Ce
mercredi X-Men
Schism #1
est enfin arrivé sur nos étalages. Le Civil
War
mutant va déboucher sur la création de deux nouveaux titres X
suivant chacun une équipe différente de X-Men.
Celle de Wolverine
d'un côté, et celle de Cyclope
de l'autre. Plus fort encore, les conséquences de la saga devraient
se faire ressentir à travers l'univers Marvel entier. Au point que
les mutants se retrouveront au cœur de l’événement de l'été
2012 ! Mais pour l'heure, les mutants sont plus unifiés que
jamais. Ils vivent ensemble sur l'île d'Utopia
sous l'égide de leur leader Scott Summers. Pas facile de les
imaginer en guerre les uns contre les autres. Afin d'essayer de
comprendre la mécanique qui va mener à cette scission entre Logan
et Scott, un retour sur le quatrième épisode de X-Men
Prelude to Schism
s'avère enrichissant avant d'entamer la review de Schism #1 mardi prochain.
L'heure
la plus sombre arrive pour les X-Men. Difficile à concevoir en
considérant ce qu'ils ont déjà traversé ces dernières années.
On l'a compris depuis le premier numéro alors critiqué par Jeff, le
but de ce prélude n'est en aucun cas de nous éclairer sur la
situation à venir. Il sert uniquement à dresser le bilan du
leadership de Scott juste avant la rupture.
A
la seule lecture des trois premiers épisodes, il n'est pas simple de
comprendre où Paul
Jenkins
veut en venir. Chaque épisode dépeint la même scène d'un point de
vue différent. Dans un premier temps celui des deux hommes qui ont
les premiers essayé de mener le peuple mutant à leur destin en
empruntant deux chemins diamétralement opposés. Puis celui du
leader actuel de ce que la Terre compte encore de mutants. En soi, on
n'apprend pas grand chose. Chaque numéro a son lot de retours en
arrière sur la vie du personnage sur lequel s'arrête le numéro.
Dans le cas de Charles
Xavier
et de Magnéto,
ils servent à mettre en lumière leur respect vis à vis de Scott.
Nous expliquer pourquoi ils le suivront là où il ira. Dans le
numéro consacré à Summers, ils ont pour but de mettre Cyclope face
à lui-même au moment où il doit prendre une décision cruciale
pour l'ensemble des habitants d'Utopia.
Tout
ça n'est pas sans intérêt bien évidemment. Seulement, quel
rapport avec Schism ?
Mise à part le péril imminent qui plane sur nos chers mutants je
veux dire. Parce qu'au-delà du risque d'annihilation qui les menace,
une fois la lecture du troisième numéro achevé, on n'a toujours
aucune idée de ce qui va pouvoir pousser Wolverine et Cyclope à
emprunter à leur tour des chemins opposés. C'est là que le dernier
numéro de ce prélude tranche radicalement avec ses prédécesseurs
et qu'on se rend compte que le choix de conclure sur le point de vue
Logan n'a rien d'anodin.
La
première différence manifeste avec les autres épisodes de la saga
est à mon sens l'apparente inutilité des retours en arrière dans
cet épisode. Jenkins est celui qui a écrit les origines du petit
James Howlett. Il y consacre 4 pages sur 11 de flashbacks. On a
ensuite droit à de nombreuses pages sur le
projet Arme X,
le tout baigné par de belles paroles sur la pensée positive.
Malheureusement l'ensemble n'apporte rien à la construction deSchism
et semble s'apparenter à du remplissage plus qu'à autre chose. En
effet, le propos et tout l'intérêt de ce numéro tient en 6 pages.
Mais quelles pages !
Tout
commence quand Cyclope s'approche des X-Men et leur annonce qu'il a
pris sa décision. Ils vont se battre. A ce moment, l'échange entre Ororo et Logan est des plus intéressants. Quand cette dernière lui
dit penser qu'il allait leur dire quoi faire, sa réponse est
éloquente. « Pas encore. » L'homme envisage déjà le
moment où il estimera devoir prendre les rennes. S'il ne les jamais
convoité, c'est pour deux raisons. La première, la plus simple :
il est bien trop occupé. La seconde, la plus importante : il
n'aurait pas fait mieux que Scott. Surtout, il n'aurait pas fait
différemment.
Dans
sa façon de mener les X-Men et plus largement le peuple mutant,
Cyclope ressemble à Wolverine. Ca n'a pas toujours été le cas. Le
changement a commencé il y a longtemps. Quand Scott est revenu après
une longue absence. Après avoir fusionné avec Apocalypse
pour former une entité surpuissante, capable de tordre la réalité,
dans un scénario des plus improbables, le leader des X-Men est
revenu changé. Déjà à l'époque Logan le sentait et ne cachait
pas préférer cette version du beau gosse à la visière. Avec les
responsabilités qui lui sont tombé dessus, il s'est endurci. Le
meurtre et la manipulation font maintenant parti intégrante de son
vocabulaire. Il a transformé les X-Men en armée. Il a crée X-Force.
Le
respect mutuel qu'ils nourrissent chacun envers l'autre n'est pas à
remettre en question. Dans un sens, je pense que ce respect sortira
indemne de la scission. Wolverine le dit dans ces pages. Il respecte
ce que Scott a fait et ne s'amusera jamais à la remettre en
question. Le problème est de savoir ce qui va suivre. Face à leur
heure la plus sombre, comment va réagir le leader ? Il aura
fallu la menace de l'extinction de la race mutante (quelle qu'en soit
la raison) pour que Logan en arrive là. Prendre le temps de se
demander si Scott va agir comme il le faut. Wolverine va le
surveiller, et tant que les choix de Cyclope correspondront à ses
attentes, il le suivra. C'est ce qu'il exprime avec le « bonne
réponse » qu'il lance à Scott quand ce dernier lui dit avoir
mis du temps pour se décider parce qu'il avait le sort d'une nation
à peser. Il lâche ces mots limite à la façon d'un Parrain. C'est
aussi ce qu'il exprime dans les premières pages de X-Men
Schism #1
avant que Cyclope ne s'adresse aux leader du monde, mais nous y
reviendront quand l'heure sera venue de parler de la
saga principale.
Il
m'apparaît donc clair que cette saga sera l'histoire du jour où LA
différence fondamentale entre Wolverine et Cyclope aura été mise à
nue et de ce qu'il aura fallu pour que cela se produise. Quelle est
cette différence fondamentale, cette ligne que l'un d'entre eux sera
prêt à franchir sans l'approbation de l'autre ? Rien ne nous
permet encore de le voir venir, et c'est bien ce qui fait tout
l'intérêt de Schism.
Sans ce numéro, les enjeux de l'événement mutant de l'année
seraient toujours flous et les lecteurs avanceraient à l'aveugle.
Grâce à la conclusion de ce prélude, nous en savons juste assez
pour saliver d'impatience dans notre attente du numéro 5 de X-Men
Schism.
Un
petit mot sur le dessin tout de même. Le tout nous est servi par Clay
Mann (Marvel
Knights : 4,Dark
Reign : Elektra).
Son trait rappelle sans réserve celui d'un certain Olivier
Coipel
et ce n'est pas pour déplaire. Son style s'affine et se précise
avec le temps. Il faudra à coup sûr compter avec ce bonhomme par
l'avenir !
Ce numéro permet donc de poser des bases solides pour la suite des événements. Il dessine l'enjeu de la future nouvelle rivalité entre Scott et Logan. Seul numéro qui se tourne vers le futur des titres X donc, s'il n'y a qu'un seul numéro du prélude à lire, c'est celui-ci. Les retours en arrière très peu pertinents alourdissent le récit, mais qu'y peut-on ? Remplir 24 pages n'est pas toujours simple... En retour, Jenkins nous livre tout de même un portrait du X-Man Wolverine et de son importance au sein du groupe notamment via une scène de tension entre Logan et Namor, non sans intérêt. L'histoire est arrosée par des dessins irréprochables, ce qu'on ne peut dire de tous les numéros précédents, et ça fait plaisir !
Les
plus : le trait net de Mann
le portrait juste
de la relation qu'entretiennent Scott et Logan
Les
moins : les flashbacks inutiles dans le cadre de Schism
Notes :
Scénario : 3/5
Dessin : 4/5
Globale : 3,5/5