Au précédent numéro de Secret Avengers (non pas le 12, le 12.1... no comment), Nick Spencer arrivait sur le titre, prenant la suite d'Ed Brubaker. Il y installait son intrigue et les différents plots qu'il déroulera le long de son run. Seulement, dès l'épisode suivant, il doit s'en écarter pour faire rentrer son titre dans la tyrannie de la continuité, et faire évoluer son équipe dans l'event Fear Itself.
Blitzkrieg USA
Nick Spencer commence donc en s'ancrant dans les événements développés par son confrère Matt Fraction. En premier lieu, on peut remarquer qu'il fait démarrer le récit in medias res, ne voulant sans doute pas s'attarder sur une autre scène de briefing, et cela donne un rythme tout de suite orienté vers l'action. Dès le début, une partie des Secret Avengers, War Machine, Ant-Man et le Fauve, débarque à Washington D.C., aucune indication ne nous étant donné sur le reste de l'équipe, sans doute occupé ailleurs (la dure loi des crossovers et des personnages qui font le cumul des mandats). Et très vite, on ne s'intéresse d'ailleurs plus qu'au Fauve, ce qui arrive à War Machine étant développé dans sa propre série, Iron Man 2.0, écrite par le même Spencer. Peut-on réellement faire porter le poids d'une histoire sur les épaules recouvertes d'un pelage bleu du mutant? Si c'est bien écrit, bien sûr. Et c'est ici le cas, son humanisme et son empathie servant de clé de voûte au récit, et son dialogue avec le député étant des plus édifiants. Alors certes, certaines parties sont très bavardes, mais elles servent le développement fait autour du patriotisme et du devoir citoyen. Mais, si un comics seulement axé là-dessus aurait pu être plus qu'ennuyeux, Spencer nous livre des moments de fun immense pour contrebalancer. Ainsi, il se fait un remake de La Nuit au Musée en plein carnage urbain, et voir un Abraham Lincoln géant botter du derrière nazi, c'est ce genre de plaisir coupable qui donne une grande légèreté au récit.
The Congressman and The Beast
Et comme pour le précédent numéro, c'est Scott Eaton qui assure la partie graphique. On ne cesse de remarquer les progrès qu'il a fait depuis Black Panther. Mais si sur le numéro Point One, sa copie était presque parfaite, ici quelques faiblesses apparaissent. C'est dans les parties du récit où Spencer devient trop démonstratif et verbeux que le dessinateur faiblit aussi, ses compositions étant trop figées et faisant quelques erreurs anatomiques. Mais dans les scènes plus enlevées, il parvient à magnifier l'action et le chaos ambiant, et son Hank McCoy est génialement représenté, à la fois puissant et élégant. Il gère à merveille le délire graphique imposé par le scénario (où l'on rencontre des méchas nazis, des Amérindiens, et dinosaures, entre autres), et la bataille est rendue avec un réel impact. Ainsi, scénariste et illustrateur sont en phase, faiblissant au même endroit, explosant en même temps. De plus, le côté grandiose de la capitale des Etats-Unis est parfaitement rendu, servant en ça la majesté qu'imposait ce lieu, ce qui traduit l'aspect solennel et patriotique du récit. Heureusement, on ne tombe pas dans le travers d'un ode poussif et déplacé à l'Amérique, ce qui est appuyé ici, c'est le droit à la Liberté et au courage citoyen.
La jeune recrue de Marvel fait ici des merveilles, en gérant un récit à la fois émouvant et plein d'action. Et même si parfois, il a tendance à être trop poussif sur l'argumentation, ces faiblesses sont assez peu remarquées. On obtient donc un tie-in bien plus efficace que ce que peut être pour l'instant le récit de Fraction lui-même. On espère voir maintenant le reste de l'équipe, ce qui est suggéré par la couverture d'Adi Granov sur le prochain numéro, et qui nous montre la Valkyrie.