s’emparer de son revolver. Il disparut ensuite.

L’histoire commence alors que la veuve de Hume (elle-même détentrice d’un des six revolvers) cherche à récupérer l’arme et le corps de son défunt époux pour le ramener à la vie. Elle est secondée par la bande d’affreux du général Hume et des détectives de la célèbre agence Pinkerton. Vous l’aurez deviné le premier story arc de The Sixth Gun (#1 à 6) est une classique chasse au trésor. On y suit le mystérieux Drake Sinclair, un homme au lourd passé, et son ami Billjohn O’Henry. Les deux compères croiseront la route de Becky Montcrieff, fille du prêtre qui tua Hume et qui se retrouvera en possession du revolver sur lequel son père veillait. L’érudit Gord Cantrell aidera aussi la petite bande. L’histoire imaginée par Cullen Bunn est finalement assez simple dans sa construction (les héros courent après le trésor et les vilains après les héros) mais remarquablement mise en scène. Les scènes d’action sont nombreuses et très réussies, les rebondissements légion, et l’auteur réussit le tour de force de maintenir une tension dramatique de tous les instants, tout en sachant à l’occasion ralentir le tempo. Les révélations sur le passé des personnages (essentiellement de Drake Sinclair) ou les pouvoirs des revolvers sont distillées à bon escient. Et surtout Bunn fait preuve de beaucoup d’imagination pour la création de son univers, qu’il revisite des mythes préexistants (l’oiseau tonnerre, créature légendaire chez les indiens d’Amérique) ou en invente de toutes pièces (l’arbre aux pendus, le secret caché dans les entrailles de la prison The Maw). Ses personnages, bien que classiques eux aussi, n’en demeurent pas moins très attachants. Et plus profonds qu’il n’y parait à première vue. Drake par exemple ne tombe pas dans le cliché du repenti qui se comporte toujours comme un héros depuis qu’il a décidé de devenir bon. Au contraire il est toujours aux prises avec sa part de noirceur et on se demande parfois s’il cherche réellement la rédemption. De même Becky n’est ni la demoiselle en détresse qu’il faut passer le temps à sauver, ni un ersatz de Red Sonja avec un six coups. Le scénariste arrive à trouver un bon équilibre entre force et vulnérabilité chez elle. Les vilains sont plus unidimensionnels, mais suffisamment charismatiques pour que ça ne pose pas de problème.

The Sixth Gun aurait donc pu être une excellente mini série en six numéros. Mais la plus grande réussite de Cullen Bunn est d’en faire une série régulière promise à un bel avenir avec son deuxième story arc, Crossroads. Reprenant là où le numéro six s’achève, l’auteur exploite parfaitement la richesse tant de l’univers que des personnages qu’il a créés pour entamer un nouveau cycle. L’intrigue se passe à la Nouvelle Orléans dont le folklore local est brillamment exploité et revisité (Marinette Bwa Chech, les loas et le vaudou…). Les six revolvers sont bien sûr toujours au centre des évènements, tandis que nos héros doivent assumer les conséquences de leurs actes de l’arc précédent. De nouveaux antagonistes et personnages secondaires sont introduits, dont Kirby Hale, pistolero charmeur de son état ou encore l’énigmatique magicien Henri Fournier et son serviteur Woodmael. Bref le casting s’étoffe et les nouveaux venus sont très réussis. Le background propre à la série est aussi développé, avec notamment des révélations sur les alliés du défunt VonAllmen. Mais ce sont surtout Drake et Becky qui gagnent encore en épaisseur psychologique. Bref c’est brillant et arrivé à la fin du numéro 11 (qui clôt le story arc) on n’attend qu’une chose : la sortie du prochain numéro.

Si le scénario de The Sixth Gun est irréprochable, les dessins ne sont pas en reste. Il convient à ce propos de signaler que Brian Hurtt s’occupe de TOUS les numéros (crayonnés et encrage plus le lettrage), ce qui est assez rare pour qu’on le remarque. Son trait est des plus agréables, à mi chemin entre un style cartoony à la Bruce Timm (Batman the Animated Series, Mad Love) pour le côté simple, et quelque chose de plus réaliste (les visages ne sont pas trop stylisés). On est assez proche de ce que peut faire Leandro Fernandez (Wolverine, Queen And Country, Punisher) par exemple. Les designs des personnages comme des créatures fantastiques sont excellents. Héros et vilains ont des vraies « gueules » notamment Drake qui n’a pas forcément un look de premier rôle (au contraire de Kirby Hale), ce qui va très bien à un personnage aussi moralement ambigu. Mention spéciale au général Hume et à ses acolytes aux physiques marqués par les pouvoirs de leurs armes. De même les costumes des divers protagonistes sont remarquables. Les décors sont eux aussi superbes. Les lieux incontournables de tout western que sont les saloons, déserts et autres forts de cavalerie sont très bien faits.

 

Mais c’est dans le second story arc que l’artiste se surpasse. Il capture parfaitement l’aspect des rues de la Nouvelle Orléans (on reconnaît même la basilique St Louis et le célèbre tramway de la rue St Charles). Le bayou, où s’aventure Drake, est inquiétant à souhait grâce à un magnifique travail sur les ombres pour les séquences de nuit et à une palette judicieusement choisie pour celles de jour. Les couleurs de Bill Crabtree (Invincible) sont d’ailleurs globalement excellentes. Les mises en pages sont très classiques. Pas de cases aux formes baroques et les splash pages sont rares (mais toujours bienvenues). Il y a souvent beaucoup de cases par page mais elles ne font jamais surchargées et la lisibilité est irréprochable. Les séquences d’action sont spectaculaires et bien orchestrées, qu’il s’agisse de grandes batailles ou d’affrontements individuels. Cerise sur le gâteau, les couvertures (au design en deux parties original) sont aussi très belles. On espèrera donc que Brian Hurtt restera sur la série tant qu’elle durera.

The Sixth Gun s’avère être une série de grande qualité, dotée d’un scénario attrayant, dont les personnages sont attachants et charismatiques, et l’univers riche à souhait. Cullen Bunn nous offre un excellent western surnaturel et Brian Hurtt l’illustre avec brio. Le premier story arc est sorti en trade paperback en VO, et les numéros suivants ne sont pas trop difficiles à se procurer sur internet. Aucune VF n’a été annoncée pour l’instant, mais il ne faut pas désespérer, la série connaissant un certain succès outre atlantique. Sur ce il ne me reste plus qu’à enfourcher mon fidèle destrier et à m’éloigner vers le soleil couchant en vous souhaitant bonne lecture. So long…

 



 

Jeffzewanderer
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