En début d’année, Green Hornet de Michel Gondry a lancé la
vague de films d’adaptations de comics pour 2011 même si, il faut le
rappeler, le Frelon Vert tient ses origines d’un feuilleton
radiophonique (avant d’être adapté dans les années 40 en papier).
Il y a quelques années, Kevin Smith avait écrit un script pour le cinéma
avant que le projet soit abandonné. L’adaptation a bien vu le jour sur
nos grands écrans mais avec un autre scénario. Celui de Kevin Smith n’a
pas été perdu, puisqu'il a vu le jour chez Dynamite Comics sous forme de
Comics pour relancer la série. La première partie est arrivée chez nous
en janvier pour coïncider avec la sortie du film, tandis que la seconde
moitié vient tout juste de nous parvenir.
Kevin Smith est donc à l’écriture. Plus connu pour ses films et l’univers qu’il a créé, il n’en reste pas moins un fan de comics (il a financé Clerks en vendant sa collection qu'il a pu la racheter après avec le succès qu’il a obtenu) et a écrit déjà plusieurs runs, que ce soit sur ses propres personnages ou pour des héros bien connus (Daredevil, Green Arrow, Spider-Man…). Au dessin, Jonathan Lau réalise un travail parfait sur des esquisses de Phil Hester. Son trait est soigné et malgré des couleurs trop photoshopées, le tout est vraiment de très haute qualité et rend hommage à l’action écrite par Silent Bob. Peu de fausses notes (certains détails en fond), un artiste dont le travail est vraiment plaisant et dont le talent est un peu sous-estimé ; Les scènes d’actions sont vraiment dynamiques et s’accordent avec l’aspect cinématographique dont le titre s’inspire.
L’histoire commence avec le premier Green Hornet, Britt Reid, mania des médias qui combat le crime et pensant celui-ci éradiquer, raccroche le masque pour se consacrer à sa femme et son fils, Britt Reid Junior. Vingt ans plus tard, ce dernier est loin de suivre les traces d’homme d’affaires de son père et se contente d’une vie de playboy « fils de », faisant la une des tabloïds. Lors d’une soirée mondaine, son père dont il ignore le passé secret est assassiné sous ses yeux. Puis s’en suit la rencontre avec Kato, l’ancien bras droit du Green Hornet dans sa lutte contre le crime. La réécriture du nouveau Kato (Mulan, sa fille) et son utilisation est assez intéressante, et le duo avec Britt Reid est des plus complémentaire.
Bien qu’intéressant et divertissant, le titre s’en retrouve assez banal. Aucune surprise dans l’écriture, ni les thèmes abordés. Provenant d’un pitch similaire à Batman ou Green Arrow (riche héritier rempli de gadget cherchant à se venger), Green Hornet se détache néanmois par son humour et un certain vent de fraicheur. Les allusions au Caped Crusader sont nombreuses, et Kevin Smith parsème ses dialogues par de nombreux clins d’oeil et références, étalant sa culture comics pour notre plus grand bonheur. Il utilise à merveille tous les plus grands clichés des comics et films d’actions, avec une pointe d’humour. On ressent la patte de Smith, mais paradoxallement, elle n’est pas assez prononcée. Il se contente du minimum et malheureusement, on reste sur notre faim. La rivalité père/fils, l’esprit de vengeance qui prédomine, la naissance d’un héros/villain (surtout pour le Frelon Vert), le build-up pour le Green Hornet comme pour le Black Hornet est similaire avec juste un side-kick pour Britt Reid Jr en plus.
Ces deux tomes, Les péchés du père et La naissance du fils, recueil des dix premiers singles, ont relancé la série. Kevin Smith est fidèle à lui-même et est soutenu par un dessin de Jonathan Lau de grande qualité (et un très bon travail préparatoire de Phil Hester). Malgré ses faiblesses et défauts, cette nouvelle série du Green Hornet reste une bonne lecture.
On notera au passage les magnifiques couvertures d'Alex Ross, John Cassaday et J.Scott Campbell !