Les X-Men ont pour habitude de se tenir à l'écart des événements majeurs qui bousculent l'univers Marvel. Au point que même pendant Civil War, ils sont parvenus à ne pas prendre part au conflit. C'est peut-être à ce prix qu'ils ont pu bâtir Utopia et s'y établir en tant que peuple unit. Les choses sont sur le point de changer, et ce, à tous les niveaux. En octobre, les mutants seront divisés en deux factions opposées. En été 2012, ils ne pourront manifestement pas éviter l'événement majeur annuel. Ils seront au cœur de celui-ci. Le point de départ de ces changements : Schism. Après un prélude écrit par Paul Jenkins pas super éclairant sur les évènements à venir mais pas sans intérêt non plus, l'histoire commence enfin à prendre forme sous la plume de Jason Aaron.
L'erreur
qu'aurait pu faire Aaron avec ce premier numéro aurait été d'en
faire un feu d'artifices. Cinq épisodes c'est peu pour conter une
histoire de l'ampleur de ce que Schism annonce pour l'avenir des mutants. Il peut être tentant d'expédier
au plus vite l'introduction et d'entrer dans le feu de l'action après
seulement quelques pages. L'auteur prend ici son temps pour installer
les différentes trames à partir desquelles la tension va monter. On
a ici droit à un vrai premier numéro qui rend la tension palpable
et permet au lecteur d'appréhender les différents enjeux des
changements à venir.
Le personnage de Wolverine est au centre de l'histoire. C'était à prévoir. Le prélude nous a été livré par l'homme a qui l'on doit les origines de Logan et la saga principale est orchestrée par l'auteur de la série régulière Wolverine. L'écriture de Aaron est ici fidèle à ce qu'elle est sur son Wolverine. L'auteur a à cœur de réaffirmer la place de Logan au sein des X-Men. Quelle que soit l'intrigue, il semble toujours s'efforcer à montrer l'influence qu'a le mutant griffu sur les membres féminins du groupe. D'abord, les principales X-Women sauvent la mise de Wolverine dans son propre titre alors que Cyclope est prêt à l'abattre après qu'il ait perdu pour la énième fois le contrôle de ses actes. Ici, nous est esquissé le portrait de Logan le mentor. Ce qu'il a pu être pour Jubilé ou Kitty Pride, il l'est et le sera pour d'autres. En prenant le temps de nous montrer cet aspect du personnage, Aaron nous permet d'ores et déjà de comprendre les raisons pour lesquelles une partie de la communauté mutante suivra Logan après la rupture.
Inévitable,
la relation entre Wolverine et Cyclope est bien entendu elle aussi un
axe majeur de l'histoire. Logan est l'homme sur lequel Scott peut
compter dans les moments les plus intenses. C'est à lui qu'il fait
appel pour l'accompagner lorsqu'il s'adresse aux leaders de la
planète. Leur relation n'a pas toujours été au beau fixe, il en
est conscient, et il sait remercier Logan pour sa présence
inconditionnelle à ses côtés. Inconditionnelle ? Peut-être
pas. Une phrase lancée par Wolverine fait écho au dernier numéro
du prélude et annonce la suite des événements. «Tant qu'il y a
quelqu'un qui vaut la peine d'être suivi, j'en suis.». Ce
compliment n'est pas sans implications pour la suite. Mais pour le moment Cyclope est bel et
bien celui aux commandes et Wolverine ne manifeste aucune envie de
prendre les rennes. Le portrait dressé ici du leader et de son bras
droit est juste et souligne la portée que peut avoir une rupture
entre ces deux personnages éminents.
Manifestement,
la rupture aura autant lieu entre les deux héros qu'entre le peuple
mutant et les humains normaux. L'histoire s'ouvre sur Cyclope qui
tente de convaincre le monde de se débarrasser des sentinelles.
Très vite, les événements échappent à son contrôle et les
mutants, du stade de peuple doucement accepté parqués sur leur île,
reviennent au statut de menace aux yeux du reste du monde. Cet aspect
de l'histoire peut être considéré comme redondant au vu du passé
des mutants, mais mettre en branle un événement de cette ampleur se
doit quelque part de passer par là. Même si le motif du retour de
la haine anti-mutants à l'échelle mondiale peut paraître léger,
voir les sentinelles du monde entier reprendre du service a quelque
chose d'épique.
Ce
retour en disgrâce des porteurs du gène X découle des actions
d'anciennes menaces. Parmi elles, Kid
Omega.
Autant le retour du personne de Grant
Morrison
aurait pu s'avérer être jouissif, il n'en est rien. Pour le moment, le
retour de l'adolescent sur le devant de la scène fait plus office
d'instrument que de véritable élément clé du scénario.
Heureusement, le nouveau personnage, qui tire les ficelles en
coulisse, donne une bouffée de fraîcheur au tout et annonce une
dimension inattendue pour la suite de l'histoire.
En somme la narration de ce premier épisode est juste. Elle pose les bases et donne toute son importance au conflit à venir. Assister à ce qui sera certainement les derniers instants de complicité entre Scott et Logan avant longtemps a quelque chose d'émouvant quand on sait ce sur quoi l'événement va déboucher. Malheureusement, les dessins empêchent le tout de toucher à la perfection et donne une bonne raison d'apprécier le changement d'artiste à chaque numéro. Les 5$ affichés en couverture pour « seulement » 33 pages peuvent dissuader mais valent tout de même le coup d'être dépensés.
Les plus : la mise en place progressive de l'intrigue
l'écriture précise des relations entre les différents personnages
Les moins : le trait de Pacheco pas eu meilleur de son art
le prix pas forcément justifié
le personnage de Kid Omega sous-exploité
Notes
Scénario : 4/5
Dessin : 2/5
Globale : 3/5