Le constat est là : malgré des débuts de toute beauté au cinéma, la franchise X-Men avait perdu de son efficacité et de son aura au cinéma. Après un épisode 3 catastrophique de ridicule et un X-Men Origins : Wolverine diablement décevant, on ne s'attendait à rien de cet X-Men Le Commencement (X-Men : First Class en VO) malgré le fait que la réalisation était assurée par Matthew Vaughn (qui nous avait livré un Kick-Ass franchement réjouissant). Par ailleurs, le film n'était malheureusement pas aidé par une promotion en amont trop sage : fin 2010, nous ne savions quasiment rien de ce film et face à des poids lourds comme Green Lantern, Thor et Captain America : First Avenger, il avait vite fait d'être classé comme "adaptation de comic-books la moins attendue de l'année". De plus, les rumeurs d'un tournage hasardeux, bouclé en mode "express" ne nous encourageaient pas à être optimiste. Puis la bande-annonce est arrivée (qui a rassurée de nombreuses personnes, moi y compris), les spots TV aussi et le film est sorti hier. Qu'en est-il alors, joli gâchis ? Véritable réussite ?
Comme son non l'indique, le film raconte les "origines" des premiers Mutants. Leurs rencontres, leur première mission. Leurs idéologies divergentes, leurs craintes. En appuyant le trait sur
Charles Xavier et
Erik Lehnsherr,
Matthew Vaughn et
Bryan Singer (producteur du film) veulent raconter les aventures des premiers X-Men et leurs fission inexorable, le tout sous fond de Guerre Froide. Pour cela, les acteurs interprétant les deux protagonistes principaux se devaient de réussir leur coup. Une bien belle réussite tant pour
Michael Fassbender (
Magneto) que pour
James McAvoy (
Charles Xavier - que j'avais pourtant trouvé très moyen dans
Wanted de
Timur Bekmanbetov). Tandis que ce dernier arrive à donner un charme fou à son personnage en le rendant plus humain, moins "lisse" que l'interprétation de
Patrick Stewart,
Michael Fassbender décroche la palme d'or. Il a (à mon humble avis) tout compris du personnage. Un personnage rempli de doutes, instable et particulièrement traumatisé par son passage dans les camps de concentration. Retrouver un
Magneto bien plus puissant que dans la première trilogie est aussi une bien belle réussite tant sa menace était pour le moins ambiguë dans les films de
Bryan Singer. Ici, il n'y a aucun doute, c'est lui le X-Men le plus puissant. Il ne lui manque juste qu'un contrôle plus perceptible de son pouvoir. Sa complexité avec
Charles est le fil conducteur du film, à tel point qu'elle en fait oublier les enjeux diablement menaçants d'une éventuelle troisième guerre mondiale, ponctuée de missiles nucléaire (le monde était "au bord du Gouffre" en 1962 durant la Crise des Missiles de Cuba). C'est beau de voir comment ces deux êtres qui se sont aimer vont choisir leur propre chemin. Avec ce film, on ressent et on voit à quel point le personnage de
Magneto est un vilain ambigu et intéressant à explorer.
En effet, tout le charme de ce film repose sur le fait que l'on sait d'avance comment tout cela va se terminer. Il ne manque que le chemin pour le parcourir... Et pour cela, Matthew Vaughn a voulu faire "un film cool" (dixit Bryan Singer). Une bien belle réussite. Oubliez la "noirceur" des deux premiers films et place à un James Bond / Indiana Jones évolué avec de l'humour, des couleurs, de l'action et une petite dose d'émotion bien venue. Un Charles Xavier qui drague les filles avec l'aide de ses pouvoirs, des caméos sympatoches (avec avouons le, peu de dialogues, mais quels dialogues - en deux jours deux contacts Facebook à moi l'ont mis en statut !), des belles filles et surtout, un rythme effréné, complètement maîtrisé par son réalisateur. Certes, le film dure plus de deux heures, mais ne comptez pas vous ennuyer une seule seconde. Loin de là tant Matthew Vaughn arrive à alterner les différentes phases du film avec brio et classe. La complexité des relations entre les personnages mais aussi les différentes phases d'actions qui rythment ce film ne sont pas oubliées ou bâclées, tout est magnifiquement amené. Alors que Thor démarrait sur les chapeaux de roues, puis se calmait durant la moitié du film et repartait de plus belle dans le dernier tiers, Matthew Vaughn arrive à bien doser son film. Un dosage qui fait (tiens, tiens...) penser à celui de Christopher Nolan sur The Dark Knight. Tout s'enchaîne à merveille, tout se dilue pour former un excellent long-métrage.
Certes, certains personnages sont en retrait comme Azazel (non mais oh, n'oublions pas qu'il est le père de Diablo !) , Angel (son passage du côté obscur est mal expliqué, son sentiment de culpabilité envers ses anciens coéquipiers aurait, je pense, mérité d'être approfondi), Emma Frost (petit gâchis pour sa part, comment peut-on mettre en retrait une si belle plante ? L'interprétation de January Jones est décevante) ou Havok (n'oublions pas que Lucas Till a joué dans Hannah Montana, le film donc ça le décrédibilise à vie) mais c'est le prix à payer pour un film grand public ! Les personnages de Mystique (encore une fois, son départ avec Magneto aurait mérité en éclaircissement, elle a quand même passer une quinzaine d'année avec Charles !) et Hank McCoy sont quant à eux plus exposer et plus touchants. Reste le gros bad boy du film, Shaw (interprété avec panache par Kevin Bacon) aurait mérité un poil de complexité mais le contrat est rempli.
Peut-être qu'une demi-heure de plus n'aurait pas été de trop pour approfondir ces personnages et revoir cette fin bâclée et expédiée trop rapidement à mon goût (le retournement de veste de Magneto n'est pas assez poussé, trop vite expédié). Rien de bien méchant cependant mais avoir tout réussi de bout en bout durant toute le film et se louper sur la fin, c'est frustrant. Non, honnêtement, je cherche mais je ne vois pas de gros défauts rédhibitoires pour ce film, qui, avouons le, redore avec brio la franchise X-Men au cinéma. Peut-être que certains plans sentent trop le fond vert, peut-être que certains effets spéciaux ne sont pas assez travaillés mais rien de vraiment traumatisant et nuisant à notre expérience. Par ailleurs, je tiens à noter que cette expérience est appuyée par une bande-son de toute beauté, en parfait accord avec les scènes du film. Cette comparaison ne me plaît pas mais tout comme pour The Dark Knight, elle sert bien le récit. Je suis ressorti de la séance avec une seule pensée en tête : les X-Men sont de retour, et ce pour notre plus grand plaisir !
X-Men le Commencement est un excellent film. Matthew Vaughn arrive à redonner un joli coup de peinture à la franchise X-Men qui s’engouffrait vers les abysses de l'absurdité. Pour cela, il livre un film rythmé par la complexité de la relation Charles Xavier / Erik Lehnsherr (excellente performance des deux acteurs), maîtrisé de bout en bout (malgré la fin trop vite amenée) et diablement efficace. C'est comme ça que je veux voir les X-Men au cinéma, c'est comme ça que je veux voir un film de super-héros, c'est comme ça que je vois le cinéma. La franchise X-Men vient de renaître au cinéma, et rien que pour ça, le miracle a eu lieu.