On arrive donc à la moitié de ce qui est l'event de l'été 2011 pour Marvel, le crossover Fear Itself. On peut donc avoir une bonne idée de là où va et de la qualité de l'ensemble de la mini-série arrivé au milieu du chemin. Décryptage de cet épisode crucial.
Matt a révisé ses fractions
Le début de la série souffrait de quelques longueurs (inhérentes à l'écriture du scénariste d'Invincible Iron Man), et patinait un peu. Puis Matt Fraction est parvenu à rentrer dans le vif du sujet, et déploie un chapelet de scènes d'action à la violence croissante, faisant de la Terre-616 un champ de bataille global. Mais ici, on revient à un rythme plus posé, faisant l'arrêt sur la mort de Bucky, dans une scène, il faut le reconnaître, assez gore, où il gît sur une table, avec un trou énorme au milieu de l'abdomen. C'est aussi l'occasion devoir Thor revenir sur Midgard. Il en découle de cela, une retour au premier plan de la Trinité Marvel. Le dieu asgardien étant rejoint par ses camarades Captain America (et pas le Super Soldier) et Iron Man, qui reprennent les choses en main, reprenant ainsi l'initiative. Alors certes la construction est on ne peut plus classique pour un crossover. Les vilains débarquent, mettant à mal les héros et semant le chaos partout. Puis après avoir subit défaite sur défaite, les encapés se regroupent et contre-attaquent. Mais la façon grandiose, avec de gros morceaux d'épopée, dont Fraction écrit la chose fait très bien passer la pilule. On pourra cependant lui reprocher la manière assez sèche dont les événements se succèdent, car on l'émotion ne transpire pas face à la mort de Bucky, et Steve Rogers reprend le bouclier étoilé assez rapidement (en une page c'est réglé). Restera une mention spéciale face au sacrifice de Tony Stark, qui même s'il ne joue pas a priori un rôle aussi prépondérant que ses compères, agit dans l'un des passages les plus émouvants du fascicule.
Des mondes en feu
Si l'écriture a tout du long subit quelques hésitations, le dessin de Stuart Immonen est au sommet dans chaque numéro de Fear Itself. Il en ici de même, la dimension dramatique et épique étant magnifiquement transcrite. Et que dire de la manière dont il représente le monde totalement dévasté par l'attaque des forces de Skaadi. De plus, c'est en grande partie grâce à lui que la puissance du Serpent au moment de son affrontement avec Thor est représentée. Car si le scénario ne permet de considérer ce vilain comme réellement puissant (encore le défaut d'une écriture trop carrée), ses dessins permettent de voir la force primordiale dont il s'agit. On pourra tout de même remarquer quelques faiblesses éparses qui apparaissent ici et là, notamment lors des scènes d'action qui font évoluer plusieurs personnages. Car les figures au second plan sont moins détaillées que ce qu'elles étaient auparavant; Mais on ne peut guère le lui reprocher, car tenir le rythme d'un tel event n'est pas choses aisées, et ce ne sont pas des détails primordiaux qui affectent la lecture. Il faut aussi remarquer que certaines planches tiennent tout bonnement du génie, et certes le talent de coloriste de Laura Martin y contribue largement, comme celle où Cap' retrouve son costume d'antan, ou la dernière page où le combat titanesque qui s'annonce explose de force et de tension.
On obtient donc un numéro un peu en demi-teinte, mais sauvé par des vrais moments de bravoure, tant au niveau de l'écriture que du dessin. Quand à la suite, on nous promet une bataille gargantuesque entre les porteurs de marteaux du Serpent que sont Hulk et la Chose contre le puissant Thor. De plus, les événements se précisent quant au comportement d'Odin, et cela promet aussi un clash monumental quand celui-ci rentrera dans la bataille avec ses fidèles Asgardiens.